Ils sont jeunes, curieux et ils ont réussi à faire leur place en droit des affaires. Quatre avocats de la relève parlent de leur profession, de leur parcours et de leur quotidien.

Rebecca St-Pierre

Baccalauréat en droit de McGill, Barreau 2006

Ce sont la complexité des questions, la plaidoirie et le désir de se spécialiser qui ont conduit Rebecca St-Pierre en litige. Aujourd'hui, l'avocate travaille pour Telus. «Après huit ans à Langlois Kronström Desjardins, j'avais envie de connaître tous les aspects d'une entreprise. Ici, mon rôle est plus grand. On me consulte pour des décisions stratégiques», dit-elle.

La connaissance approfondie du client est d'ailleurs son plus grand défi. «Telus est une grande entreprise, il y a plein de créneaux différents. Par contre, les leaders sont près de nous», assure Rebecca St-Pierre.

Certaines de ses journées sont consacrées à la rédaction de procédures, d'autres sont passées en discussions avec les autres avocats et les collègues. Et certains jours, le téléphone sonne sans arrêt, que ce soit pour une ordonnance ou une injonction.

L'avocate croit qu'on oublie souvent le travail de recherche et d'analyse que son métier requiert. «Les questions sont complexes et demandent beaucoup de temps, d'énergie et d'effort.»

Elle conseille aux jeunes attirés par sa profession d'avoir confiance en eux et de saisir les occasions. «Si on reste authentique, qu'on verbalise ses objectifs et qu'on travaille fort, l'occasion se présentera.»

Louis-Nicolas Boulanger

Baccalauréat en droit de l'Université Laval, Barreau 2006

Louis-Nicolas Boulanger est fidèle au cabinet McCarthy Tétrault depuis son stage. Il est spécialisé en fusions et acquisitions dans les domaines de l'énergie, des infrastructures et des mines. «Même si je n'ai pas fait d'études en génie, ça fait 10 ans que je me concentre sur ce genre de projets. De l'éolien au solaire en passant par le biogaz, j'ai tout fait.»

Au quotidien, son travail se base sur le droit et la gestion de l'équipe. «Selon l'ampleur de la transaction, on peut travailler avec deux ou trois personnes ou avec une équipe d'experts qui peut aller jusqu'à 50 personnes», dit-il.

Son plus grand défi? La conciliation travail-famille. «Le droit des affaires est exigeant, et il y a beaucoup de compétition. Plusieurs appels se font le soir et la fin de semaine. Si on doit acquérir une entreprise dans un délai d'une semaine, je dois faire en sorte que ça fonctionne. Avec deux enfants de moins de 2 ans, ce n'est pas toujours facile», admet-il.

Il apprécie toutefois l'aspect collaboratif de sa profession. «Même si on n'est pas toujours du même côté, tout le monde est là pour le même objectif. On travaille en mode solution. Le côté humain est très important.»

Photo Édouard Plante-Fréchette, La Presse

Louis-Nicolas Boulanger

Laurence L'Abbé

Baccalauréat en droit de McGill, Barreau 2010

Laurence L'Abbé bâtit des solutions. L'avocate, recrutée dès la deuxième année de son baccalauréat par Stikeman Elliott, se spécialise dans les fusions et acquisitions, ainsi que dans les valeurs mobilières. «Je travaille sur des dossiers complexes. Je peux, par exemple, aider un client à entrer en Bourse ou expliquer l'aspect réglementaire d'une loi pour un contrat. Mes clients vont de la PME à la multinationale.»

Même si elle n'a que quelques années d'expérience, elle constate que la pratique change. «Il faut être à jour pour répondre aux clients, tout en faisant du développement d'affaires. Nous sommes comme des médecins spécialistes qui doivent en plus trouver des clients.»

Comme la charge de travail est intense, elle estime qu'on doit être motivé pour faire sa place. «En plus des compétences, le vécu et l'expérience sont les forces d'un avocat.»

Laurence L'Abbé souligne que les avocats des téléséries ne reflètent pas la réalité. «Harvey Specter Suits peut gérer une grande transaction et plaider le lendemain pour un dossier criminel. Dans la vie, on a chacun nos spécialités.»

Celle qui carbure à l'adrénaline souligne par ailleurs que les avocats sont moins détachés qu'on le pense. «Je partage les émotions de mes clients. Je suis heureuse ou déçue avec eux», avoue-t-elle.

Photo André Pichette, La Presse

Laurence L'Abbé

Charles Soucy-Fradette

Baccalauréat en droit de l'Université de Sherbrooke, Barreau 2012

Charles Soucy-Fradette a choisi cette spécialité parce que c'était le mélange parfait de ses intérêts: le milieu des affaires et le droit. Après son baccalauréat, il a obtenu une maîtrise en droit américain à l'Université de Californie. Il est maintenant de retour chez BCF, où il avait réalisé son premier stage.

«Mon rôle est de prendre le pouls de nos clients, explique-t-il. Je dois parfois délaisser le droit pour prendre une approche commerciale et comprendre leurs enjeux. Je dois avoir des connaissances d'affaires, en comptabilité par exemple. Mes journées sont souvent remplies d'appels avec les autres avocats et les clients et de rédaction de conventions.»

Il croit que son principal défi est aussi celui de sa génération: ne pas sauter d'étapes. «Je vise le sommet, mais il faut établir des bases solides avant. Je dois apprendre, et j'ai la chance d'être entouré de mentors et d'avocats très expérimentés pour ça. On me donne déjà de grandes responsabilités.»

Le jeune avocat rappelle que le droit mène à tout. «C'est cliché, mais on doit rester soi-même pour se placer dans ce qui nous intéresse. On doit aussi être curieux; le côté pétillant des jeunes est apprécié.»

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Charles Soucy-Fradette