Au départ, Marc-André Blanchette a ouvert un compte d'épargne libre d'impôt (CELI) simplement pour «jouer à la Bourse». Ces investissements lui ont finalement permis de réaliser un beau projet : lancer sa propre entreprise en communication !

C'est dans le cadre de son emploi à la Chambre des communes que M. Blanchette a découvert le CELI pour la première fois. « J'ai compris que les rendements n'étaient pas imposables, raconte-t-il. Alors je me suis ouvert un compte sur Questrade [une plateforme de courtage à escompte] et j'ai commencé à m'amuser là-dedans. Je l'ai utilisé pour commencer à faire de l'investissement autonome, ça m'a forcé à apprendre les rudiments des marchés boursiers. »

Pour choisir ses investissements, il a lu différents textes sur des sites comme Investopedia et Motley Fool. Il s'est aussi mis à lire tous les articles écrits sur certaines entreprises. « J'utilise les principes des affaires publiques pour aller chercher l'information et faire les bons choix, indique-t-il. Par exemple, quand une question d'acceptabilité sociale nuit à la profitabilité d'une entreprise, c'est à ce moment-là que j'en achète. »

La stratégie n'a pas toujours été payante. Il avoue avoir fait quelques mauvais choix au fil des ans.

Globalement, il affirme toutefois avoir réussi à s'en sortir avec des rendements intéressants.

L'argent accumulé ainsi à l'abri de l'impôt l'a aidé à lancer son entreprise, Ohm Relations Publiques, en 2016. « Quand tu démarres une entreprise, les dépenses arrivent et les revenus ne suivent pas nécessairement au début, explique M. Blanchette. Ça m'a permis de payer certains frais et régler certains problèmes. »

QUELQUES CONSEILS D'EXPERTS

« C'est bien de voir que les gains qu'il a faits ont contribué au lancement de son entreprise, c'est un bel exemple », commente Francis Sabourin, directeur, gestion de patrimoine, et gestionnaire de portefeuille chez Richardson GMP.

Par contre, si la stratégie de M. Blanchette lui a permis d'obtenir de bons résultats, elle n'est pas nécessairement adaptée à tous les investisseurs. « Il faut de bonnes connaissances pour choisir des titres individuels, souligne Brigitte Felx, planificatrice financière chez RBC Banque Royale. De plus, si on a peu de temps et de connaissances, il faut se demander si on a la capacité de gérer soi-même son portefeuille ou s'il ne vaudrait pas mieux faire appel à un conseiller. »

L'investisseur autonome doit aussi s'assurer de tenir compte de son profil d'investisseur. Dans le cas contraire, il pourrait commencer à éprouver des problèmes de sommeil ! « Il faut évaluer le risque en tenant compte, entre autres, de son horizon de placement », note Mme Felx.

Une crise économique au mauvais moment aurait pu nuire, à court terme, à la capacité de M. Blanchette de puiser dans ses économies pour son projet, par exemple. « En 2008-2009, nous avons connu la pire crise financière depuis la Grande Dépression, rappelle Mme Felx. L'indice mondial a perdu 50 %. Si on investit à court terme et qu'une crise survient, on n'aura peut-être pas le temps nécessaire pour récupérer nos pertes. »

ATTENTION : LE DAY TRADING EST IMPOSABLE

Autre petite mise en garde aux investisseurs autonomes : faire de très nombreuses transactions pourrait être considéré comme du day trading. « Ça devient alors un revenu de travail », explique M. Sabourin. Le fisc pourrait alors réclamer de l'impôt sur cette somme. Il s'agit cependant de cas très rares.

Quant à M. Blanchette, le REER pourrait aussi être bon pour lui. « Lorsqu'on démarre une entreprise, on n'a pas nécessairement des revenus très élevés, avance M. Sabourin. Mais lorsqu'ils augmentent, le REER devient intéressant pour économiser de l'impôt. Il pourrait alors épargner dans le REER puis mettre son remboursement d'impôt dans son CELI ensuite. »