Même si l'industrie du café est hyperconcurrentielle, une jeune Maskoutaine de 28 ans a décidé de lancer sa propre marque. En 2016, Lorena Meneses fondait Mareiwa Café Colombien avec la ferme intention de faire les choses autrement. Misant à la fois sur l'équité et la qualité, la Colombienne d'origine est en train de gagner son pari.

Si son intégration est une réussite et que son entreprise connaît autant de succès, c'est avant tout grâce à sa rigueur et à sa détermination. La jeune femme a déployé énormément d'efforts ces dernières années. D'autant que le business du café est majoritairement une affaire d'hommes. « Je dois constamment me justifier, dit-elle. Et bien souvent, quand je suis avec mon père, c'est à lui que les gens s'adressent. »

Pour l'heure, la jeune femme d'affaires vend son café, qu'elle torréfie elle-même, dans les supermarchés Metro de la Montérégie, de même que dans un nombre croissant de boulangeries, de boutiques spécialisées et même de microbrasseries, où ses grains servent à produire des bières artisanales. Elle vend également une partie de son café vert, qu'elle importe à coups de conteneurs de 20 tonnes, à d'autres torréfacteurs québécois.

À l'été 2017, elle a ouvert un café au centre-ville de Saint-Hyacinthe, où elle sert sa boisson stimulante sous toutes les formes imaginables. Elle a même installé un petit torréfacteur derrière une vitrine pour que les clients et les visiteurs apprennent le b.a.-ba de la torréfaction. On peut également acheter sur place du café, moulu ou pas.

Pour la suite des choses, Lorena Meneses souhaite distribuer son café partout au Québec. À très court terme, elle fera l'annonce d'un important projet d'exportation, qu'elle refuse de dévoiler. Bref, l'avenir s'annonce prometteur pour elle et sa famille, laquelle s'investit dans la PME.

EFFORT

Lorena Meneses ne parlait pas un mot de français il y a 10 ans à son arrivée au Québec avec ses parents et son petit frère Jorge, désormais barista. Aujourd'hui, en entrevue, on perçoit dans sa voix des pointes d'accent québécois tellement elle est à l'aise.

Après des études collégiales et universitaires, dont un certificat en immigration, elle a notamment travaillé pour le député de sa région et joué les interprètes. Mais dès 2014, elle a jeté son dévolu sur le café. Normal, puisqu'elle et sa famille ont grandi sur des fermes de caféiers en Colombie, pays parmi les plus importants producteurs de café au monde.

Commençant par la base, Lorena Meneses a suivi une formation sur l'art de préparer un plan d'affaires. Elle a ensuite suivi des cours à la School of Coffee du Vermont, entre autres sur la torréfaction et le contrôle de qualité.

En 2015, outillée comme jamais, elle se rend en Colombie avec son père, où elle rencontre des fermiers associés à une coopérative dans la région de la Sierra Nevada, ce massif montagneux de la cordillère des Andes. D'ailleurs, le nom Mareiwa signifie « bonheur » en arhuaco, langue indigène de la région.

« Nous achetons notre café sans intermédiaire, directement des producteurs. Nous payons au fermier un juste prix. Nous n'en avons pas la certification, mais nous faisons du commerce équitable. »

- Lorena Meneses

L'an dernier, la présidente et fondatrice de Mareiwa Café Colombien a importé trois conteneurs de café. Au départ de chaque conteneur, son père se rend en Colombie pour en contrôler la qualité.

La jeune entrepreneure a eu pour mentor François Grisé, de la microbrasserie Le Bilboquet. Grâce au Réseau M de la Fondation en entrepreneurship, Lorena Meneses a séjourné en France et en Italie au printemps 2017.

Au cours des 18 derniers mois, la présidente de Mareiwa Café Colombien a reçu une flopée de prix et de reconnaissances, notamment des organismes de promotion de l'entrepreneuriat, mais aussi de la communauté latino-américaine du Québec.