Réduire les coûts, améliorer l'image de l'entreprise, attirer et retenir les talents, rassurer les investisseurs: le développement durable est une excellente façon d'atteindre ces objectifs. Mais comment s'y prendre? La Presse vous présente cette série pour en savoir plus. Cette semaine: la compensation des émissions de gaz à effet de serre. Dernier d'une série de six articles.

Quel que soit son secteur d'activité, toute entreprise émet des gaz à effet de serre (GES) qui contribuent au réchauffement climatique. Si l'on peut réduire ces émissions grâce à des mesures comme l'efficacité énergétique ou le covoiturage, il est pratiquement impossible de les ramener à zéro.

On peut cependant annuler, en totalité ou en partie, les émissions que l'on n'a pas pu éliminer à la source en participant à un programme de compensation volontaire. Mais attention! Pour qu'il soit valable, l'exercice demande de la rigueur, et il faut choisir avec soin son fournisseur de crédits de compensation.

On retrouve principalement deux grands types de compensation de GES. Elle peut se faire soit par la plantation d'arbres, soit par le financement de projets d'efficacité énergétique ou d'énergie renouvelable mis en place pour remplacer des sources d'énergie émettrices de GES. Ces derniers projets ont souvent lieu dans des pays en voie de développement.

Au Québec, plusieurs organismes offrent des services de compensation de GES aux entreprises. Pour s'assurer qu'ils soient crédibles, on doit porter attention à trois critères, selon Véronique Morin, directrice de projets chez Planetair, un service à but non lucratif de compensation de carbone offert par le Centre international Unisféra.

«Dans le monde de la compensation, il existe de bons produits et des mauvais, dit-elle. Pour s'assurer que les crédits soient valables, il faut qu'ils soient vérifiés et certifiés par un tiers indépendant et reconnu, comme Gold Standard. Ils doivent aussi être enregistrés dans un registre reconnu, et le fournisseur doit faire preuve de transparence en fournissant un rapport annuel de gestion qui donne des détails sur les projets mis en place.»

Mesurer

Le calcul de l'empreinte carbonique est un processus dont toutes les étapes et la méthodologie ont été normalisées par ISO, et qui doit être fait à l'aide d'outils de calcul, ou par des spécialistes dans les cas plus complexes, explique Claude Villeneuve, directeur de la chaire en éco-conseil de l'Université du Québec à Chicoutimi. On procède à un inventaire rigoureux des émissions finales de GES pour déterminer le nombre de tonnes à compenser, explique-t-il.

Il faut aussi préciser les limites de cet inventaire. «La plupart des entreprises s'en tiennent aux émissions directes, par exemple la consommation d'essence de leurs véhicules, ajoute Claude Villeneuve. Mais on peut y ajouter les émissions indirectes qui sont de notre responsabilité, et les émissions de troisième niveau, comme celles reliées à nos fournisseurs.»

De plus, ajoute-t-il, on peut établir un inventaire global pour toutes les activités de l'entreprise, ou bien le ramener à l'échelle unitaire si on est manufacturier.

«Par exemple, si vous produisez des gâteaux, vous allez diviser la quantité totale d'émission par le nombre de gâteaux produits, ce qui va vous permettre de connaître le total d'émissions par gâteau», dit-il.

Dans l'industrie des services, où l'on parle surtout de travail de bureau, on calcule généralement les déplacements du personnel, qui représentent 95% des émissions. On y ajoute le chauffage quand il provient d'un carburant fossile.

Une fois que l'on a compensé ses émissions, on peut le déclarer publiquement si on le souhaite.

Mais attention: avant de faire des déclarations publiques, mieux vaut s'assurer que notre inventaire de GES a été vérifié par un tiers habilité à le faire. C'est une question de crédibilité.