La population vieillit rapidement dans le Bas-Saint-Laurent, mais les différents acteurs de la région se distinguent par leur esprit d'entrepreneuriat et leur capacité à travailler ensemble afin d'assurer la poursuite du développement économique local. De région ressource, ce coin du Québec connaît par ailleurs une diversification de son économie.

Le Bas-Saint-Laurent, c'est Rivière-du-Loup, nommée à la fin du mois de novembre ville entrepreneuriale de l'année par la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante grâce notamment à tous ses commerces à saveur locale.

C'est aussi plusieurs créneaux d'excellence, dont celui en ressources, sciences et technologies marines pour cette région située en bordure du fleuve Saint-Laurent. De même que celui en écoconstruction, dont on peut voir les fruits depuis deux étés en visitant la maison ERE 132 aux Jardins de Métis.

« La région est diversifiée avec, en plus des créneaux d'excellence, plusieurs entreprises notamment dans les domaines de l'agriculture biologique et de la transformation alimentaire, puis le Bas-Saint-Laurent fait aussi partie des régions ressources », indique Nancy Robichaud, directrice régionale pour le Bas-Saint-Laurent du ministère de l'Économie, de la Science et de l'Innovation (MESI).

Si le taux de chômage, avec environ 9 %, est plus élevé en ce moment que la moyenne provinciale, c'est d'ailleurs beaucoup en raison des emplois saisonniers des secteurs forestier et agricole.

« On trouve surtout ces réalités dans les communautés rurales », indique Luc Lavoie, directeur général du Collectif régional de développement (CRD) du Bas-Saint-Laurent, l'organisme créé l'an dernier et financé par les MRC pour remplacer la conférence régionale des élus abolie par le gouvernement du Québec.

À l'extérieur des villes, la région a toutefois beaucoup misé sur le secteur de l'énergie éolienne.

« Plusieurs parcs éoliens dans la région ont été construits grâce à des partenariats privés et communautaires, et ils génèrent tous des bénéfices, alors on continue de développer de nouveaux projets », indique Luc Lavoie.

« Des entreprises pour réparer ces équipements se sont aussi développées », ajoute Mme Robichaud.

DÉFI DÉMOGRAPHIQUE

Le grand défi dans la région est celui de la démographie.

« Le vieillissement de la population est un enjeu partout au Québec, mais la population au Bas-Saint-Laurent vieillit encore plus vite, affirme Mme Robichaud. La proportion des gens de 65 ans et plus augmente rapidement. »

Plusieurs entreprises vivent des enjeux de recrutement, notamment pour remplacer les départs à la retraite.

Puis, il y a l'exode des jeunes, ou leur déplacement vers les principales villes de la région.

« Il faut travailler à retenir les gens dans la région et à en attirer d'ailleurs. C'est essentiel pour continuer à développer l'économie régionale, et aussi pour assurer une relève entrepreneuriale. » - Luc Lavoie

Pour se démarquer, le Bas-Saint-Laurent mise bien sûr sur sa beauté et sur sa qualité de vie, mais il ne s'en tient pas à ces éléments.

« On investit des efforts pour faciliter l'entrepreneuriat et la relève entrepreneuriale, puis on met de l'avant les grands défis que les entreprises de chez nous ont à offrir, affirme M. Lavoie. Un jeune qui a de la volonté ici peut vivre plusieurs expériences enrichissantes dans les entreprises, et il y a beaucoup de possibilités d'avancement. Il a aussi la chance de développer toutes sortes de compétences, par exemple en devenant membre d'un conseil d'administration. »

UNE CONCERTATION FORTE

Avec son grand territoire, où la moitié de la population est établie en milieu rural, la région doit également investir beaucoup d'efforts pour garder sa population vieillissante en santé et afin de maintenir les services de proximité dans les communautés.

« C'est un défi important de développement régional, affirme Mme Robichaud. Mais la région est reconnue pour sa capacité à faire appel à l'ensemble des intervenants pour travailler en collaboration afin de trouver des solutions. »

La région peut déjà compter sur plusieurs initiatives de concertation. La création du CRD en est un exemple, tout comme le Forum de concertation bas-laurentien, qui réunit les grands acteurs des différents milieux pour mettre en oeuvre des projets communs.

« Les gens dans le Bas-Saint-Laurent veulent travailler ensemble pour relever les défis », affirme Luc Lavoie.

Quatre projets

Parc éolien Nicolas-Riou

Environ 500 millions de dollars seront investis dans le parc éolien Nicolas-Riou dans le Bas-Saint-Laurent, où on installera cette année 65 éoliennes. Le projet de près de 225 mégawatts est réalisé grâce à un partenariat entre l'entreprise EDF (50 %), Énergie éolienne Bas-Saint-Laurent (33,3 %), une société détenue par les MRC du Bas-Saint-Laurent et la Première Nation Malécite de Viger, puis la Régie intermunicipale de l'Énergie - Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine (16,67 %). La mise en service est prévue pour décembre.

Premier Tech

Plus de 15 millions de dollars seront investis en 2017 à Rivière-du-Loup par Premier Tech, active dans le développement de produits et de technologies innovantes en agriculture. Pour se préparer à l'ajout de nouvelles usines dans les prochaines années, l'entreprise ajoutera des rues à son campus et construira un immeuble de bureaux de 60 000 pieds carrés afin de créer de l'espace pour les nouveaux besoins de main-d'oeuvre. L'entreprise a créé en 2016 seulement plus de 100 nouveaux emplois à Rivière-du-Loup.

Biotechnologies marines

Près de 3,66 millions de dollars sur trois ans ont été accordés récemment en aide financière au Centre de recherche sur les biotechnologies marines (CRBM) par le gouvernement du Québec. Une portion de la somme servira à soutenir la réalisation de deux projets de recherche en partenariat avec le privé pour concevoir de nouveaux produits. Cet investissement est lié au lancement de la première Stratégie maritime du Québec afin de mieux tirer profit du potentiel du fleuve et de créer des emplois dans le domaine.

Prelco

Cinq millions de dollars afin de mettre en place un programme d'investissement technologique ont été accordés par Investissement Québec à Prelco, un manufacturier de vitrages de bâtiments commerciaux situé à Rivière-du-Loup. Prelco a ainsi pu acquérir de l'équipement pour accroître sa capacité de production, des projets qui ont nécessité un investissement total de plus de 8 millions de dollars. L'entreprise prévoit ainsi doubler ses exportations aux États-Unis dans les prochaines années et accroître sa présence en Europe.