Ces dernières années, de nombreuses grandes entreprises ont fermé en Mauricie. Aujourd'hui, plusieurs croient que la relance de la région doit passer par le développement de l'entrepreneuriat. C'est notamment le cas d'Yves Lacroix, directeur général de FAB3R, et de Kathy Béliveau, associée chez REZO l'agence sociale, qui se sont lancés en affaires récemment.

YVES LACROIX

> Âge: 52 ans

> Occupation: directeur général de FAB3R

> Dans la région depuis: sa naissance

Relève

Pendant plus de 20 ans, Yves Lacroix a travaillé pour GL&V fabrication. L'usine était vouée à la fermeture quand il l'a reprise avec des collègues en 2013. Ils sauvaient ainsi 150 emplois. «Des amis me traitaient un peu d'idiot de me lancer là-dedans à mon âge, lance-t-il. Malheureusement, on manque de personnes pour prendre la relève d'entreprises.» Il s'engage d'ailleurs dans différentes organisations pour favoriser l'économie régionale et aider les jeunes entrepreneurs. La région souffrirait du «syndrome de la boîte à lunch», parce qu'il a longtemps été aisé de décrocher un boulot auprès des grandes entreprises. «La transition entre travailler pour quelqu'un et travailler pour donner de l'emploi à d'autres est en train de se faire», constate-t-il. La Mauricie a tous les atouts en main pour redorer son blason, selon lui: investissements dans les parcs industriels, concertation de plus en plus grande entre les intervenants, infrastructures de transport enviables, etc.

KATHY BÉLIVEAU

> Âge: 34 ans

> Occupation: associée et responsable du développement des affaires chez REZO l'agence sociale

> Dans la région depuis: sa naissance

Entrepreneuriat

«L'entrepreneuriat est à la mode chez les jeunes», lance Kathy Béliveau. L'ancienne directrice de la Jeune Chambre de commerce de la Mauricie a d'ailleurs lancé sa propre entreprise à Shawinigan il y a près de trois ans. Elle est positive quant à l'avenir de sa région natale. «Nous avons une belle jeunesse entrepreneuriale, il n'y a que du positif qui nous attend, croit-elle. Il y a plusieurs projets intéressants, comme le développement d'un pôle en nouvelles technologies à Shawinigan. Il y a de belles actions pour la diversification.» Mme Béliveau croit que la Mauricie devrait développer une économie davantage axée sur les PME. De plus, l'heure est à la concertation, selon elle. «Il y a une volonté de se serrer les coudes et de travailler ensemble pour faire avancer la région, note-t-elle. Par le passé, je crois que les gens travaillaient davantage en silos.»

PHOTO SYLVAIN MAYER, LE NOUVELLISTE

Kathy Béliveau, associée et responsable du développement des affaires chez REZO l'agence sociale.

Forces

«La région redécouvre ses propres atouts, croit Frédéric Laurin, professeur en économie à l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Nous avons accès à deux ports très performants, à un aéroport, au chemin de fer et aux autoroutes. Peu de régions ont tout cela à la fois.» Sans compter les deux cégeps et l'UQTR. Pour aider la région, un fonds de diversification a été mis en place. «Il offre un potentiel de financement supplémentaire et permet également à la région de réfléchir à sa prise en main», note M. Laurin. La population est aussi très mobilisée. «Cet automne, des centaines de personnes ont manifesté à Shawinigan, illustre-t-il. Pas seulement pour demander quelque chose au gouvernement, pour dire qu'on existe et qu'on est en train de changer les choses.» Il cite en exemple le centre de l'entrepreneuriat à Shawinigan, la nouvelle filière électrique, électronique et écoénergétique ainsi que le secteur touristique.

PHOTO ARCHIVES LE NOUVELLISTE

La Mauricie peut compter sur des infrastructures de transport performantes.

Défis

Plusieurs chômeurs plus âgés ont baissé les bras dans leur recherche d'emploi. «La proportion de la population qui travaille ou cherche un emploi est très faible, signale Frédéric Laurin. Le taux d'activité est de 49%, comparativement à 59% dans l'ensemble du Québec.» De plus, la région a l'un des pires taux d'entrepreneuriat de la province. «L'économie est structurée autour de grandes entreprises qui offrent de très bonnes conditions de travail, explique ce professeur à l'UQTR. Les gens ne voient pas l'intérêt de créer leur entreprise.» Les choses commencent toutefois à changer. Paradoxalement, la région vit également une pénurie de main-d'oeuvre qualifiée dans certains domaines. «Les entreprises ont besoin de travailleurs spécialisés, explique M. Laurin. Les étudiants ne vont pas nécessairement dans les domaines où il y a pénurie.» Il faudrait également convaincre plusieurs jeunes de demeurer à l'école. Quelque 18% d'entre eux décrochent.

PHOTO ARCHIVES LE NOUVELLISTE

La région de la Mauricie vit une pénurie de main-d'oeuvre qualifiée dans certains domaines.

La Mauricie en chiffres

Population active: 119 600 personnes

Taux de chômage: 7,3%

Revenu disponible par habitant: 23 474$

Province du Québec

Population active: 4 359 300 personnes

Taux de chômage: 7,6%

Revenu disponible par habitant: 26 774$

Cinq grands employeurs du secteur privé

> Kruger: 1000 employés

> Marmen: 900 employés

> Kongsberg Automotive: 525 employés

> Meubles Canadel: 500 employés

> Premier Aviation: 300 employés

> Nombre de parcs industriels: 22

Trois grands secteurs d'activité de la région

1. Soins de santé et assistance sociale: 19 400 emplois

2. Commerce de détail: 15 400 emplois

3. Construction: 7300 emplois

Entreprises dont le siège social se trouve dans la région

Antirouille Métropolitain (Trois-Rivières)

Marmen (Trois-Rivières)

Planète Poutine (Trois-Rivières)

Trois grandes villes

Trois-Rivières: 134 802 habitants

Shawinigan: 49 585 habitants

La Tuque: 11 059 habitants

Sources : ministère des Affaires municipales du Québec et Institut de la statistique du Québec