Sans prétendre vouloir transformer les espaces souterrains du métro de Montréal en « centres commerciaux », la Société de transport de Montréal (STM) souhaite « améliorer l'expérience client » pour les usagers qui se déplacent chaque jour dans les 68 stations de son vaste réseau.

« On veut adapter l'offre commerciale en fonction des utilisateurs du métro, explique Michel Lafrance, directeur général de Trangesco, filiale commerciale de la STM. On travaille activement à des projets qui vont favoriser l'implantation de cafés branchés, d'épiceries qui vont offrir des produits frais, de bons restaurants ouverts le soir. »

Manuel Lopez, directeur des opérations des projets commerciaux chez Trangesco, donne l'exemple de l'enseigne Toi, Moi & Café qui s'est installée, il y a un an, à la station Sherbrooke et, depuis peu, à la station Berri-UQAM, en face de la librairie Le Parchemin.

« Il y a une nette tendance vers un nouveau modèle de commerces et de dépanneurs pour desservir une clientèle aux besoins variés et grandissants, précise-t-il. On s'entend que les cigarettes, c'est pas mal plus out que c'était ! »

« Trouvez-moi un endroit avec un achalandage de 900 000 à 1 million de personnes par jour ! Il y a des étudiants, des travailleurs, des professionnels. Il y a là un fort potentiel pour les commerçants qui opèrent en souterrain. »

- Michel Lafrance

Manuel Lopez fait valoir que le Montréal souterrain, version 2018, est de plus en plus « branché ». Il est prévu que le réseau mobile doté des technologies de pointe couvrira les 68 stations de métro en 2020. Actuellement, le nombre de stations offrant une « connectivité mobile complète » se situe à 45, et sera porté à 50 d'ici la fin de l'année. 

LE MÉTRO ET LE CELLULAIRE

« On n'a pas mesuré l'impact de cette connectivité sur l'achalandage - et la fréquentation des usagers dans les commerces, mais chose certaine, l'impact est positif », soumet Manuel Lopez.

« Avant, j'évitais de prendre le métro, de crainte que la communication coupe, ajoute-t-il. Maintenant, ce n'est plus le cas. »

Andrew Maravita, directeur général de l'agence Colliers International, observe que le Montréal souterrain est « en transformation ». Il croit aux nouveaux concepts où on s'éloigne du modèle traditionnel des food courts, les commerces de restauration rapide détenus par les grandes chaînes.

« Il faut miser sur la mixité des services et améliorer l'offre de produits alimentaires, avec des boulangeries artisanales, des restaurants qui ont une excellente réputation et qui veulent tester le marché souterrain, soulève-t-il. C'est avec une offre élargie qu'on pourra mieux servir les locataires des tours de bureaux qui sont interconnectés au centre-ville. »

UN AVANTAGE POUR LES TOURS À BUREAUX

L'entreprise qu'il dirige est bien au fait de la réalité de l'immobilier commercial, son mandat consistant à louer des espaces dans les immeubles du centre-ville. Selon lui, il est plus que temps de donner un coup de barre pour dessiner le Montréal souterrain des années 2020, « si on veut attirer de grands locataires dans les tours du centre-ville », précise-t-il.

Il aimerait que les choses avancent plus rapidement, mais il constate néanmoins que les propriétaires d'immeubles commerciaux ont « un plan ». Il évoque la modernisation de Place Ville Marie, propriété d'Ivanhoé Cambridge (filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec), du Centre Eaton « en grosses rénovations » et la Tour KPMG « qu'on tente de dynamiser ».

« On ne se le cachera pas, concède-t-il. Une meilleure offre commerciale [dans le sous-sol montréalais] contribue à rendre plus attrayants les espaces locatifs dans les immeubles de bureaux. »