Le 11 février dernier, le conseil municipal de la Ville de Montréal a approuvé la construction de quatre centres et usines destinés à transformer les matières organiques résiduelles en biogaz. On traitera d'abord ces résidus organiques dans deux centres de compostage, puis on expédiera le compost vers deux usines, qui le transformeront en biogaz - aussi appelé méthane.

Les quatre centres et usines seront en exploitation en 2016. À terme, les travaux auront coûté plus de 200 millions de dollars. On pourra traiter environ 200 000 tonnes de matières organiques par année dans ces centres et ces usines.

Selon Éric Camirand, président du comité biogaz de l'Association québécoise de la production d'énergie renouvelable (AQPER), l'impact sur l'environnement sera énorme. «On calcule, estime-t-il, qu'avec 50 000 tonnes de matières organiques résiduelles, on produit 5 millions de mètres cubes de biogaz ou de biométhane, des synonymes.» Un simple calcul montre que les 200 000 tonnes de résidus organiques annuels traités par les nouvelles unités de transformation montréalaises produiraient 20 millions de mètres cubes de biogaz.

Plusieurs utilisations

En réutilisant ce biogaz au lieu de l'envoyer tel quel dans l'air, on fait énormément de bien à notre atmosphère. «C'est comme si on évitait le rejet dans l'air de 10 à 15 millions de litres de carburant diesel chaque année, calcule M. Camirand. Une fois le biogaz produit, il peut servir à faire de l'électricité, il peut être vendu tel quel comme gaz naturel de haute qualité, il peut servir à chauffer des bâtiments, ou encore comme carburant pour véhicules écologiques.»

Si des organismes comme l'AQPER ou Équiterre appuient la décision de l'administration montréalaise, certains résidants du quartier Saint-Michel sont loin d'être enthousiastes. C'est ce quartier qui doit accueillir un des deux centres de compostage prévus par le projet. Marjorie Villefranche, de la table de concertation «Vivre Saint-Michel en santé», explique la réticence de beaucoup de citoyens.

«Nous avons déjà chez nous l'usine de biogaz Gazmont et ses camions qui circulent constamment. Nous avons l'ancienne carrière Francon, où des centaines de camions viennent déverser la neige enlevée dans les rues de la ville. Et nous avons la fourrière municipale, avec toutes les dépanneuses qui passent à toute heure du jour. On a fait notre part. On ne dit pas «pas dans ma cour», on dit «ma cour est pleine»».