Cinq ans seulement après son lancement, le CELI est en voie de surpasser le REER sur le plan des cotisations annuelles. À ce chapitre, le Québec arrivait en 2011 au 7e rang au pays. Selon Statistique Canada, les placements CELI ont totalisé 30 milliards, tandis que les investissements REER se sont chiffrés au pays à 34 milliards la même année.

«On voit bien que le CELI prend le pas sur le REER, constate la fiscaliste Angela Iermieri, de Desjardins. À ce rythme, il n'est pas impensable d'imaginer que les cotisations dans ce véhicule à l'abri de l'impôt seront bientôt similaires à celles du REER dans un proche avenir.»

Même constat de la part du planificateur financier Denis Jacques. «Plus nos clients en connaissent les avantages, plus ils cotisent. Ce produit de placement, bien qu'il soit encore méconnu, gagne en popularité», indique le planificateur, qui travaille au sein du Groupe Ethika, sur la Rive-Sud de Montréal.

Comment expliquer un tel engouement? «Le CELI est une formule flexible qui présente de nombreux avantages pour les épargnants qui ont des projets à court terme, mais aussi à plus long terme, répond Angela Iermieri. Ça peut devenir un complément monétaire, lors de la retraite, si on a réussi à accumuler de bonnes sommes d'argent.»

Certains vont se servir de leur CELI pour à terme enrichir leur REER, après avoir accumulé plusieurs milliers de dollars à l'abri de l'impôt. «C'est une autre façon d'améliorer ses revenus de retraite», relève le planificateur Denis Jacques.

Or, pour faire gonfler la cagnotte plus rapidement, il importe de cotiser le plus possible à son CELI, pour atteindre la limite permise par le gouvernement.

En 2014, cette limite demeure inchangée pour la deuxième année d'affilée, à 5500$. Elle était de 5000$ en 2012.

Ceux qui n'ont pas encore souscrit à un tel compte d'épargne peuvent verser 31 000$ d'un seul coup, dès cette année, en utilisant leurs droits de cotisation non utilisés depuis 2009.

«Si vous vivez en couple et que vous êtes un nouveau cotisant au CELI, cela vous donne droit à une cotisation de 62 000$», précise Angela Iermieri.

Des rendements

Mais attention: pour «rentabiliser» son CELI, il importe de faire les bons choix de placement, prévient l'experte en planification financière.

«Ça ne devrait pas être perçu comme un simple compte d'épargne où on fait des dépôts et des retraits comme bon nous semble, précise-t-elle. Aussi faut-il éviter de piger dedans à tout moment, et il vaut mieux, si on suit ce raisonnement, se fixer des objectifs de rendements et investir là où ça rapporte. Tout cela demande de la planification.»

Or, cette discipline n'est pas donnée à tout le monde. Une récente étude de la firme Investors Economics illustre à quel point la perception envers le CELI peut parfois être faussée.

En effet, plus de la moitié (52%) des détenteurs de CELI sondés par la firme disent avoir opté pour la formule ultraconservatrice du compte d'épargne, qui ne produit pas de rendements. Tandis que 30% ont choisi les CPG (certificats de placement garanti) et 10% seulement, les fonds communs de placement.

Pas de limite

Il faut rappeler, par ailleurs, que contrairement au REER, où il faut cesser de mettre de l'argent dès l'âge de 71 ans, il n'y a pas de limite d'âge pour cotiser au CELI. Et comme le précise l'Agence du revenu du Canada (ARC) sur son site internet, «nul besoin d'avoir un revenu gagné pour cotiser à un CELI».

«Voilà un élément qui rejoint une clientèle de personnes âgées qui veulent continuer à placer leur argent sans se faire imposer», note la fiscaliste de Desjardins.

Ainsi va le CELI, ainsi vont vos épargnes? Les planificateurs financiers s'entendent sur un point: cette formule devrait faire exploser l'épargne des particuliers au cours des prochaines années, au fur et à mesure que les plafonds autorisés seront relevés.

Ces mêmes planificateurs vous rappelleront toutefois qu'il ne faut pas pour autant tout miser sur le CELI et négliger ses cotisations au REER.

Tout est une question d'équilibre.