Montréal, ville universitaire, se démarque par son industrie du savoir, mais aussi comme l'un des grands pôles en aéronautique dans le monde ainsi que par son dynamisme en technologies de l'information (TI). Voici quelques détails sur le projet de mise en valeur du site Outremont de l'Université de Montréal et deux exemples d'entreprises innovantes dans ces domaines.

30 000 emplois prévus sur 10 ans

Les travaux de construction du site Outremont, un projet de l'Université de Montréal (UdeM) en association avec l'École Polytechnique Montréal et l'Institut national de la recherche scientifique (INRS), doivent commencer au printemps 2016. Sur un rayon de 1 km, ce pôle permettrait de créer 30 000 emplois directs et indirects sur un horizon de 10 ans et générerait 2,7 milliards de plus au produit intérieur brut, d'après une étude d'impacts d'Altus, commandée par l'UdeM. Le gouvernement du Québec s'est engagé à investir près de 175 millions pour financer la moitié du projet.

«Pour le gouvernement, les entrées fiscales seront de 600 millions», indique Yves Beauchamp, directeur général du développement du site Outremont.

Le Complexe des sciences, où s'installeront les départements de physique, de chimie, de biologie et de géographie, est à l'étape de la préparation des plans et devis.

«Le concept devrait être entériné prochainement pour lancer les appels d'offres et commencer la construction au plus tard au printemps 2016», indique Yves Beauchamp, qui précise que l'UdeM est en déficit d'espace de 1 million de pieds carrés bruts.

Il s'y grefferait un bâtiment dédié au génie et un centre de l'INRS pour regrouper les activités de recherche sur l'énergie, les matériaux et les télécommunications. Le début de la construction est prévu pour 2017.

«Une fois le projet à maturité, on y retrouverait une concentration de plus de 3000 étudiants, professeurs et personnel de soutien, indique M. Beauchamp. Plus d'une centaine de professeurs y seront spécialisés dans les nouveaux matériaux, ce qui créerait un pôle d'excellence majeur en Amérique du Nord.»

On prévoit aussi de construire un centre d'innovation où des entreprises pourront s'installer.

«Il est évident que ce pôle entraînera un développement important dans le secteur, indique M. Beauchamp. Nous travaillons aussi avec la Ville pour créer des milieux de vie intéressants aux abords du site.»

100 millions de vidéos du père Noël

Canada, États-Unis, Royaume-Uni, France : le succès des vidéos personnalisées du père Noël portable d'UGroupMedia est international. Le cap des 100 millions de visionnements depuis son lancement en 2008 a été franchi cette année.

Pourtant, au départ, les partenaires d'affaires d'UGroupMedia avaient pour objectif d'atteindre 10 000 vidéos pour le premier Noël. Le succès a finalement frappé instantanément et 10 000 vidéos par jour avaient alors été créées.

En lançant ce produit, Alexandre Bérard, 42 ans, président fondateur d'UGroupMedia et papa de trois enfants, a visé juste.

«Les cartes traditionnelles du père Noël étaient populaires auprès des enfants, mais ils ne peuvent pas les lire, alors l'aspect visuel des vidéos fonctionne énormément, remarque-t-il. En plus, les parents ont le contrôle sur le contenu de la vidéo et ils peuvent la visionner avant de la présenter à leur enfant.»

Une version de la vidéo est gratuite, mais pour plus d'options, la clientèle opte pour la version payante.

C'est par les médias sociaux que les vidéos du père Noël portable ont été popularisées.

«Nos vidéos sont pratiquement devenues virales, précise Alexandre Bérard, qui détient un baccalauréat en marketing. Notre page Facebook a maintenant plus de 700 000 fans ; c'est un des plus gros nombres au Canada!»

En plus du site www.portablenorthpole.com, UGroupMedia a conçu une application mobile iOS et Android, en anglais et en français.

«Nous atteignons le top 10 des applications téléchargées dans environ tous les marchés dans les semaines avant Noël, affirme M. Bérard. Nous nous positionnons aux côtés des grandes marques comme Ubisoft qui lancent des jeux juste avant Noël.»

UGroupMedia emploie une dizaine de personnes à temps plein et fait appel à énormément de main-d'oeuvre ponctuelle en période de pointe.

PHOTO UGROUPMEDIA

Alexandre Bérard, président fondateur de UGroupMedia, est en train de séduire le monde avec ses vidéos personnalisés du Père Noël. 

Des avancées en technologies vertes

Le secteur aéronautique doit de plus en plus adopter des technologies vertes, et Tecnickrome, une entreprise montréalaise de services de finition métallique de pièces d'aéronefs, a investi 5 millions de dollars en trois ans pour mettre au point des technologies de remplacement moins polluantes. Ces avancées ont permis une croissance des revenus et des employés d'environ 30 %.

Pour remplacer le traitement aux produits cyanurés pour la résistance à la corrosion, Tecnickrome a mis au point un procédé zinc nickel.

«Nous avons été les premiers au Canada à être homologués pour offrir ce procédé en aéronautique, précise Claude Gagliardi, président fondateur de Tecnickrome. Nous avons pu obtenir des contrats dans la chaîne d'approvisionnement de Gulfstream, une compagnie d'avions d'affaires, puis cela s'est étendu à d'autres joueurs, comme Liebherr, un fournisseur de trains d'atterrissage pour la CSeries de Bombardier.»

L'entreprise a aussi conçu un procédé de remplacement pour le traitement au chrome afin d'assurer une résistance à la friction.

«Nous sommes homologués par les grands donneurs d'ordres pour utiliser ce procédé sur les trains d'atterrissage, et maintenant, nous travaillons sur un projet pour les surfaces intérieures», indique M. Gagliardi.

Pour réaliser cette recherche et développement, Tecnickrome a embauché des ingénieurs et des chimistes, puis a créé des partenariats avec des universités grâce au soutien gouvernemental.

Maintenant, l'enjeu est de rentabiliser ces investissements en suscitant l'adhésion des concepteurs.

«Certifier ces nouvelles technologies demande du travail et prend toujours du temps, mais le processus de changement est bien enclenché, affirme Claude Gagliardi. Par contre, pour les petites entreprises qui investissent dans le développement de nouvelles technologies, c'est un défi, puisque les retours sur les investissements ne se font pas dans la même année fiscale. Nous avons besoin de soutien.»

Tecnickrome a été fondée en 1986 et compte 130 employés. Environ 10% du chiffre d'affaires est investi en R & D.

PHOTO IVANOH DEMERS, LA PRESSE

Claude Gagliardi est le président deTecnickrome.