Avec sa grande diversité économique et son emplacement géographique stratégique, la Montérégie arrive à tirer son épingle du jeu d'année en année. Mais saura-t-elle s'adapter aux défis qui l'attendent, soit le besoin grandissant de ses entreprises en main-d'oeuvre spécialisée et l'arrivée probable d'une nouvelle forme de protectionnisme américain ?

Avec ses 14 MRC, incluant à la fois des secteurs ruraux et d'autres résolument urbains, la Montérégie est à l'image de son économie : diversifiée. Emploi-Québec prévoit d'ailleurs que 135 000 emplois devront être comblés dans la région, entre 2015 et 2019. Un défi énorme pour les entreprises.

Presque tous les secteurs économiques sont représentés dans cette région, comme le démontrent ses cinq créneaux d'excellence : la transformation alimentaire, les systèmes électroniques, les transports terrestres, la transformation métallique et les matériaux souples avancés.

« En termes de diversité et de développement économique, la région se porte très bien », confirme Louis Ménard, directeur général du bureau régional du ministère de l'Économie. 

« On mise sur de nombreux atouts : la présence de plusieurs entreprises importantes et la proximité des grands centres et des marchés américains. » -  Louis Ménard, directeur général du bureau régional du ministère de l'Économie

D'ailleurs, la transformation du visage économique des États-Unis pourrait bien bousculer la suite des choses, pour le meilleur ou pour le pire. « Le regain de l'économie américaine et la faiblesse relative du huard face à la devise américaine pourraient avantager les producteurs de biens de la région et faire augmenter les exportations », explique Antoine Lavoie, conseiller en communications au ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale.

Il croit aussi que la Montérégie a ce qu'il faut pour réagir aux décisions prises en matière de protectionnisme par le président Donald Trump. « Ses mesures pourraient avoir un effet sur le marché du travail, mais la grande diversité économique de la région va l'aider à s'adapter plus facilement que d'autres », souligne M. Lavoie.

La preuve, les projets d'investissements annoncés au cours des dernières semaines vont dans toutes les directions : contrat de 11 millions d'Héroux-Devtek en aviation, investissement de 35 millions du Groupe Germain Hôtels au Quartier DIX30, augmentation de 80 % de la production des produits boulangers de l'usine Bridor, à Boucherville, grâce à un investissement de 40 millions, création de 300 emplois chez Lumenpulse, à Longueuil, et construction d'un centre de traitement des matières organiques à Varennes.

UNE POPULATION ACTIVE EN BAISSE

Des projets qui permettront à la région de continuer sur sa lancée, alors qu'environ 4200 emplois à temps plein ont été créés au cours de l'année 2016. Et ce, même si le taux d'activité a décliné : comparativement à l'année 2015, la Montérégie a vu sa population active diminuer de 0,4 % en 2016, alors que la province observait une légère hausse de 0,3 %. « Cela s'explique par deux facteurs : le vieillissement de la population et la diminution du bassin de personnes en âge de travailler. On a noté une diminution de 3800 résidants en âge de travailler », relate Antoine Lavoie.

Autre défi à relever : le recrutement de travailleurs pour pourvoir les postes spécialisés. « Des difficultés de recrutement ont été ressenties, particulièrement pour des emplois de gestion et des postes professionnels et techniques, révèle M. Lavoie. Le secteur des sciences naturelles et appliquées, qui offre entre autres des emplois en laboratoires, est particulièrement touché. »

Le problème se posera d'autant plus à l'avenir, si la région veut continuer à se distinguer. « Les entreprises qui se démarquent sont celles qui innovent et qui exportent rapidement, affirme Louis Ménard. Et de plus en plus, elles devront considérer un virage vers les technologies numériques pour s'automatiser et se robotiser, afin de gagner en compétitivité et en productivité. Inévitablement, ça demande une main-d'oeuvre plus spécialisée. »

Quatre projets

Matières organiques



La Société d'économie mixte de l'est de la Couronne Sud (SEMECS) construit actuellement un centre de traitement des matières organiques à Varennes. D'une valeur de 58 millions, il traitera annuellement plus de 35 000 tonnes de matières résiduelles organiques, qui seront transformées en biométhane et en digestat. La SEMECS réduira ainsi sa production de gaz à effet de serre en détournant ces matières organiques des sites d'enfouissement.

Chrono Aviation



Chrono Aviation prévoit investir 10 millions pour construire un hangar de 30 000 pi2 à l'aéroport de Saint-Hubert. L'entreprise spécialisée en nolisement d'avions pourra y accueillir de quatre à six appareils. Elle a récemment acquis un DASH 8-100 de 32 places et un Falcon 50, un jet d'affaires transatlantique permettant de relier Saint-Hubert à Paris plus rapidement que les avions commerciaux. On prévoit la création de 20 emplois.

Héroux-Devtek



La firme Héroux-Devtek a récemment signé un contrat de 11 millions avec BAE Systems, une compagnie britannique. L'entreprise longueuilloise fabriquera et assemblera des actuateurs hydrauliques et des trains d'atterrissage de remplacement pour l'aéronef Hawk, un avion d'entraînement à réaction. Selon les prévisions, les livraisons débuteront au début de 2018 et se termineront à mi-chemin de l'année 2019.

Thomas & Betts



Quelque 19 millions, dont 1,5 million viendront du gouvernement du Québec, seront investis pour moderniser l'usine de Thomas & Betts située à Saint-Jean-sur-Richelieu. Acquise par le Groupe ABB en 2012, l'entreprise Thomas & Betts compte une cinquantaine d'usines à travers le monde, donc six usines et un centre de distribution qui emploient plus de 1400 personnes au Québec. Celle de Saint-Jean-sur-Richelieu est spécialisée en fabrication de composantes électriques.