Deux ans de recherche et développement, c'est le temps qu'il aura fallu à Juan Schneider, président et directeur de Nanogrande, et à son équipe pour devenir des précurseurs. Leur invention : des imprimantes 3D capables de fabriquer des objets à l'échelle moléculaire.

Les nanoparticules, ce sont toutes ces choses qu'un humain n'arrive pas à voir à l'oeil nu. Pour illustrer cet infiniment petit, il faut avoir en tête que le diamètre d'un cheveu humain atteint environ 60 000 nanomètres. Les imprimantes conçues par Nanogrande peuvent commencer à concevoir des objets avec des matériaux qui font à peine deux ou trois nanomètres, soit de 20 000 à 30 000 fois plus petits.

Couche après couche, l'imprimante ajoute les nanoparticules pour qu'à la fin, le produit désiré se retrouve enfin bien visible. 

« Au lieu de prendre un bloc d'aluminium et de concevoir une pièce et de perdre du matériel, on utilise la technique additive. Les pertes sont infimes, ce qui est positif pour l'environnement. » - Juan Schneider

Que peut-on créer à partir de cette technologie ? « Il n'y a presque pas de limite en ce qui concerne les matériaux. On peut autant utiliser l'or, l'argent, le graphène, le titane, le graphite, etc. pour créer des composantes dans des secteurs aussi variés que l'aéronautique, l'aérospatiale, la photonique, la médecine et autres. On pourrait créer des composantes pour remplacer des vertèbres, par exemple. D'ailleurs, nous en discutons en ce moment avec des clients potentiels », spécifie M. Schneider.

Les avantages pour les entreprises pourraient être nombreux. La technologie développée par Nanogrande permet une flexibilité du design et une production d'échelle. C'est aussi une méthode qui garantit la précision et la densité des particules.

« L'aérospatiale requiert des composantes qui doivent résister à de fortes pressions. L'impression 3D moléculaire permet d'avoir un plus grand nombre de particules sur une surface, ce qui augmente sa densité et diminue ses faiblesses. »

DES ENTENTES QUI GARANTISSENT L'AVENIR

Signe que des entreprises voient un avenir prometteur pour ce type de fabrication, Nanogrande a conclu plusieurs alliances au cours des dernières années. Au début mars, elle a signé une entente de collaboration avec l'École de technologie supérieure (ETS) et Airbus-Safran Launchers, une entreprise du secteur aérospatial européen.

L'entreprise a aussi annoncé un projet de recherche et développement de près de 1,6 million qu'elle cofinance avec le Consortium de recherche et d'innovation en transformation métallique (CRITM), le ministère de l'Économie, de la Science et de l'Innovation du Québec et l'Université McGill.

Le Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) a par ailleurs signé une entente avec Nanogrande pour poursuivre le développement et faciliter la commercialisation de ces imprimantes 3D.

En mars dernier, l'entreprise a remporté le prix international de la Frontier Tech Showdown Competition, à New York, pour les entreprises en démarrage ayant le plus de potentiel dans le domaine de l'impression 3D.

UN PHYSICIEN QUI VOULAIT CRÉER

Juan Schneider a un curriculum vitae bien rempli. Il aurait pu continuer à travailler au sein de diverses entreprises. Toutefois, le besoin de construire et même de transformer la société était trop fort. « J'ai financé les débuts de l'entreprise en faisant des consultations et je ne le regrette pas du tout. J'ai la conviction que Nanogrande peut aider à résoudre des problèmes. »

Si le physicien a fait le choix d'établir son entreprise à Laval, ce n'est pas le fruit du hasard. D'abord, l'homme d'affaires y réside depuis 20 ans. Aussi, le fait que 11 000 entreprises soient situées sur le territoire lavallois est une source de motivation. « Laval a un environnement propice aux affaires. »

Et ce n'est qu'un début pour Nanogrande qui a commencé, l'an dernier, la commercialisation de ses imprimantes un peu partout dans le monde.

Nanogrande en bref

Année de fondation : 2014

Nombre d'employés : moins de 10

Siège social : Laval

Fondateur et président : Juan Schneider