Les événements de la vie entraînent parfois une révision des priorités, tant dans le style de vie que dans les finances. Une bonne planification s'impose pour arriver à boucler son budget à la retraite.

LE PROBLÈME

À 50 ans, Bruno en a assez de se battre pour faire reconnaître l'importance de son boulot dans son milieu de travail. L'ingénieur dans le domaine de l'informatique aimerait arrêter de travailler un an ou deux pour faire des recherches et rédiger un livre afin de partager ses connaissances. « Pour moi, ce serait un peu un testament de carrière, explique-t-il. Mes prochains employeurs, s'il y en a, vont savoir à quoi s'attendre avec moi. » Fatigué, il avoue qu'il prendrait bien sa retraite dès maintenant, si possible.

Au fil des ans, il a accumulé pas mal d'épargne pour sa retraite. Durant la plus grande partie de sa carrière, Bruno cotisait le maximum permis à son régime enregistré d'épargne-retraite (REER). « Depuis quelques années, j'ai commencé à réduire un peu, confie-t-il. J'ai un peu changé de mode de pensée. »

Il faut dire que sa femme a fait un accident vasculaire cérébral il y a quelques années. Elle s'en est sortie sans séquelles importantes, mais elle a décidé de partir à la retraite il y a quelques mois. Elle veut profiter de la vie pendant que sa santé le lui permet. Le couple aimerait notamment aller dans le Sud une fois tous les deux ans et faire un ou deux autres voyages.

« Mais nous n'avons pas un gros train de vie, nous sommes plutôt casaniers, indique Bruno. Nous aimons la lecture, le vélo, rien de bien dispendieux. » Il a déjà mis de côté l'argent nécessaire pour les études postsecondaires de son fils aujourd'hui âgé de 14 ans. Quant à sa voiture, c'est un modèle 2014 qu'il ne pense pas remplacer prochainement. « Lorsque je vais le faire, je ne veux pas la payer cher, précise-t-il. Je n'ai jamais payé plus de 18 000 $ pour une voiture. »

Il pense pouvoir subvenir à leurs besoins avec 50 000 $ brut par année. Il se questionne toutefois sur le moment idéal pour faire ses demandes au Régime de rentes du Québec (RRQ) et à la pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV).

De plus, le couple est propriétaire d'une maison payée. Il aimerait bien l'habiter le plus longtemps possible. Est-ce réaliste ?

LA SOLUTION

Pour s'assurer de mettre en place une bonne stratégie de décaissement, Bruno devrait faire un budget détaillé afin de déterminer précisément le revenu net dont il aura besoin à la retraite. « Une estimation du revenu brut est imprécise, note Hadi Ajab, planificateur financier au Centre financier Carrefour. Selon la stratégie utilisée et les crédits d'impôt, le montant qui lui restera dans ses poches peut varier grandement. »

Néanmoins, M. Ajab a préparé différents scénarios et il estime que le couple aurait l'argent nécessaire pour vivre durant les 40 prochaines années si Bruno prenait sa retraite dès maintenant. Le tout en faisant les demandes de RRQ et de PSV à 65 ans et sans vendre la maison.

« Je me suis basé sur des rendements de 4 % pour le REER et de 3 % pour le CELI, explique M. Ajab. Si ses rendements s'avèrent plus élevés, il pourrait peut-être faire ses demandes plus tôt afin de faire fructifier ses REER plus longtemps. »

Par contre, le couple doit aussi tenir compte de son espérance de vie. L'historique médical de la famille de Bruno montre certains risques. « Le couple pourra mieux évaluer cette question une fois à 60 ans », croit M. Ajab. De toute façon, il ne peut pas faire ses demandes avant.

MARGE DE CRÉDIT ET ASSURANCE

Avant de laisser tomber son emploi, Bruno devrait toutefois demander une marge de crédit hypothécaire à son institution financière. « Le couple va commencer à décaisser le CELI et dans quelques années, il n'aura plus cette marge de manoeuvre, souligne M. Ajab. Retirer de l'argent d'un REER coûte cher en impôt. Il aurait donc avantage à demander une marge de crédit hypothécaire. Elle pourra servir de fonds d'urgence. » Elle pourrait également être utilisée pour remplacer la voiture, éventuellement. Il sera toutefois plus facile pour le couple d'obtenir une telle marge pendant que Bruno travaille que lorsqu'ils seront tous les deux à la retraite.

Ensuite, comme le couple souhaite demeurer le plus longtemps possible dans sa maison, M. Ajab lui suggère de prendre une assurance pour les soins de longue durée. « Elle leur permettra de demeurer plus longtemps chez eux, note-t-il. Une perte d'autonomie, ça peut coûter très cher. Aussi, plus la personne est jeune et en bonne santé au moment de contracter l'assurance, plus la prime à payer sera basse. »

RETOUR AU TRAVAIL ?

Selon les projections réalisées par M. Ajab, Bruno n'aurait pas à retourner au travail après l'écriture de son livre s'il ne le souhaite pas. Par contre, ce projet pourrait bien déboucher sur des occasions. Si c'était le cas, il pourrait simplement accumuler un peu plus d'argent pour sa retraite. Selon son revenu, il pourra évaluer quel est le meilleur outil entre le REER et le CELI.

Même chose pour le REEE de son fils, s'il y avait un surplus éventuellement. Pour l'instant, il est beaucoup trop tôt pour savoir ce que le jeune fera comme études. M. Ajab n'a donc pas tenu compte du REEE dans ses projections de retraite.

Bref, Bruno et sa conjointe pourront profiter de la vie comme ils le souhaitent !

Photo Alain Roberge, Archives La Presse

Hadi Ajab, planificateur financier au Centre financier Carrefour