Un taux de chômage qui avoisine les 4 %, des entreprises, petites et grandes, en pleine croissance, la région du Bas-Saint-Laurent a le vent en poupe. Le hic : il manque cruellement de travailleurs, toutes catégories confondues. Exemples de stratégies adoptées à Rimouski et à Rivière-du-Loup, les deux principales villes sur le territoire, pour contrer le phénomène, sinon s'y adapter.

« Trouver des gens dans des professions ou des métiers spécialisés n'a jamais été aussi difficile qu'en ce moment », explique Jean Bélanger, président de Premier Tech, une entreprise dont les revenus ont atteint 800 millions de dollars l'an dernier.

Plus important employeur de Rivière-du-Loup, la multinationale doit pourvoir ces temps-ci quelque 80 postes vacants. Spécialisée notamment en traitement des eaux et en produits horticoles et agricoles, l'entreprise cherche autant des comptables et des ingénieurs que des biologistes et des opérateurs de machinerie lourde.

Pour y parvenir, elle ne ménage aucun effort. Elle en a d'ailleurs les moyens. Outre les services d'un médecin présent deux jours par semaine à ses installations, l'entreprise compte embaucher une infirmière, de même qu'un chiropraticien et un phytothérapeute pour le bien-être de ses employés.

Elle termine l'aménagement d'un sentier pour les adeptes de course à pied.

Et l'été prochain, elle aménagera un potager communautaire.

JIVE COMMUNICATION À RIMOUSKI : OPÉRATION MARAUDAGE 



Historiquement, Premier Tech a toujours su recruter de nouveaux talents. Ça n'a pas été le cas récemment pour Jive Communications. Cette entreprise américaine de TI a choisi Rimouski pour y ouvrir un nouveau bureau, où elle cherchait 50 programmeurs avec, à la clé, de très bons salaires. « Meilleurs que ceux de Telus, reconnu comme celui qui offre les meilleurs salaires à Rimouski », affirme Stéphane Brillant, chef d'équipe informatique.

Actuellement, Jive ne compte que deux employés à Rimouski. L'entreprise a pourvu une trentaine de postes, mais en embauchant des gens dans la région de Québec qui font du télétravail. Une dizaine de postes demeurent donc vacants.

« On fonctionne par référencement et on a des gens qui travaillent à "débaucher" des travailleurs dans les autres entreprises. Je croyais que ce serait plus facile, mais les gens sont très loyaux envers leur employeur à Rimouski. »

- Stéphane Brillant

« On va donc mettre sur pied une nouvelle campagne de marketing pour essayer d'attirer les cerveaux des grandes villes. »

RIMOUSKI CHERCHE DES TRAVAILLEURS ÉTRANGERS

Trouver des journaliers n'est pas non plus une mince affaire. Surtout en région. Les emplois physiques, souvent dans des conditions difficiles, intéressent de moins en moins les Québécois, soutient Denis Goulet, directeur du développement économique à la Ville de Rivière-du-Loup. Résultat : il faut se tourner vers la main-d'oeuvre étrangère.

Or, les règles quant au nombre de travailleurs étrangers temporaires sont trop rigides, croit M. Goulet. Une entreprise ne peut compter plus de 10 % de ce type de travailleurs. Chez Aliments Asta, où l'on cherche actuellement des journaliers, ce quota a déjà été atteint. Chez Viandes duBreton, on devrait l'avoir atteint d'ici la fin de l'année.

Devant ce constat, la Ville de Rivière-du-Loup et la MRC locale ont adopté une résolution par laquelle elles demandent, notamment au gouvernement fédéral, de revoir les règles quant à la venue de travailleurs étrangers temporaires. « On demande entre autres que le quota de travailleurs permis soit augmenté à 20 %, explique Denis Goulet. On veut alléger et faciliter le processus. »

À Rimouski, il y a un urgent besoin de soudeurs. Des stratégies ont été mises en place par la Société de promotion économique de Rimouski (SOPER) afin d'inciter les entreprises à se tourner vers l'automatisation. Une première cohorte de PME a récemment été mise sur pied en ce sens.