Depuis l'annonce d'un moratoire officiel sur l'exploitation du gaz de schiste au Québec, et depuis le transfert de l'étude environnementale stratégique vers le Bureau d'audiences publiques en environnement (BAPE), l'Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ) a assisté au départ de son président, Lucien Bouchard, et de son directeur général, Stéphane Gosselin. Le nouveau président par intérim de l'association, Michael Binnion, également président de la firme Questerre, fait part des frustrations des industriels du secteur.

Q Quelles seront les conséquences du moratoire annoncé par le gouvernement?

R Le récent moratoire est une chose, mais nous étions déjà au point mort de toute façon, à cause du premier moratoire. C'est là que toutes les entreprises ont connu les difficultés financières.

Q Que reprochez-vous au gouvernement du Québec?

R L'objectif du gouvernement, qui est l'acceptabilité sociale, est aussi notre objectif. Mais je doute que le gouvernement ait fait ce qu'il avait à faire depuis le début du débat national sur l'exploitation du gaz de schiste au Québec, c'est-à-dire informer la population.

Q Êtes-vous découragé?

R Nos membres sont frustrés parce qu'il s'agit du troisième processus environnemental depuis deux ans. Nous aimerions connaître les règles du jeu. Et nous voulons que ces règles soient raisonnables et claires.

Q Voyez-vous encore un avenir pour les gaz de schiste au Québec?

R Ce troisième processus environnemental rend la situation de notre industrie plus difficile au Québec. Et nous croyons que cette étape sera longue. Talisman croit qu'il y a de meilleurs endroits dans le monde pour faire des affaires, et je crois que les autres membres ne peuvent qu'approuver. (NDLR - À l'automne 2012, la firme Talisman Energy a radié la totalité de ses investissements de 109 millions qu'elle avait réalisés dans le secteur des gaz de schiste au Québec.)

Q Que deviendra l'APGQ?

R Nous allons nous concentrer sur un mandat plus simple, avec une organisation plus petite, composée uniquement de bénévoles. C'est une conséquence directe du départ de Talisman, qui était la plus grande firme membre de l'association.

Q Sur votre blogue personnel, il vous est arrivé de regretter la façon de communiquer de l'APGQ. Qu'allez-vous changer?

R Personne n'est parfait, on peut toujours faire mieux. Il est certain que nous aurions pu davantage expliquer il y a quelques années. Depuis, un débat national a lieu au Québec. Nous devions participer à ce débat, ce que nous avons fait depuis deux ans avec M. Bouchard. Nous avons fait un gros effort pour diffuser de l'information. Mais ce n'est pas parce que l'information est disponible que les gens la lisent. Maintenant, nous aimerions entendre des voix indépendantes participer au débat, comme le gouvernement, les études universitaires, ou l'étude environnementale stratégique.

Q À présent, les exploitants de gaz de schiste doivent-ils envisager de nouvelles techniques d'extraction au Québec?

R Le problème n'est pas de changer de technique, parce que la fracturation hydraulique est sécuritaire à partir du moment où elle est réalisée à la bonne profondeur. L'expérience accumulée sur un million de puits en Amérique du Nord le prouve.