De plus en plus de régions du Québec s'intéressent à l'exploitation de la biomasse forestière, considérée comme une solution de rechange aux combustibles fossiles, plus vulnérables aux fluctuations du marché.

«C'est un produit très compétitif. L'investissement de départ est important, mais le coût du combustible est très faible», estime Eugène Gagné, directeur adjoint et du développement de la Fédération québécoise des coopératives forestières.

Autrefois considérée comme des déchets, la biomasse forestière, constituée notamment de résidus de coupe, est aujourd'hui transformée en énergie dans des usines de cogénération. Ces dernières produisent également de la chaleur, qui peut être utilisée pour chauffer des serres ou des bâtiments institutionnels ou commerciaux.

Plusieurs municipalités au Québec misent ainsi sur la valorisation de la biomasse forestière, abondante et renouvelable, pour créer des emplois et réduire leur dépendance aux énergies fossiles ainsi que leurs émissions de CO2.

Une dette carbone

Cette croyance est toutefois réfutée par le groupe Greenpeace qui, dans un rapport de 2011, met en garde contre l'utilisation à grande échelle de la biomasse forestière, dont les émissions seraient considérées à tort comme carboneutres.

«Dans les premières années, l'empreinte carbone de la biomasse est plus importante que celle du pétrole, mais cette dette carbone accumulée peut être liquidée en quelques années quand la forêt repousse et absorbe le CO2», précise Luc Bouthillier, professeur de politique forestière à l'Université Laval.

Le véritable défi pour le secteur de la biomasse, selon le professeur Bouthillier, vient d'Hydro-Québec, qui achète, à la demande du gouvernement, de l'électricité produite avec de la biomasse aux producteurs privés. Or, la société d'État est aux prises avec d'importants surplus d'électricité au moins jusqu'en 2027. Elle devra maintenant justifier le renouvellement de certains contrats, comme celui avec l'usine de cogénération de Chapais Énergie, qui expirent dans les prochaines années.