Plus de 20 ans après le départ d'Opémiska Copper Mines, le parc à résidus de l'ancienne mine de cuivre reprend peu à peu vie. L'usine de cogénération Chapais Énergie est ainsi parvenue à restaurer les deux tiers d'environ 70 hectares du parc, situé tout près de la municipalité de Chapais.

Entamée il y a une dizaine d'années, la revalorisation du parc a été rendue possible notamment grâce aux cendres de la combustion de la biomasse de l'usine de cogénération, utilisées pour stabiliser et fertiliser les surfaces. Des matières organiques ont été ensuite enfouies pour reconstituer le sol. Résultat: la faune et la flore reviennent tranquillement.

«D'ici quelques années, il pourrait y avoir une forêt», estime le consultant en agroenvironnement Lucien Bordeleau, qui a mis au point ce système de valorisation des cendres, autrefois déversées sur les sites d'enfouissement et les terres agricoles du Lac-Saint-Jean, à 250 kilomètres de l'usine.

Le succès est tel que Chapais Énergie a proposé à Québec de restaurer le parc à résidus de l'île Merrill, près de Chibougamau, laissé vacant après la fermeture de la société minière Campbell. Le site, qui couvre une superficie de 245 hectares, constituerait une commande de taille. «On attend la décision du gouvernement, mais le potentiel est là», souligne M. Bordeleau.

Au centre de l'économie de Chapais

Avec ses quelque 50 employés, Chapais Énergie est au centre de l'activité économique de l'ancienne ville minière devenue forestière. Mise en service en 1995 après le moratoire sur les polluants brûleurs coniques, l'usine de cogénération produit près de 30 mégawatts d'électricité à partir des résidus des scieries environnantes - Barette-Chapais et Chantiers Chibougamau - et la revend à Hydro-Québec.

«Les brûleurs d'écorce amenaient un paquet de problèmes environnementaux, car la cendre n'était pas récupérée et s'envolait», explique Pascal Tremblay, directeur de la première usine de cogénération au Québec. Afin d'éviter l'empilement des écorces, «le gouvernement provincial a demandé à Hydro-Québec d'acheter de l'électricité aux producteurs privés utilisant de la biomasse forestière. C'est le début du projet», enchaîne-t-il.

Un réseau de serres

Si Chapais Énergie tire la totalité de ses revenus de la vente d'électricité, Pascal Tremblay mise aujourd'hui sur le potentiel thermique de l'usine. Un projet «rentable à moyen terme», selon le directeur d'usine, et porteur d'emplois pour la région qui en a grandement besoin. La fermeture de la mine en 1991 a provoqué la chute des prix des propriétés et l'exil massif de la population de la municipalité d'à peine 1650 âmes, qui en comptait jadis plus de 5000.

La valorisation thermique fait également partie des priorités de la municipalité. Pour le maire Steve Gamache, la diversification de l'économie de Chapais passe par Chapais Énergie - «notre bouée de sauvetage» - et la mise sur pied d'un réseau de serres basé sur la captation de rejets thermiques. «Avec la chaleur résiduelle de la cheminée et des tours de refroidissement de l'usine, on pourrait alimenter l'équivalent de dix hectares de serre», affirme-t-il.

Mais «le hic, c'est le renouvellement du contrat avec Hydro Québec» qui expire en 2015 (avec une possibilité d'extension de cinq ans), estime Steve Gamache. La survie de l'usine - et celle de la ville, à en croire le maire - en dépendra.

Pour l'instant, rien n'indique qu'Hydro-Québec, aux prises avec de coûteux surplus d'électricité et qui vend à perte, accepte de renouveler l'entente. Le maire de Chapais tentera coûte que coûte de convaincre l'actionnaire d'Hydro-Québec de signer un nouveau contrat jusqu'en 2035.