Le CELI est-il à conseiller à tout le monde ? Est-il recommandé dans certaines situations, à proscrire dans d'autres? Chaque cas est particulier et appelle une réponse adaptée d'un professionnel, mais voici quelques situations pour lesquelles le CELI est une bonne solution.

En un mot, «tout le monde ou presque peut épargner, donc le CELI est pour tout le monde», affirme Denis Jacques, planificateur financier au Groupe Ethika.

La règle générale: quand on dégage de l'épargne, le CELI est bien sûr à envisager en complément du REER.

Mais il ne faut jamais oublier que «la priorité reste de rembourser ses dettes à intérêts élevés comme les cartes de crédit des institutions financières ou de magasins», martèle Stéphane Chrétien, titulaire de la chaire Groupe Investors en planification financière de l'Université Laval.

Quant à l'équilibre entre les versements à faire dans le REER et dans le CELI, il dépend de chaque situation. Mais une chose est sûre, «il ne faut pas mettre toute son épargne dans le CELI au détriment du REER, recommande Denis Jacques, car ce dernier permet des remboursements d'impôt qui peuvent d'ailleurs être reversés dans un de ces deux véhicules d'épargne».

Le CELI peut être particulièrement avantageux pour ces différents profils.

Épargnant discipliné

Si le CELI est un véhicule d'épargne recommandé dans à peu près toutes les situations, sa souplesse, généralement considérée comme un atout, peut aussi devenir un piège.

«Le CELI présente un défaut psychologique, remarque Stéphane Chrétien. Comme il est facile de retirer des sommes du CELI, on peut avoir tendance à y toucher et donc à moins accumuler d'épargne que prévu. Contrairement au REER, où la procédure de retrait est plus complexe, ce qui décourage plus les retraits intempestifs.»

Mais, comme le souligne Denis Jacques, «c'est tout de même moins facile de retirer de l'argent d'un CELI que d'un compte chèques», ce qui limite l'hémorragie. Le profit retiré d'un CELI est donc maximisé par les épargnants organisés et disciplinés qui ont un budget et s'en tiennent à leur planification. Ceux-là mettent même le remboursement d'impôt provenant de leurs cotisations au REER dans leur CELI, et la boucle est bouclée!

Financement d'un projet

Quel que soit l'âge, le CELI est un bon moyen de financer un projet coûteux, puisqu'il permet d'épargner, mais aussi de faire fructifier les sommes versées et de retirer quand on le souhaite l'argent dont on a besoin.

Des jeunes peuvent l'utiliser afin de financer la mise de fonds pour l'achat d'une maison ; des couples avec des enfants, pour une résidence secondaire, par exemple.

Les retraités aux revenus modestes

Tous les retraités ont intérêt à posséder un CELI. En effet, comme l'argent qu'ils sortiront n'est pas imposé, il ne leur fera pas changer de taux d'imposition en les faisant passer au-dessus d'un certain seuil.

Mais pour ceux qui prévoient avoir un revenu modeste à la retraite, l'intérêt du CELI est encore plus évident. Ils devraient en effet cotiser au maximum à leur CELI et peut-être même privilégier cette voie par rapport au REER à un certain moment, car «l'argent retiré du CELI n'est pas pris en compte pour calculer les prestations sociales, si bien qu'il n'a pas d'impact sur leurs montants. Tandis que les rentes issues du REER peuvent faire baisser les prestations sociales. Par exemple, le supplément de retraite garanti n'est versé que si une personne a un revenu inférieur à une certaine somme. Si, avec les REER, elle gagne plus, elle perd ce complément. Avec l'argent retiré du CELI, non», explique Denis Jacques.

Couples mariés sous le régime de la séparation de biens

L'un des intérêts du CELI est qu'il «n'est pas considéré comme faisant partie du patrimoine familial», note Martin Fagnan, associé fiscaliste au cabinet Demers-Beaulne. Si bien qu'en cas de divorce, il n'est pas partagé entre les deux ex-époux si tant est qu'ils étaient mariés sous le régime de la séparation de biens. Le titulaire du compte conserve donc l'intégralité des sommes investies dans son CELI ainsi que les rendements.

Les nantis

Le CELI offre un bon complément d'épargne en vue de la retraite pour un grand nombre de personnes, mais notamment celles ayant un revenu très élevé, car les REER ne suffisent généralement pas à leur permettre de conserver un train de vie similaire pendant la retraite à celui de leur vie active.

Les voyageurs au long cours

«Si quelqu'un quitte le Canada pendant quelques années, il peut conserver son CELI», souligne Martin Fagnan. Il ne peut plus y contribuer, mais les sommes investies continuent de fructifier à l'abri de l'impôt. Le fait d'être non-résident n'a pas d'impact fiscal, à tout le moins au Canada.