Le dynamisme entrepreneurial est au rendez-vous dans cette région manufacturière qui affiche l'un des taux de chômage les plus bas au Québec et qui compte bien profiter de la reprise économique américaine et de la baisse du dollar canadien. Mais sa difficulté à trouver de la main-d'oeuvre pourrait freiner ses élans.
Commerce
Marc Dutil
> Âge: 50 ans
> Président et chef de la direction, Groupe Canam
> Dans la région depuis 50 ans
Porte d'entrée vers les États de la Nouvelle-Angleterre, la Beauce profitera de la dépréciation du dollar canadien. «Nos réflexes commerciaux sont nord-sud, et le marché américain devient encore plus attrayant pour les entreprises manufacturières de la région», fait valoir celui qui dirige le Groupe Canam, fabricant de structures métalliques qui a décroché l'automne dernier un contrat de plus de 200 millions pour la construction du stade des Falcons d'Atlanta. D'autant plus que les travaux d'élargissement et de prolongement de l'autoroute 73 vont «améliorer la connexion vers les États-Unis».
Mais l'achèvement de cette autoroute qui traverse la région beauceronne ne favorise pas pour autant la mobilité des travailleurs, ce qui rend parfois difficile le recrutement d'employés. «Les travailleurs beaucerons ont un élastique dans le dos. C'est tout le contraire aux États-Unis, où des employés déménagent même d'État pour se trouver un emploi.» Le fondateur de l'École d'entrepreneurship de Beauce note que la fibre entrepreneuriale beauceronne est toujours présente. «On le répète, mais les Beaucerons ont l'habitude de se prendre en main et on voit de nouvelles générations d'entrepreneurs.»
Vitalité
Marie-Claude Guillemette
> Âge: 47 ans
> Présidente, Plastiques Moore
> Dans la région depuis 47 ans
La région montre une belle vitalité, remarque la présidente de Plastiques Moore, entreprise spécialisée dans le moulage par injection de pièces de précision. À preuve, «il y a beaucoup d'entreprises qui ont agrandi ou déménagé dans des locaux plus grands», souligne la fondatrice de cette entreprise, qui a elle-même ajouté 4000 pi2 à son établissement de Saint-Damien. Des entreprises ont aussi investi dans l'achat ou la modernisation d'équipements afin d'être prêtes pour la reprise de l'économie au pays, mais aussi aux États-Unis, où «des entreprises ont obtenu des contrats ces derniers temps», note-t-elle.
Comme Plastiques Moore, qui vient de décrocher une importante commande dans le secteur médical dans la région de Boston. Mais Chaudière-Appalaches fait face à un important défi de recrutement de main-d'oeuvre. Les entreprises tentent de recruter dans bon nombre de régions du Québec et débordent même les frontières. L'automne dernier, Plastiques Moore a embauché quatre ajusteurs et techniciens en plasturgie venus... des Philippines!
FORCES
Les dernières années ont été difficiles pour la région dont l'empreinte manufacturière demeure l'une des plus importantes au Québec, rappelle d'entrée de jeu Daniel Voyer, directeur général de l'organisme Développement PME Chaudière-Appalaches. Mais «la baisse du dollar et la vigueur de l'économie américaine laissent entrevoir des jours meilleurs», s'empresse-t-il d'ajouter, en précisant que l'industrie des produits du bois devrait particulièrement en ressentir les effets.
Des entreprises, notamment des équipementiers, ont aussi profité des aléas des dernières années pour explorer de nouveaux marchés en Amérique latine, principalement au Mexique, au Brésil, au Chili et au Pérou. La Chine est aussi dans la ligne de mire des «entreprises qui offrent des produits de niche», souligne-t-il. La région mise aussi sur une importante industrie des matériaux composites et des plastiques qui est «très innovante et s'affaire continuellement à développer de nouveaux produits ou procédés», constate M. Voyer.
DÉFIS
La bonne nouvelle: malgré ses récentes difficultés économiques, la région affiche encore aujourd'hui l'un des taux de chômage les plus bas au Québec. La mauvaise: les entreprises peinent justement à trouver des employés. «Il y a des emplois disponibles, mais encore faut-il les combler», note M. Voyer.
Outre le recrutement à l'international, des solutions locales émergent: la région de Montmagny a mis sur pied des services de transport qui y amènent les travailleurs à partir du secteur de Lévis. Des entreprises vont même jusqu'à implanter des usines aux États-Unis afin de contrer le problème. Mais, dans la région, «la main-d'oeuvre est généralement moins bien rémunérée qu'ailleurs au Québec, et les entreprises devront y remédier pour attirer ou garder leurs employés», souligne-t-il. La région devra aussi trouver des solutions pour assurer la pérennité des entreprises, puisqu'il y a «beaucoup d'entrepreneurs prêts à vendre, mais très peu d'acheteurs».
EN CHIFFRES
Chaudière-Appalaches
Population active: 228 000 (2014)
Taux de chômage: 5,2% (2014)
Revenu disponible par habitant: 25 868$ (2013)
Province du Québec
Population active: 4 367 100
Taux de chômage: 7,6%
Revenu disponible par habitant: 26 774$
Principaux employeurs
Desjardins: 8500 employés
CSSS Alphonse-Desjardins: 4330 employés
Prévost Car: 1191
Chantier Davie: 1150
IPL: 900
Principaux secteurs d'activité
Fabrication: 41 300
Commerce: 31 600
Soins de santé et assistance sociale: 27 700
Sièges sociaux
Mouvement Desjardins, Lévis
IPL, Saint-Damien-de-Buckland
Industries de la Rive-Sud, Sainte-Croix
Trois grandes villes
Lévis: 141 910
Saint-Georges: 32 055
Thetford Mines: 25 670
Source: Institut de la statistique du Québec