L'industrie agroalimentaire québécoise est en croissance et fournit déjà plus de la moitié des achats alimentaires au Québec. Elle a toutefois des défis à relever.

Les recettes financières agricoles provenant du marché ont atteint plus de 7 milliards en 2011, en hausse de 11% par rapport à 2010, d'après le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ) qui publiera prochainement les données pour 2012.

L'activité agricole est présente dans chaque région de la province avec une prédominance en Montérégie, Chaudière-Appalaches et dans le Centre-du-Québec où sont réalisés près de 65% des revenus agricoles provenant du marché.

Les productions animales réalisent près de 70% des recettes.

Pourtant, ces producteurs vivent des difficultés importantes depuis quelques années en raison du prix élevé des céréales.

«On voit des producteurs abandonner ou réduire leur troupeau, affirme Marcel Groleau, président de l'Union des producteurs agricoles (UPA). Nous espérons atteindre un équilibre parce que les gens mangent autant de viande qu'avant, mais elle vient davantage d'ailleurs.»

Les importations bioalimentaires internationales ont connu un taux de croissance historique de 23% entre 2010 et 2011 pour atteindre 5,7 milliards. Les exportations, elles, ont progressé de 13%, à 5,6 milliards.

La viande porcine est toujours le produit le plus exporté avec 24% de l'ensemble.

Production diversifiée

Pour l'Union paysanne, le manque de diversification de la production est un problème majeur au Québec. «L'agriculture québécoise n'arrive pas à répondre aux différents besoins du marché», affirme son président, Benoit Girouard.

Il donne l'exemple de Jean-Pierre Léger, des Rôtisseries St-Hubert, qui est incapable de trouver du poulet sans antibiotiques en grande quantité.

L'UPA soutient que pour qu'un producteur se tourne vers l'élevage de volume sans antibiotiques, il faudrait créer d'énormes fermes.

«Prenons l'élevage de porcs, dit M. Groleau. Je présume qu'il faudrait adopter le mode d'élevage sur des sites isolés pour éviter que les bêtes soient contaminées par des voisins. Il faudrait cesser d'intégrer les porcelets dans les élevages par risque de contamination pour créer des parcs pour les différents âges. Pour être compétitif, il faudrait avoir 2500 truies au lieu de 250! Aux États-Unis, ils le font, mais ce n'est pas le type d'élevage que les Québécois souhaitent.»

Pour l'Union paysanne, le système de mise en marché collective de l'UPA et les subventions agricoles amènent la standardisation des produits.

Petits producteurs

L'UPA a mis en place récemment une table de mise de marché à l'échelle régionale pour se pencher sur les défis des petits producteurs.

«Ils ont de la difficulté à avoir suffisamment de produits pour remplir un étal d'un marché public et ils ne peuvent pas accéder aux chaînes de supermarchés», explique le président de l'UPA qui vient d'ailleurs d'intégrer à ses conseils d'administration locaux un représentant de petite ferme.

De plus, le programme d'appui financier à la relève agricole de La Financière agricole a été bonifié lors du lancement de la Politique de souveraineté alimentaire du gouvernement du Québec. Le chiffre d'affaires minimal pour être admissible à la subvention au démarrage passe de 50 000 à 30 000$.

Le défi se trouve aussi dans les normes à respecter

«Les règles sont les mêmes pour les petites entreprises et pour les grandes, et la lourdeur administrative pose souvent problème pour les petits joueurs, affirme Marcel Groleau. Il faut trouver des solutions plus cohérentes pour permettre aux deux types de production de se développer.»

57000: Nombre de personnes travaillant en activité agricole au Québec d'après le MAPAQ

SOURCE : MAPAQ, 2011.