Au-delà des mines et de la foresterie, on est portés à oublier qu'il existe sur la Côte-Nord une industrie de la pêche qui fait tourner l'économie de la région. Survol d'un secteur d'activité qui réussit à tirer son épingle du jeu en puisant abondamment - et intelligemment - dans la « ressource ».
MIEUX VENDRE LA « MARQUE » CÔTE-NORD
L'industrie de la pêche et de la transformation de produits marins de la Côte-Nord est en « excellente santé économique », affirme Janita Gagnon, directrice du marketing chez Pêcherie Manicouagan.
« Nos produits marins sont de plus en plus populaires, ajoute-t-elle. La demande est forte, tant au pays, aux États-Unis qu'à l'international. C'est une bonne nouvelle pour la région et pour le maintien des emplois. »
Pour soutenir cette demande, elle ne cache pas que les entreprises de transformation doivent constamment améliorer leurs méthodes de production et se tourner vers la « mécanisation » de leurs équipements.
« Ça doit passer, aussi, par la mise en marché de produits à valeur ajoutée, par la deuxième transformation, explique-t-elle. C'est de cette façon qu'on pourra prolonger la saison et donner de l'emploi à nos employés sur une plus longue période, quand la pêche est terminée. »
UNE ENTREPRISE FAMILIALE
On l'aura compris : Janita Gagnon est attachée à sa région, tout comme à l'entreprise familiale fondée par son oncle et son père en 1983, et qui emploie 200 personnes en saison, avec deux usines de transformation.
« C'est véritablement une affaire de famille. Nous couvrons tous les aspects de l'industrie, de la mer à la table, avec deux usines, des points de vente et même des restaurants ! » - Janita Gagnon
« Nous possédons la plus importante usine de transformation multi-espèces de poissons et fruits de mer au Québec [à Portneuf-sur-Mer] », précise-t-elle.
Mais les défis demeurent nombreux, et importants. « Comme bien des régions du Québec, nous devons faire des efforts pour trouver de la main-d'oeuvre », soulève-t-elle.
Elle aimerait qu'on reconnaissance davantage la Côte-Nord comme région « maritime ».
« Il y a du travail à faire, convient-elle. Il faudrait que ça se sache davantage qu'il se fait autant de pêche chez nous qu'en Gaspésie ou dans les Îles-de-la-Madeleine. »
De Sherbrooke à... Sept-Îles
Jean-Christophe Dubreuil, 27 ans, est « allé à la pêche » aux emplois, il y a trois ans, en débarquant sur la Côte-Nord avec son diplôme tout neuf de biologiste marin obtenu à l'Université du Québec à Rimouski.
Il a bien fait de tendre sa ligne puisqu'il a tout de suite été recruté par Poissonnerie Fortier, une institution à Sept-Îles qui a ouvert ses portes en 1930.
Le jeune diplômé n'est pas un « local ». Il se qualifie lui-même « d'expat ». Il a grandi à Sherbrooke, dans les Cantons de l'Est.
UN TERRAIN DE JEU
C'est lui-même qui l'affirme : il est « tombé en amour avec la place ».
« La Côte-Nord. c'est un immense terrain de jeu. On peut y pêcher, y chasser sur de grands espaces, sur des terres publiques. Tout est possible. » - Jean-Christophe Dubreuil, 27 ans,
Aussi, dans son rôle de directeur général de Poissonnerie Fortier, il s'efforce de « vendre » le potentiel économique et le capital humain de la région-ressource.
« Il faut le dire davantage, insiste-t-il. C'est au large de Sept-Îles qu'il se pêche de grandes quantités de crevettes, de crabes, de pétoncles. »
Il constate toutefois que la « crevette de Sept-Îles » est transformée dans les usines de Matane, en Gaspésie, de l'autre côté du fleuve.
Le biologiste marin aimerait, sur ce point, que la Côte-Nord en fasse davantage pour diversifier son économie, notamment en accentuant ses efforts dans le secteur des pêcheries.
« Nous avons des usines de transformation qui font bien dans leur domaine respectif, note-t-il. Il faudrait faire un peu plus de deuxième transformation pour créer des emplois et ajouter de la valeur aux produits marins. »
Un fait demeure néanmoins : le ralentissement de l'économie de la Côte-Nord a affecté la rentabilité des poissonneries de villages, observe Jean-Christophe Dubreuil. « Certaines ont dû cesser leurs activités, déplore-t-il, parce que les ventes étaient en chute libre. »
Il y a aussi les prix payés par les poissonneries, pour la « matière première », qui ont augmenté depuis deux ans.
« Nous sommes soumis aux mêmes conditions du marché que les usines qui achètent leurs fruits de mer, dit-il. Si les prix augmentent, nous devons payer plus cher pour acheter nos produits frais pêchés dans la mer. »