À première vue, la région de Lanaudière coule des jours heureux. Croissance démographique parmi les plus fortes au Québec, faible taux de chômage, économie diversifiée, etc. Mais la proximité de Montréal joue en sa défaveur. Trop de Lanaudois travaillent dans la métropole. Il faut inverser la tendance, croient certains intervenants économiques.

La MRC de l'Assomption, avec quelque 125 000 résidants, notamment à Repentigny et à L'Assomption, est la région qui souffre le plus d'être située près de Montréal. Sur ses 64 000 travailleurs, pas moins de 40 000 personnes occupent un emploi à l'extérieur du territoire.

« Économiquement, nous ne sommes pas en détresse, car la plupart des indicateurs jouent en notre faveur, indique Olivier Goyet, président de l'organisme de développement économique CIENOV. Mais il faut stopper l'hémorragie des emplois pour arriver à un point d'équilibre et solidifier notre économie à long terme. »

« L'étalement urbain a ses limites. Lanaudière doit effectivement se tourner vers ses propres entreprises pour assurer sa croissance et son avenir. » - Pierre Lacoursière, directeur régional du bureau d'affaires Lanaudière-Mauricie de Développement économique Canada

Selon Pierre Lacoursière, directeur régional du bureau d'affaires Lanaudière-Mauricie de Développement économique Canada (DEC), Lanaudière a connu la plus forte activité démographique au Québec de 2006 à 2011 grâce à une croissance de 18,9 %. De 2011 à 2015, elle a glissé au deuxième rang, derrière les Laurentides. D'ici 2036, elle devrait reprendre la première place.

La fermeture d'Electrolux en 2014, où près de 1400 emplois directs ont été abolis, a eu l'effet d'un... électrochoc, rappelle Olivier Goyet. Depuis, on cherche des solutions pour redynamiser l'économie.

DIVERSIFICATION

« On vise à créer deux pôles d'innovation, dit-il. Un premier en technologies de l'information avec une spécialité dans le commerce de détail. Les services occupent une grande place dans notre région. Or, le commerce de détail vit des bouleversements. Nous voulons donc innover dans ce secteur. »

Les deux autres filières visées sont « l'agro-efficience », un néologisme inventé par les gens de la région, de même que les bioproduits végétaux.

« Notre croissance économique a trop longtemps été basée sur la démographie. On doit maintenant mettre en place une nouvelle vision. » - Olivier Goyet, président de l'organisme de développement économique CIENOV

Dans la foulée, Olivier Goyet préfère ne pas lever le voile sur les investissements et autres projets prévus à court et à moyen terme. « Il y aura bientôt des annonces », se contente-t-il d'affirmer.

« Il y a effectivement des projets qui s'en viennent. On va supporter, mais il est trop tôt pour en parler », indique de son côté Éric Lescarbeault, directeur régional au ministère de l'Économie, de la Science et de l'Innovation.

QUESTIONS D'ESPACE...

À l'étroit, la MRC de l'Assomption aura d'ailleurs fort à faire pour redéfinir son économie. Elle ne dispose plus de terrains pour la construction de nouveaux espaces industriels. Les installations de l'ancienne Electrolux (750 000 pi2) seraient un endroit idéal. « Mais les gens d'Electrolux ne nous rappellent pas », déplore Olivier Goyet.

Le sud de Lanaudière continue néanmoins à tirer son épingle du jeu. Contrairement à la MRC de l'Assomption, la MRC des Moulins (qui abrite notamment les villes de Terrebonne et de Mascouche) jouit encore de beaucoup d'espace pour assurer son développement économique.

La fermeture récente de l'aéroport de Mascouche lui donne accès à de grandes surfaces pour la mise en place d'une zone industrielle en bordure de l'autoroute 640.

Ailleurs sur le territoire lanaudois, l'économie se porte bien. Dans la grande région de Joliette, les investissements industriels ont atteint un record de 550 millions l'an passé. La part du lion revient à Bridgestone-Firestone qui, à elle seule, injectera 312 millions dans ses installations de Joliette.

Kruger et Olymel-Flamingo, deux autres grands employeurs, ont également annoncé des investissements se chiffrant en millions afin de moderniser leurs installations et de consolider des emplois existants.

Voyons maintenant comment la région de Lanaudière, qui dispose de nombreux atouts, s'y prendra pour briser sa dépendance à Montréal.