L'industrie québécoise de l'électricité doit actuellement composer avec deux enjeux importants. D'une part, elle fait face à une rareté, voire une pénurie de main-d'oeuvre. D'autre part, son expertise est tellement grande que les Américains débarqueront ici dans quelques semaines pour voir si la Belle Province ne pourrait pas les aider à augmenter leur autonomie énergétique.

Le 20 mars, Montréal sera l'hôte du deuxième «Colloque de l'industrie électrique et ses marchés». Après le Canada en 2012, le thème de cette année est les États-Unis. Ce qui arrive à point nommé puisque nos voisins du Sud veulent, pour des raisons stratégiques, produire encore plus d'énergie sur leur vaste territoire.

«Le Québec est une sommité dans la production d'hydroélectricité, mais aussi dans le transport de l'énergie. Nous attendons de 500 à 600 personnes. Même la première ministre du Québec devrait venir faire son tour», explique Daniel Laplante, président-directeur général de l'Association de l'industrie électrique du Québec (AIEQ), à la barre de l'événement.

Une quinzaine de grandes entreprises américaines, dont certains représentants ont occupé des postes-clés à la Maison-Blanche, viendront ainsi établir des contacts avec des PME du Québec, que ce soit des équipementiers, des bureaux de génie-conseil ou des manufacturiers.

Au menu: des conférences, des groupes de discussion (portant sur la production électrique, les transports, les réseaux de «smart grid» et les nouvelles technologies), des ateliers de formation et, bien sûr, des activités de réseautage.

La production d'énergie est à ce point importante chez l'Oncle Sam que des stratèges de l'armée américaine, qui cherchent à rendre autonomes en énergie les nombreuses bases de la plus grande puissance militaire du monde, seront de passage à Montréal.

Pénurie

L'avenir s'annonce donc radieux en fait de contrats et autres mandats pour l'industrie québécoise. Toutefois, cette dernière doit actuellement composer avec un problème de taille: sa main-d'oeuvre est insuffisante.

«Dans certains secteurs, principalement le génie et le manufacturier, on parle de rareté et parfois carrément de pénurie. La concurrence pour recruter les rares candidats est tellement forte que l'industrie en est presque rendue à se cannibaliser», déplore Daniel Laplante, de l'AIEQ.

À la lumière d'un sondage effectué auprès de ses membres, l'AIEQ a appris que la principale préoccupation de l'industrie (dans une proportion de 96%) en terme de compétitivité était liée au manque de main-d'oeuvre.

Industrie méconnue

«Le principal problème, soutient Daniel Laplante, c'est la méconnaissance du secteur. À part Hydro-Québec, la plupart des jeunes ne connaissent pas beaucoup l'industrie électrique. Nous avons donc entrepris une campagne d'affichage de quatre semaines dans les cégeps. Et nous avons créé un site web (emploiselectrisants.ca) où nous faisons la promotion de l'industrie, des emplois disponibles, des formations requises, etc.»

Et d'ajouter: «Nous avons même acheté des mots-clés sur Google. Notre campagne web et sur les médias sociaux va durer trois ans. En réglant notre problème de visibilité et de notoriété, je crois que nous allons régler notre problème de main-d'oeuvre.»