Montréal est sur le point de lancer sa nouvelle stratégie économique « qui sera davantage tournée vers l'international », confirme Véronique Doucet, directrice du Service de développement économique à la Ville de Montréal.

« Il est clair qu'il faut amener nos entreprises à accélérer leur croissance avec des projets d'exportation et élargir la portée de nos actions à l'international », précise-t-elle.

Le volet « international » est l'un des nombreux éléments de ce plan stratégique, rappelle la directrice, en poste depuis un an. « Ça va se jouer sur plusieurs plans, soulève-t-elle. Nous avons identifié des secteurs prioritaires, nous voulons renforcer notre offre de service aux entreprises, faciliter les choses aux entrepreneurs et aux travailleurs. »

« On arrive à la fin de l'exercice de planification stratégique. Tous les secteurs d'activité économique ont été analysés. L'objectif, c'est d'être plus performant. » 

- Véronique Doucet

Des « étapes administratives » devront toutefois être franchies avant d'aller de l'avant avec cette stratégie comportant « huit plans d'action », note la directrice, sans toutefois les définir.

« Il y a des enjeux, comme le processus de négociation avec le gouvernement, pour ce qui est du statut de la métropole », résume-t-elle. Le plan stratégique sera soumis au cours des prochaines semaines à l'administration Plante pour approbation.

« Ça fait presque un an qu'on négocie avec le gouvernement, relève-t-elle. On arrive à la fin. Tout converge pour être au bon moment vers le démarrage des projets. Vraiment, il y a eu un gros travail politique et administratif pour arriver où on est rendus. »

De son côté, Géraldine Martin, directrice de l'entrepreneuriat à la Ville de Montréal, se dit enthousiaste à l'idée de pouvoir « passer à l'action » avec ce nouveau plan stratégique. « Ça va prendre plusieurs formes, que ce soit la mise en place de programmes financiers et des appels à projets, énumère-t-elle. Il sera question d'aide à la création et de restructuration de territoires géographiques. Ça va aller bien au-delà de l'entrepreneuriat. Mais ce qui importe, c'est d'avoir les talents nécessaires pour permettre aux entreprises de progresser. »

LA SILICON VALLEY DE L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Pour continuer sur sa trajectoire « très positive », Montréal devra par ailleurs relever « le défi des emplois très payants » et miser avec encore plus de vigueur sur le secteur de pointe de l'intelligence artificielle, plaide Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

« Nous sommes sur une lancée et c'est pratiquement le plein emploi, résume-t-il. On n'a jamais connu une telle activité depuis 50 ans. Les entreprises embauchent et les banques financent des projets immobiliers d'envergure. »

Mais il ajoute : « Le salaire per capita demeure encore trop peu élevé à l'heure actuelle, et il faut s'attaquer à cette problématique. C'est en attirant des entreprises technologiques qu'on y arrivera. »

Michel Leblanc croit que Montréal peut faire aussi bien que Toronto, qui a acquis la réputation de capitale financière au Canada.

« Nous pensons que Montréal pourrait devenir un centre technologique en innovation, à l'image de la Silicon Valley [en Californie], fait-il valoir. Nous avons le potentiel pour y parvenir, c'est certain. Nous avons l'expertise, des chercheurs qualifiés, et nous pouvons faire de la recherche appliquée et applicable. »

Tout dernièrement, rappelle-t-il, le gouvernement fédéral a sélectionné Montréal au titre de grappe de développement technologique dans l'intelligence artificielle. Ce faisant, Ottawa s'est engagé à injecter 220 millions de dollars dans des projets porteurs. À cette somme s'ajouteront les 720 millions qui seront injectés dans des projets de recherche et développement par le secteur privé, à partir de Montréal.

VITALITÉ DES ARTÈRES COMMERCIALES

La croissance économique de Montréal devra aussi passer par la revitalisation de ses artères commerciales et par la « redéfinition du centre-ville », relève, de son côté, Martine Hébert, vice-présidente principale, porte-parole nationale et vice-présidente, communications nationales, à la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI).

« Il faut toutefois reconnaître que dans le commerce de détail, plusieurs petits commerçants en arrachent », déplore-t-elle. Elle montre du doigt la « mauvaise planification des travaux » pour la réfection de la rue Saint-Denis et, depuis peu, de la rue Sainte-Catherine.

« On a appris que La Baie a décidé d'annuler ses investissements au centre-ville [rue Sainte-Catherine], ajoute-t-elle. Ce n'est pas une bonne nouvelle. Il ne faudrait pas que les travaux s'éternisent. »

Sur cette question, elle dit « espérer que la mairesse [Valérie Plante] tiendra promesse de verser des compensations » aux commerçants pénalisés par les travaux de revitalisation.

La présidente de la FCEI, qui représente des petites entreprises, constate que Montréal devra trouver des façons de régler « ses pénuries de main-d'oeuvre » si elle souhaite poursuivre sur sa lancée.