Grâce aux biogaz qu'elle va capter à son lieu d'enfouissement de Drummondville, Waste Management s'engage non seulement à produire 7,6 mégawatts d'électricité, mais elle compte également produire suffisamment de chaleur pour alimenter un complexe serricole de huit acres.

Ce projet de 32 millions de dollars est déjà en branle et devrait être complètement opérationnel en juin 2012.

«La beauté de la chose, c'est qu'on utilise l'énergie deux fois plutôt qu'une. C'est un projet qui soulève beaucoup d'enthousiasme», explique Martin Dussault, directeur des affaires publiques chez Waste Management Canada.

Il s'agit d'un projet commun dans lequel Waste Management produira l'énergie, tandis que les Serres Demers, une PME de Saint-Nicolas, près de Québec, verra à la construction et l'exploitation des serres, lesquelles produiront des tomates.

Waste Management dit s'inspirer d'un projet semblable mis de l'avant à un de ses lieux d'enfouissement au Minnesota.

À Drummondville, le biogaz, qui est le fruit de la décomposition des matières non recyclables, sera capté sur des cellules (portions scellées) du lieu d'enfouissement de 70 acres qui est en activité depuis 1984 dans le secteur de Saint-Nicéphore

Cogénération

Le biogaz sera ensuite transformé en électricité à partir d'une salle de cogénération que la multinationale fera construire au coût de 20 millions. Waste Management s'est d'ailleurs engagé à produire et à vendre à Hydro-Québec, sur une période de 20 ans, environ 7,6 mégawatts d'électricité, soit l'équivalent de consommation de 6500 maisons. La production d'électricité doit commencer en 2012.

Or, cette même salle de cogénération produira suffisamment de chaleur pour alimenter les serres Demers. D'où la double utilisation de l'énergie créée par le biogaz.

Il y aurait d'ailleurs assez de chaleur pour alimenter d'autres locaux, notamment un motel industriel. Les serres seront alimentées par l'équivalent de 1600 BBQ de 50 000 BTU, illustre Martin Dussault.

«D'autres projets pourront profiter de cette énergie. Il est clair que nous voulons devenir un moteur du développement économique dans cette partie de la ville», M. Dussault. Il n'est d'ailleurs pas exclu qu'une zone industrielle alimentée par les biogaz soit éventuellement créée. Jusqu'à tout récemment, le biogaz émanant du site de Saint-Nicéphore était incinéré à très haute température.

Des précédents imparfaits

Ailleurs au Québec, le producteur de tomates, les Serres du Saint-Laurent (SSL), mieux connu sous le nom de Savoura a érigé un complexe serricole alimenté par des biogaz dans la région de Saint-Étienne-des-Grès, en Mauricie.

Bien qu'opérationnelles, les serres ont connu quelques problèmes en alimentation d'énergie. Ce qui a donné lieu à un bras de fer en justice entre SSL et la Régie de gestion des matières résiduelles de la Mauricie.

On ne vivra pas ce type de problème à Drummondville, assure Martin Dussault.

Selon lui, Waste Management s'y connaît en biogaz. Le géant de la gestion des déchets compte plus de 279 lieux d'enfouissement en Amérique du Nord. De ce nombre, près de 100 sites sont consacrés à la valorisation des biogaz en énergie. Ambitieuse, Waste Management vise à alimenter l'équivalent de deux millions de foyers en Amérique du Nord.

Entre autres exemples, le centre d'enfouissement de Sainte-Sophie, dans les Laurentides, alimente, 13 km plus loin, une usine de Cascades à Saint-Jérôme grâce au biogaz. Cette initiative a permis de consolider 300 emplois, car à défaut de pouvoir réduire sa facture d'électricité, le géant du papier menaçait de fermer ses installations, explique M. Dussault.

Deux millions de kilos de tomates

Grâce aux biogaz qui y seront transformés en énergie, il se produira près de 2000 tonnes de tomates par année au lieu d'enfouissement de Waste Management dans le quartier Saint-Nicéphore de Drummondville. Jacques Demers, président de Productions horticoles Demers, une PME de Saint-Nicolas investira 12 millions dans la construction d'un complexe de serres en verre qui comptera près de 320 000 pieds carrés de surface de production. De 30 à 35 nouveaux emplois seront créés, dit-il. Il s'agit, selon lui, d'un projet «gagnant-gagnant» en matière de développement durable. «Prendre des biogaz produits par des déchets, les transformer en électricité et prendre la chaleur qui en découle pour chauffer des serres où l'on va produire des tomates, je trouve ça fantastique», dit M. Demers, copropriétaire de l'entreprise avec son frère Réjean. Productions horticoles Demers se spécialise dans la tomate classique (aussi appelée Beef), mais aussi dans la production de tomates en grappe, cerises et cocktail. La PME emploie 175 personnes en période de pointe et vend 95% de sa production au Québec. Les 5% résiduels prennent la route des États de la côte est américaine. La PME a été fondée il y a 50 ans par la famille Demers. Jacques et Réjean Demers ont racheté les actifs de leurs parents et ont fait prospérer l'entreprise qui, aujourd'hui, exploite deux lieux de production à Saint-Nicolas, en banlieue de Québec, de même qu'un autre site à L'Assomption, près de Montréal.