Traversée par plusieurs axes routiers, à proximité de Montréal et des États-Unis, la Montérégie-Est est une des plus importantes régions manufacturières du Québec. Mais ses entreprises ont de plus en plus de mal à trouver de la main-d'oeuvre spécialisée. Témoignage des entrepreneurs Daniel Tremblay et Julie Gagné.

Transport

Daniel Tremblay

Âge: 43 ans

Profession: Président de Tremcar, président du CLD du Haut-Richelieu

Dans la région depuis: 43 ans

Le sud-est de la Montérégie se distingue d'abord et avant tout par sa situation géographique, estime le président de Tremcar, entreprise de remorques-citernes établie à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Traversé par l'Autoroute 35, qui relie Montréal à Boston, situé tout près de l'Autoroute 15 pour rejoindre New York, Saint-Jean-sur-Richelieu est depuis 200 ans une plaque tournante du commerce avec les États-Unis.

Ce n'est pas pour rien que plusieurs entreprises de la région, y compris la sienne, sont dans le domaine du transport, dit Daniel Tremblay. Lui-même exporte 50 % de sa marchandise aux États-Unis.

Mais si la région bénéficie d'une main-d'oeuvre qualifiée, le vieillissement de la population, comme ailleurs, fait mal au secteur industriel. « Les soudeurs ou les mécaniciens ne sont pas faciles à trouver. Les jeunes sont attirés par les ordinateurs ! », constate-t-il.

Mais grâce à la qualité de vie qu'elle offre et à sa proximité de Montréal, la deuxième ville de la Montérégie continue tout de même à attirer des travailleurs et des familles.

Récupération

Julie Gagné

Âge: 41 ans

Profession: Copropriétaire de Sani-Éco

En Montérégie depuis: 41 ans

Copropriétaire de l'entreprise familiale Sani-Éco, à Granby, Julie Gagné s'estime chanceuse de vivre et de travailler en Montérégie-Est, malgré les défis que cela représente.

« C'est une région en effervescence, avec des compagnies diversifiées dans les domaines de l'alimentation, de l'acier, de la robotisation », souligne la chef d'entreprise. La sienne est spécialisée en récupération de matières résiduelles.

Granby lui offre la possibilité de concilier travail et famille ainsi qu'une qualité de vie agréable, des espaces verts et un bon réseau routier, poursuit-elle.

Mais Sani-Éco, comme plusieurs autres entreprises du coin, peine à recruter. Pour une formation en mécanique de machinerie lourde, par exemple, les travailleurs doivent se rendre à Sherbrooke et à Montréal... et ne reviennent souvent pas. Julie Gagné doit régulièrement former ses employés « sur le tas ».

« Ce ne sont pas des métiers valorisés, pourtant ils sont souvent bien payés. On a besoin d'avocats, de notaires, de médecins, mais aussi de travailleurs manuels. C'est un problème typique au Québec », dit-elle.

PHOTO ALAIN DION, LA VOIX DE L'EST

Julie Gagné, copropriétaire de l'entreprise familiale Sani-Éco, à Granby.

Forces

La reprise de l'économie américaine et la chute du prix du pétrole laissent entrevoir de meilleures années pour le secteur industriel de la Montérégie-Est, durement touché par la crise de 2008.

La faiblesse du huard pourrait également créer de belles « occasions d'affaires » pour les entreprises exportatrices, estime Geneviève Morin, économiste à Emploi-Québec en Montérégie.

Grande région manufacturière, la Montérégie-Est a reçu dans ce seul secteur des investissements de 992 millions en 2014, une légère baisse par rapport à 2013 (1,1 milliard).

Parmi les bonnes nouvelles dans la région : la création de 70 emplois par Avior, entreprise phare dans le secteur de l'aéronautique à Granby. Teledyne DALSA doit également créer 300 emplois dans le domaine de l'imagerie numérique et des semi-conducteurs à ses installations de Bromont et de Montréal, un investissement de 67 millions.

Défis

Grande région manufacturière, la Montérégie-Est devra faire preuve d'imagination pour conserver et recruter de la main-d'oeuvre.

La population en âge de travailler diminuera en effet à partir de 2019. Les formations techniques et les conditions de travail en usine, en outre, séduisent de moins en moins les jeunes.

« Il y a des opportunités, mais il y a également beaucoup de jeunes diplômés d'université, ce qui crée un déséquilibre », constate l'économiste à Emploi-Québec Geneviève Morin.

Déjà, une entreprise sur cinq éprouve des difficultés à recruter de la main-d'oeuvre qualifiée, phénomène qui s'accentuera dans les prochaines années, estime Mme  Morin. Elle préfère néanmoins parler de « rareté relative » de la main-d'oeuvre plutôt que de pénurie.

Pour faire face à ces défis, les entreprises devront investir dans la machinerie et former leurs employés à la manier. « La main-d'oeuvre n'est pas une variable fixe », estime l'économiste.

La Montérégie-Est en chiffres

Montérégie-Est

Population active de la région: 346 985 personnes

Taux de chômage: 5,3%

Revenu disponible par habitant: 27 494$



Au Québec
 

Population active du Québec: 4,36 millions

Taux de chômage: 7,7 %

Revenu disponible par habitant: 26 774$



Source (2011-2014): Institut de la statistique du Québec, Statistique Canada



Les 5 plus grands employeurs 

IBM Canada: 2500 employés

Rio-Tinto Fer et Titane: 1790 employés

Olymel: 1613 employés

ArcelorMittal: 1089 employés

GE div. moteurs d'avion: 718 employés



Nombre de parcs industriels: 54



Les 3 plus grands secteurs d'activité 

Fabrication: 46 690 emplois

Commerce (gros et détail): 41 070 emplois

Soins de santé et assistance sociale: 28 595 emplois



Les 3 plus grands sièges sociaux

Le Groupe Jean Coutu (Varennes)

Olymel (Saint-Hyacinthe)

A. Lassonde (Rougemont)



Les 3 villes les plus peuplées 

Saint-Jean-sur-Richelieu: 94 379 habitants

Granby: 65 945 habitants

Saint-Hyacinthe: