Bain Ultra, Biscuits Leclerc, Nova Envirocom, Myco Anna: qu'on en commun ces entreprises québécoises?

Elles font toutes de l'écoconception, une démarche en émergence au Québec et qui séduit de plus en plus d'entrepreneurs.

L'écoconception intègre les principes du développement durable dans le processus traditionnel de création de nouveaux produits, et ce, dès les premières étapes.

Prévenir au lieu de guérir! C'est ainsi que l'on pourrait décrire l'écoconception.

Au lieu de remédier aux problèmes environnementaux que pose un produit une fois sur le marché, on évite de créer ces problèmes dès le départ!

«C'est à l'étape de conception d'un produit, quand il n'est pas encore fabriqué, que c'est le temps d'agir parce qu'on a la latitude de choisir les matériaux, les fournisseurs, la façon de l'assembler et de le démanteler à la fin de sa vie utile», dit Natalie Blouin, conseillère en conception de produits et en développement durable à l'Institut de développement de produits.

De 70% à 85% des impacts d'un produit sont déterminés au moment de sa conception, affirme Mme Blouin.

«On peut donc agir à cette étape en ayant le maximum de rendement, au lieu de revenir en arrière une fois que le produit est sur les tablettes, explique-t-elle. Beaucoup d'entreprises font des efforts pour rendre leurs procédés de fabrication moins polluants, mais si les concepteurs y avaient pensé dès le début, peut-être que l'on n'aurait même pas choisi les procédés en question.»

Le cycle de vie complet

Évidemment, l'écoconception demande un effort supplémentaire de la part des entrepreneurs. Ils doivent tenir compte de l'ensemble du cycle de vie du produit pour prendre leurs décisions.

«Il n'est pas obligatoire de faire une analyse du cycle de vie détaillée répondant à la norme ISO 14 040, mais il faut absolument considérer le cycle de vie complet du produit pour éviter les fausses bonnes idées, dit Natalie Blouin. On voit des tentatives maladroites d'écoconception de la part de gens qui pensent qu'en rendant leur produit plus facilement recyclable à la fin, ils ont la solution. Mais si on regarde l'ensemble du cycle de vie du produit, on se rend compte qu'en faisant cela, ils ont créé d'autres impacts plus importants.»

L'écoconception demande aussi davantage de recherche en ce qui concerne les fournisseurs, car il faut parfois modifier ses sources d'approvisionnement et trouver des fournisseurs qui font, eux aussi, des efforts pour réduire leur empreinte écologique.

Des résultats concrets

Selon une étude réalisée en 2008 par l'Institut de développement de produits, l'écoconception est une pratique rentable pour les entreprises qui y ont recours.

Pour évaluer le retour économique de l'écoconception pour ses précurseurs et démontrer son potentiel, l'Institut a étudié le cas de 30 entreprises qui l'utilisaient, 15 au Québec et 15 en France. «Sur les 30 cas que nous avons répertoriés, 28 ont obtenu une augmentation des profits et, pour les deux autres, le résultat était neutre, dit Natalie Blouin. Aucune de ces entreprises n'a connu de pertes.»

De plus, pour une majorité des entreprises ayant participé à l'étude, l'écoconception a entraîné une réduction des coûts de production par rapport à un mode traditionnel. Ces économies ont été générées par une réduction des matières premières utilisées ou de l'énergie consommée dans le processus.

L'écoconception apporte aussi des impacts positifs sur le plan de l'innovation et de la créativité de l'entreprise, ainsi que sur les ressources humaines. Selon l'étude, les entreprises ont noté une plus forte motivation et un engagement des employés envers l'entreprise, ainsi qu'un intérêt accru pour le nouveau produit écoconçu.