Depuis quelques mois, des serres apparaissent un peu partout dans le milieu urbain. Depuis mars, des légumes poussent dans une serre juchée sur le toit d'un immeuble à Montréal. Inusité, ce type d'agriculture urbaine?

«Nous sommes les premiers au monde!», indique le président-fondateur des Fermes Lufa, Mohamed Hage, 29 ans.

D'une superficie de 31 000 pieds carrés, la serre, située dans l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville tout près du Marché central, est petite comparée à certaines serres industrielles, qui peuvent être jusqu'à 10 fois plus grandes, comme c'est le cas des entreprises Demers et Sagami.

Quant à Savoura, il s'agit du plus grand producteur de la province, avec un total de 18 hectares répartis dans cinq complexes au Québec.

Clientèle de proximité

La polyculture de Lufa (tomates, concombres, aubergines, haricots verts et autres légumes) est destinée à une clientèle de proximité. «Nos consommateurs sont répartis dans un rayon de cinq kilomètres. On fait de la distribution en vrac à des points de chute, où on achemine entre 750 et 800 paniers par semaine», relate l'entrepreneur d'origine libanaise.

Si, pour l'instant, la serre ne permet de rejoindre qu'une infime partie de la population montréalaise, le projet, lui, est en pleine expansion.

Deux nouvelles serres du même genre devraient voir le jour à Montréal dès l'année prochaine grâce à une entente récemment conclue avec le Groupe Montoni, reconnu pour ses constructions certifiées LEED (Leadership in Energy and Environmental Design).

«On a été approché par des promoteurs d'autres villes comme Québec, Ottawa et même Boston, mais on préfère développer notre expertise ici avant d'aller ailleurs», affirme M. Hage. Mais à constater le succès de l'entreprise, ça ne saurait tarder.

Même l'hiver!

Et l'hiver, on continue la production? «Oui, et c'est même plus facile! Il n'y a pas d'insectes et on gère mieux la température qu'en été, alors qu'il fait souvent trop chaud et qu'il faut abaisser la température de la serre.»

Le fait que la structure en verre récupère la chaleur de l'immeuble sur lequel elle est installée permet de réduire considérablement la facture d'électricité, en particulier durant la saison froide.

La plupart des producteurs en serre du Québec ne peuvent donc pas se permettre de produire à l'année. «On évite les mois de décembre et janvier qui sont vraiment plus énergivores», indique André Mousseau, président du Syndicat des producteurs en serre du Québec.

De nouvelles sources d'énergie sont toutefois en développement dans la province. Par exemple, Savoura utilise le biogaz produit par un site d'enfouissement situé à proximité pour chauffer ses installations à Saint-Étienne-des-Grès.