L'amélioration du cycle de vie des aéronefs passe par la réduction de leurs poids, en diminuant les coûts financiers et l'impact sur l'environnement. Le Consortium de recherche et d'innovation en aérospatiale au Québec (CRIAQ) mène actuellement plusieurs projets de recherche collaborative pour permettre aux constructeurs d'alléger leurs appareils et de réduire leur consommation de carburant.

Les ambitions de l'industrie aérospatiale mondiale sont élevées. «Il y a une volonté de réduire de 50% l'empreinte environnementale de l'industrie en 2050 comparativement au début du siècle, alors que le trafic aérien croît de 5% par an, souligne Clément Fortin, PDG du CRIAQ. L'industrie aérospatiale est à l'avant-garde technologique et elle veut montrer qu'elle est soucieuse de l'environnement.»

Le vecteur principal de cette ambition est la réduction de la consommation de carburant d'origine fossile. Ce souci ne date pas d'hier puisqu'il a permis de réaliser déjà de grandes économies de carburant depuis les années 70, affirme M.Fortin. «C'est pour cela que le prix des billets d'avion pour aller dans le Sud a diminué depuis 40 ans.»

En tant qu'organisme à but non lucratif créé par le ministère québécois du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation, le CRIAQ amène les grandes entreprises, les PME et les universités de la province à collaborer en matière de recherche. Et plusieurs projets portent sur la diminution de la consommation de carburant.

C'est le cas de la fabrication additive, qui utilise de nouvelles technologies permettant d'utiliser uniquement la quantité de matière nécessaire pour réaliser des pièces. Au lieu d'usiner des pièces métalliques en enlevant ce qui est superflu, le fabricant ajoute de la matière par couches successives jusqu'à obtenir le produit voulu. «L'objectif est de mettre de la matière seulement là où on en a besoin», explique Clément Fortin. C'est ainsi que l'Airbus A380 s'est allégé d'une tonne par aile, illustre-t-il.

Tout est bon pour alléger les aéronefs. Un des projets du CRIAQ vise même à diminuer la quantité de câblage utilisée afin de réduire le poids de l'avion.

Pour calculer les gains engendrés par ces réalisations, le CRIAQ a développé un outil d'analyse des gaz à effet de serre sur un vol type. «Comme référence de vol régional, nous avons pris un avion CRJ700 de 70 places qui relierait Montréal à Sept-Îles, explique M.Fortin. Nous mesurons alors le potentiel des différentes technologies qui pourraient réduire l'impact environnemental de ce genre de vol. Et on calcule les gains accumulés en réalisant une projection sur une période de 20 ans.»

Des initiatives vertes

Le CRIAQ conduit également des projets directement sur le carburant utilisé par les aéronefs, notamment en amenant une firme de l'Inde, produisant du carburant à base d'algue, à collaborer avec des partenaires québécois. Mais les tests menés sur les biocarburants ne permettent pas encore d'envisager leur utilisation à court terme, pour des raisons économiques. «On peut faire voler un avion uniquement avec du carburant bio, mais le prix d'une place à bord serait au moins multiplié par 10, explique M. Fortin. Et encore faudrait-il parvenir à en produire suffisamment.»

Enfin, plusieurs projets visent à éliminer des composants chimiques utilisés par l'industrie aérospatiale. Par exemple, «les grands donneurs d'ordre sont préoccupés par l'élimination du chrome, affirme Clément Fortin. C'est un des composants qu'on voudrait réduire considérablement au cours des 20 prochaines années.»

Le CRIAQ étend son modèle au Canada

«Le gouvernement canadien devrait annoncer prochainement la création d'un réseau canadien collaboratif en aérospatiale, basé sur le modèle du CRIAQ, confie Clément Fortin, le PDG du CRIAQ. Nous y serons très impliqués. (...) On peut voir ce réseau comme une extension du CRIAQ, qui conservera néanmoins son indépendance.» Toutes les initiatives pour promouvoir la recherche québécoise sont bonnes à prendre, explique M. Fortin, qui précise que 75% de la recherche et développement dans l'aérospatiale canadienne est réalisée au Québec.