L'arrivée du CELI il y a trois ans a été un cadeau pour les épargnants canadiens. Mais en même temps, elle suscite de nombreuses interrogations quant à la façon la plus avantageuse de gérer ce compte d'épargne libre d'impôt.

Quels types de placements doit-on mettre dans son CELI? Les titres qui sont les plus imposés, telles les obligations, ou les titres qui offrent le plus fort potentiel de rendement, telles les actions de pays émergents ou de petites capitalisations.

Comment se comparent le CELI et le REER quant aux investissements que l'on doit privilégier dans chacun de ces régimes enregistrés?

Que doit-on laisser dans les comptes non enregistrés lorsque l'épargne excède les droits de cotisation aux deux régimes enregistrés?

S'il convient d'apporter à ces questions toute l'attention nécessaire, cela est dû à l'impact fabuleux qu'aura éventuellement le CELI sur la situation financière des individus.

Effet d'enrichissement

«Le CELI est un cadeau incroyable du gouvernement», estime Éric Brassard, planificateur financier chez Brassard Goulet Yargeau, Services financiers intégrés.

Depuis 2009, tous les Canadiens âgés de 18 ans et plus peuvent cotiser 5000$ par année à un CELI.

«Parce que les droits de cotisations peuvent être reportés aux années suivantes, imaginez l'effet que le régime aura dans seulement cinq ou six ans pour un jeune qui avait 18 ans à l'époque», signale M. Brassard.

Lorsqu'il sera âgé de 25 ans en 2016, ce jeune homme et sa conjointe, si elle a le même âge, auront droit de détenir ensemble 80 000$ dans un compte à l'abri de l'impôt. Et c'est sans compter les indexations aux droits de cotisation qui suivront l'augmentation de l'indice des prix à la consommation.

De plus, l'effet d'enrichissement sera majeur pour ceux qui ont commencé à cotiser dès le début.

Rappelons qu'en mars 2009 les marchés ont touché un creux important. Les gens qui ont alors ouvert un compte CELI et qui ont investi dans des actions au cours des deux dernières années voient le solde de leur compte grossir sans cesse depuis ce moment. «Ce fut une vraie bénédiction que le CELI ait été créé en 2009», dit Éric Brassard.

Plus «agressif»

Règle générale, il faut détenir la partie la plus «agressive» de ses placements dans le CELI et la partie la plus modérée dans le REER.

Les comptes non enregistrés servent de tampon entre les deux. Cette stratégie vise à gonfler le CELI, et la raison de le faire est essentiellement fiscale, explique M. Brassard.

Il va de soi que la gestion du portefeuille doit commencer par l'établissement d'une bonne répartition d'actifs. Il s'agit de déterminer les placements qui vous conviennent en fonction de votre profil d'investisseur et de votre tolérance au risque.

Une fois cela fait, les actifs les plus risqués iront dans le CELI dans la mesure de l'espace disponible. Cela parce que le CELI est un régime d'épargne enregistré beaucoup souple d'utilisation que le REER.

On n'a pas à se préoccuper du taux marginal d'imposition lors du décaissement comme c'est le cas pour les retraits d'un REER.

«Les gens ne doivent pas se laisser aveugler par les déductions d'impôts que procurent les cotisations au REER», dit M. Brassard. La notion que le REER doit être privilégié à cause des déductions d'impôts est fort discutable, selon lui.

«Dans les faits, le REER est un abri fiscal pur, comme le CELI», dit-il.

Décaissement

On dit souvent que le REER comporte deux avantages, soit l'économie d'impôts et l'impôt différé sur les rendements.

Mais cette affirmation est fausse, selon M. Brassard. «À taux marginal d'imposition égal au moment de la cotisation et au moment du décaissement, le REER permet d'obtenir un rendement après impôt égal au rendement avant impôt», dit-il. Le seul effet est de rendre les rendements non imposables. Comme pour le CELI.

Il y aurait bien sûr un gain à réaliser si le taux d'imposition marginal s'avérait inférieur lors du décaissement.

«On tient souvent pour acquis qu'il sera plus bas, mais ce n'est pas toujours le cas», dit M. Brassard. Par exemple, s'il y a décès prématuré, le REER entier est imposé dans la même année à un taux d'impôt marginal élevé.

De plus, les retraits du REER une fois la retraite arrivée entraînent souvent la perte de la pension de la Sécurité de la vieillesse du Canada, ce qui fait aussi augmenter les taux marginaux de 8 à 9%.