L'économie est en croissance, mais la main-d'oeuvre se fait rare pour répondre à tous les besoins en Montérégie. Un défi accentué par le vieillissement de la population. Alors que les entreprises cherchent différentes solutions pour continuer sur leur lancée, plusieurs se tournent vers les nombreux entrepreneurs dans leur secteur d'activité qui sont mûrs pour la retraite afin de réaliser une croissance par acquisition.

« Les entreprises ont de la difficulté à continuer à croître en raison du manque de ressources humaines, alors on en voit plusieurs depuis environ deux ans acheter des concurrents ou des fournisseurs grâce aux nombreuses mesures d'appui déployées au Québec pour le repreneuriat », affirme Geneviève Turbide-Potvin, vice-présidente, Entreprises - Montérégie, Estrie et Nord du Québec, à la Banque Nationale.

On voit aussi de nombreux dirigeants ou employés qui se lancent dans l'achat de leur entreprise, de même que de jeunes entrepreneurs tentés davantage par le repreneuriat que par le démarrage.

« Acheter une entreprise en santé qui a déjà son personnel et son équipement diminue le risque de se lancer en affaires », constate Julie Ethier, directrice générale de Développement économique Longueuil (DEL), actif sur tout le territoire de l'agglomération de Longueuil.

GRAND POUVOIR D'ATTRACTION

Le rêve de vivre et de travailler en Montérégie est également de plus en plus accessible. La région, deuxième du Québec pour la population après Montréal avec 1,5 million d'habitants, attire d'ailleurs de plus en plus de grandes entreprises depuis l'arrivée de l'autoroute 30. Après Jean Coutu qui a installé son siège social à Varennes, Molson vient de choisir Longueuil pour construire son nouveau complexe brassicole.

« On a vraiment vu une croissance de l'emploi en Montérégie en raison du développement des axes routiers, mais c'est un couteau à double tranchant, affirme Geneviève Turbide-Potvin. On se demande si la congestion ne viendra pas maintenant freiner la croissance. Il y a vraiment une inquiétude à voir notamment l'autoroute 30 de plus en plus congestionnée, particulièrement entre l'A10 et l'A20. »

La Montérégie compte toutefois bien exploiter ses pôles de transports en commun. Alors que le centre-ville de Longueuil est en train de prendre de l'essor autour de sa station de métro, l'arrivée du Réseau express métropolitain (REM) viendra aussi changer la donne, notamment avec Solar Uniquartier, un projet immobilier mixte estimé à plus de 1 milliard de dollars.

« De plus en plus de locaux de bureau sont disponibles près des pôles de transport en commun et c'est intéressant pour les entreprises de services. Par exemple, le secteur des technologies de l'information connaît une forte croissance avec plusieurs entreprises qui viennent s'installer dans l'agglomération de Longueuil parce qu'elles savent qu'elles auront accès facilement au bassin de main-d'oeuvre bilingue de Montréal. » 

- Julie Ethier, directrice générale de Développement économique Longueuil

SÉDUCTION ET AUTOMATISATION

Première région agricole du Québec, la Montérégie est aussi l'endroit où on trouve le plus grand nombre de travailleurs manufacturiers de la province. Un secteur où la rareté de la main-d'oeuvre est particulièrement importante, alors que le taux de chômage montérégien est l'un des plus bas du Québec, avec 4,2 % en janvier.

« Les politiques d'immigration devraient mieux s'arrimer aux besoins des entreprises, affirme Geneviève Turbide-Potvin. Les entreprises doivent aussi changer leurs façons de faire pour attirer des employés et les garder satisfaits, notamment en matière de rémunération globale. »

Puis, les environnements stimulants, avec tables de ping-pong et espace café, ne sont plus réservés à l'industrie des jeux vidéo.

« Cette tendance s'étend à l'ensemble des entreprises parce qu'elles doivent développer le sentiment d'appartenance de leurs employés », ajoute Mme Turbide-Potvin.

L'automatisation de la production est aussi une solution. L'objectif est d'affecter les humains à des tâches à forte valeur ajoutée et automatiser les autres.

« Ce virage vers l'industrie 4.0 est aussi crucial pour permettre aux entreprises d'augmenter leur productivité », affirme Julie Ethier, directrice générale de DEL, qui accompagne les entreprises dans les différentes étapes de l'automatisation.

Ce gain de productivité devient même crucial alors que les entreprises manufacturières de la Montérégie exportent en grand nombre aux États-Unis, leur voisin immédiat.

« Avec la renégociation de l'ALENA, il y a de l'incertitude en ce qui concerne le marché américain, affirme Julie Ethier. Il est temps pour les entreprises de regarder d'autres marchés pour réduire leur dépendance aux États-Unis. Par exemple, l'Accord économique et commercial (AECG) entre le Canada et l'Union européenne est entré en vigueur en septembre et il y a des occasions à saisir pour les entreprises d'ici. »