Les enjeux ne manquent pas en Estrie, où l'activité bioalimentaire (l'agriculture et l'agroalimentaire confondus) est très diversifiée. Projets de relève, occupation du territoire, nouvelles cultures, mise en place d'entreprises agrotouristiques, bref, tout ce qui assurera la pérennité de cette région zonée agricole à 69% est sur les écrans radars, assure Alain Roy, directeur régional du MAPAQ-Estrie.

D'une part, la région veut consolider ses entreprises existantes, dit-il. D'autre part, elle veut conserver ses magnifiques paysages et protéger la qualité de ses eaux.Surtout, elle veut préparer une relève, voire attirer des jeunes aux nouvelles idées qui permettront une meilleure occupation du million d'hectares de terres et de forêts.

Si le problème de relève n'est pas «criant», il demeure préoccupant, croit François Bourassa, président de l'UPA-Estrie. On vient de mettre en place une banque de propriétaires (elle compte déjà six noms) n'ayant pas de relève pour trouver des releveurs et les encadrer.

Suivant la même logique, la MRC de Memphrémagog, où les plus grosses fortunes québécoises possèdent d'immenses domaines, joint l'initiative «banquedeterre.ca» présente dans la MRC de Brome-Missisquoi, en Montérégie.

Dans cette région où les terres sont également hors de prix, on désire réunir les riches propriétaires fonciers et les aspirants agriculteurs qui ont des idées, mais pas suffisamment d'argent.

On encadre tout le processus (même notarial) de location de terres agricoles. «Les paysages de l'Estrie ont été façonnés par l'agriculture. On ne peut laisser en friche des propriétés acquises par des gens de la ville qui veulent uniquement avoir la paix», souligne François Bourassa.

L'Estrie compte 2600 entreprises générant des recettes de 480 millions. Du lot, les fermes laitières (9% du quota laitier du Québec), la production porcine (60 maternités et une centaine de fermes d'élevage) de même que l'acériculture (5,7 millions d'entailles) rapportent plus de 351 millions.

Le reste provient des élevages bovins et ovins, de la pisciculture, de la culture d'arbres de Noël, de la production horticole, des fromageries et des marchés publics.

Agrotourisme et diversification

La pérennité du bioalimentaire en Estrie passe aussi par l'agrotourisme et la diversification des activités agricoles, croit Alain Roy, du MAPAQ, comme l'émergence de fromageries. Une entreprise piscicole (Les Bobines, à East Hereford) qui transforme sa production sur place en est un autre. L'expansion de la production ovine où les plantes fourragères occupent plus de 75% de la superficie cultivée l'est tout autant.

Les vignobles, vergers, bleuetières, érablières, framboisières, bergeries, mielleries, fromageries, roseraies et autres champs de lavande attirent annuellement plusieurs centaines de milliers de visiteurs. «Ce sera encore plus marqué dans les années à venir. Surtout avec la politique de souveraineté alimentaire annoncée par le gouvernement», dit Alain Roy.

La mise en place de plans de développement des zones agricoles (PDZA) dans deux MRC de l'Estrie devrait favoriser une synergie entre le milieu agricole, le milieu des affaires et les décideurs.

20 000

Nombre de personnes qui travaillent dans le secteur bioalimentaire, c'est-à-dire 13% de tous les emplois en Estrie, ou près de un emploi sur huit.

2600

Nombre d'entreprises du secteur bioalimentaire (agriculture et agroalimentaire confondus)

480 millions

Recettes générées en Estrie par l'agriculture et l'agroalimentaire

Sources: MAPAQ et UPA