Le temps de la pioche est révolu dans plusieurs champs de laitues de la Montérégie grâce au travail de robots qui exécutent maintenant cette tâche.

À Sherrington, Denys Van Winden, copropriétaire de Production Horticole Van Winden, est l'un des producteurs qui utilisent cette technologie. «En terre organique, aucun herbicide ne peut être utilisé pour éliminer les mauvaises herbes entre les laitues. Pour abattre cette tâche, des dizaines de travailleurs sont requis et doivent désherber à la pioche», indique-t-il.

Pour diminuer les coûts de main-d'oeuvre et demeurer concurrentiel devant les producteurs américains, il s'est mis à la recherche d'une autre option. «Nos dépenses ont doublé, mais nous ne vendons pas notre produit deux fois plus cher. Si on veut survivre, il faut s'adapter.»

Une solution néerlandaise

Une solution a commencé à poindre à l'horizon lorsque le producteur a entendu parler de robots désherbeurs. En compagnie d'un spécialiste de la machinerie horticole, Mario Bisaillon, copropriétaire d'Univerco, il s'est rendu à Hanovre, en Allemagne. Là-bas, effectivement, les fameux robots existaient, ils avaient fait leurs preuves et trois entreprises les distribuaient. Denys Van Winden, confiant, a acheté une machine néerlandaise, facile à utiliser et robuste.

Le principe de ce robot désherbeur est simple. Des caméras cachées sous un capot transmettent des informations à un logiciel. Ce dernier réussit, grâce à ces images, à différencier la laitue de la mauvaise herbe. «C'est le même principe qu'un logiciel de reconnaissance des visages sauf qu'ici, il s'agit de mauvaises herbes», explique Mario Bisaillon. Une fois la mauvaise herbe détectée, un couteau actionné par un système de pression d'air procède au désherbage. Un écran tactile à l'intérieur du tracteur permet de contrôler les paramètres de la machine. Sa vitesse de croisière est de 2,5 km/h. Le nombre d'employés pour réaliser cette tâche: un seul. Celui qui s'occupe des paramètres d'ajustements.

Un ennui avec le robot? Encore une fois, la technologie permet de régler le problème en un rien de temps. Un technicien basé aux Pays-Bas prend le contrôle par internet et corrige les paramètres défectueux. «Je ne touchais à rien et je voyais les couteaux être testés. C'est merveilleux. La seule difficulté que nous avons c'est le décalage horaire», raconte le producteur avec le sourire.

À l'heure actuelle, quatre robots sont en fonction au Québec. Évidemment comme ils sont fabriqués en Europe, ces derniers ont demandé des ajustements. «Le problème est le poids de la machine. Dans des terres noires, il faut quelque chose de léger pour éviter de compacter trop le sol. Il a aussi fallu des ajustements au logiciel parce que la laitue n'est pas tout à fait de la même couleur ici qu'en Europe», précise Denys Van Winden.

L'achat d'un tel robot n'est pas à la portée de tous et se détaille autour de 140 000$. Pour réaliser ces acquisitions, les producteurs ont eu recours à une coopérative d'utilisation de matériel agricole (CUMA) de Shernap composée de neuf membres. «Cette année, je veux désherber 50% de mes champs avec cette machine. Mes travailleurs devront passer quand même, mais ils vont toutefois le faire deux fois plus rapidement et je vais pouvoir les faire travailler à autre chose», dit-il.