La déprime minière causée par la chute du prix des métaux commence à miner le moral des universitaires qui aspirent à une carrière dans cette industrie, observe Damien Gaboury, professeur en géologie minière à l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).

Pour la première fois en dix ans, la vingtaine de finissants au baccalauréat en géologie et en génie géologique risquent de ne pas être en mesure de travailler dans leur spécialité.

«Le contexte de l'emploi vient de changer radicalement, déplore le professeur. Il y a un an à peine, on s'arrachait nos finissants, d'autant plus que les employeurs reconnaissaient la renommée de notre université pour former des géologues qualifiés. Mais l'activité tourne au ralenti et les offres d'emploi se font rarissimes».

Il constate que les sociétés juniors manquent de financement pour démarrer des projets d'exploration, et il prévoit que les minières actives sur le terrain de l'exploitation seront de plus en plus nombreuses à envisager des arrêts de production.

«Avec la baisse marquée du prix des métaux, particulièrement pour l'or, on peut s'attendre à ce que des minières ralentissent la cadence ou mettent la clé dans la porte, analyse-t-il. C'est inquiétant. Des projets de développement seront remis en question». Dans un tel contexte de ralentissement, les géologues ne seront pas les seuls à écoper; les mineurs risquent eux aussi d'être nombreux à devoir rentrer à la maison, faute de métaux à extraire du sous-sol québécois.

Damien Gaboury ne veut pas dramatiser sur la question touchant l'emploi dans le secteur minier, mais il reconnaît que les minières n'ont pas la réputation d'être patientes quand il s'agit de préserver leur rentabilité. Aussi, pour réduire leurs coûts d'exploitation, elles pourraient être tentées de donner congé à leurs employés, le temps que la tempête se soit calmée.

«Ce ne serait pas souhaitable, estime le professeur de l'UQAC. Il ne faudrait pas que l'industrie fasse des mises à pied massives parce que les prix des métaux sont moins attrayants. Ce serait mauvais pour l'image qu'elle tente de polir depuis des années».

Une situation temporaire?

De son côté, Luc Baillargeon, directeur général du Comité sectoriel de main-d'oeuvre de l'industrie des mines, préfère voir le verre à moitié plein, même s'il admet que l'industrie minière «connaît un certain ralentissement qui sera temporaire».

«Il n'y aura pas de mises à pied massives, avance-t-il. Toutefois, il est normal de voir l'industrie connaître des cycles vers le haut et vers le bas qui vont influencer le niveau d'emploi.» Il maintient que le nombre de sociétés minières en exploitation, qui se situe à 25 actuellement, passera à 46 d'ici à 2021, et que le nombre d'emplois dans les mines doublera à 18 500 au cours de la même période. «Des emplois dans les mines, on va en créer par milliers, prédit-il. La courbe de croissance ira vers le haut».

Le ralentissement observé dans l'industrie risque-t-il de décourager les candidats à un emploi dans les mines? «Pas du tout, répond le directeur général. Nous disons aux jeunes que le secteur minier connaîtra toujours des cycles haussiers et baissiers, mais que sur le long terme, il y aura toujours de l'avenir pour eux».

Prévisions pour 2021

46

Le nombre de sociétés minières en exploitation d'ici 2021

18500

Le nombre d'emplois dans les mines au cours de la même période.

Selon Luc Baillargeon, DG du Comité sectoriel de main-d'oeuvre de l'industrie des mines