Dynamique, diversifiée, résiliente. Voilà comment on qualifie l'économie de la région de Québec qui, malgré son succès, connaît quelques signes d'essoufflement en raison d'un manque de main-d'oeuvre. Les gens d'affaires Carl-Frédéric De Celles et Johanne Devin nous parlent de cette région qui attire de plus en plus les entrepreneurs.
En chiffres :
Capitale-Nationale
Population active : 409 700
Taux de chômage : 5,9 %
Revenu disponible par habitant : 27 954 $
Québec
Population active : 4 379 700
Taux de chômage : 7,6 %
Revenu disponible par habitant : 26 774 $
Source : Institut de la statistique du Québec
Carl-Frédéric De Celles
Dynamisme
Les festivités du 400e anniversaire de la ville de Québec sont du passé, mais leurs effets se font encore sentir. « Nous avons investi beaucoup d'énergie à cette occasion et depuis, nous sommes sur une lancée », observe Carl-Frédéric De Celles. Une nouvelle génération d'entrepreneurs a transformé le paysage de la région, attirée par le dynamisme ambiant, la qualité de vie et la diversification économique. Québec n'est plus la ville de fonctionnaires qu'elle a longtemps été. « Les entreprises en démarrage poussent de partout, et nous cumulons les histoires à succès comme celles des compagnies informatiques Copernic ou Taleo [achetée par Oracle] », s'exclame-t-il. Si les bonnes idées pleuvent, elles ne sont pas toutes financées convenablement, remarque-t-il toutefois. « À Québec, le défi demeure le capital de risque, dit-il. Avant nous, il y a Toronto et Montréal. On est au bout de la chaîne économique. Mais j'ai bon espoir que les choses changent cette année et que le capital privé s'intéresse à nos projets. »
Âge : 43 ans
Profession : président et conseiller stratégique d'IxMédia, entreprise de conception et de développement de sites web et d'applications interactives
Dans la région depuis 37 ans.
Johanne Devin
Entrepreneuriat
La ville de Québec et sa région se démarquent par leur intérêt accru pour le monde entrepreneurial, remarque Johanne Devin. « On s'est donné le droit et le goût de partir en affaires, mais on n'en est qu'au tout début », résume-t-elle. Le virage n'est pas sans défi. Les différentes instances qui soutiennent le développement d'entreprises doivent se concerter davantage.
Les entreprises, de leur côté, doivent apprendre à ne pas compter sur le gouvernement comme seul client. « C'est un moteur économique important dans la région, convient-elle. Or, dès que les budgets gouvernementaux se resserrent, des entreprises en souffrent. Au contraire, il faut s'en servir comme levier pour viser plus loin. » Les entrepreneurs ont ainsi intérêt à agir sur la scène internationale, non seulement pour exporter, mais aussi pour s'inspirer et demeurer à l'avant-garde. « C'est une faiblesse pour la majorité des entreprises d'ici, observe-t-elle. Je sens toutefois que la prochaine génération, plus fonceuse, sait que le monde lui est ouvert. »
Âge : 59 ans
Profession : PDG de NovAxis, boîte spécialisée en développement d'applications web, et première vice-présidente de la chambre de commerce et d'industrie de Québec
Dans la région depuis une quarantaine d'années
Carl Viel
Forces :
Résilience et diversification économique. Voilà les principales qualités de la région, selon Carl Viel, PDG de Québec International. L'essor des secteurs des finances, des assurances, de l'agroalimentaire, de l'optique-photonique, des sciences de la vie et des technologies de l'information « a permis à l'économie de la région de bien passer au travers des dix dernières années », souligne-t-il. Pendant cette période, les entreprises ont investi dans leur équipement et leurs procédés pour se préparer à la reprise économique et faire croître leur performance. « Elles n'ont pas hésité à explorer de nouveaux marchés, comme ceux de l'Europe et de l'Asie », explique-t-il. Stimulées par le dollar canadien toujours sous la parité et le prix du baril de pétrole à la baisse, ces entreprises sont maintenant prêtes à renouer avec le marché américain qui reprend de la vigueur, ajoute-t-il.
Défis :
Pour Carl Viel, le principal talon d'Achille de la région reste le besoin criant de main-d'oeuvre. Dans un récent sondage réalisé par Québec International, 83 % des dirigeants d'entreprise de la grande région de Québec affirment éprouver des difficultés de recrutement. Près de un entrepreneur sur deux estime qu'il s'agit d'un frein à la croissance de ses activités. Le secteur des technologies de l'information et de la communication (TIC) est particulièrement touché, lui qui a beaucoup d'emplois spécialisés à offrir. Près du tiers des dirigeants peinent à embaucher de la main-d'oeuvre non spécialisée, surtout du côté de la fabrication. « Nous sommes près du plein emploi, la croissance économique se poursuit, et les départs à la retraite se multiplient, explique M. Viel. Tout cela influe sur la capacité de nos entreprises à embaucher du personnel. »
Résultat : les compagnies sont plus ouvertes à recruter à l'extérieur du Québec.
En bref :
Grands employeurs
Centre hospitalier universitaire de Québec : 14 419 employés
Université Laval : 9000 employés
Base de soutien de la deuxième division du Canada, Valcartier : 7190 employés (militaires et civils)
Ville de Québec : 5015 employés
Commission scolaire des Premières-Seigneuries : 5000 employés
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Parcs industriels : 31
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Grands secteurs d'activité
Soins de santé et assistance sociale : 62 200 emplois
Commerce : 59 800 emplois
Administration publique : 49 800 emplois
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Sièges sociaux
SSQ Groupe financier, Québec
Mouvement Desjardins, Lévis
Industrielle Alliance, Québec
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Grandes villes
Québec : 516 620 habitants
Saint-Augustin-de-Desmaures : 18 141 habitants
L'Ancienne-Lorette : 16 745 habitants