Les entreprises qui se maintiennent au rang des sociétés les mieux gérées depuis au moins sept années consécutives accèdent au Club Platine. D'où leur vient cette belle platine, que seuls le temps et la persévérance procurent ? Cinq membres québécois témoignent.

LE SECRET : PAS DE SECRET

Groupe Master

Domaine d'activité : distribution d'équipements de climatisation et chauffage

Année de fondation : 1952

Siège social : Boucherville

Nombre d'employés : 679

« Il n'y a pas de secret », soutient Louis St-Laurent, président du Groupe Master, à propos de sa présence au Club Platine. On n'est pas meilleurs que d'autres. On n'a rien inventé. On n'a pas plus de capacité. C'est juste qu'on travaille vraiment en équipe. »

Il n'avait même jamais cherché cette distinction, jusqu'à ce qu'un fournisseur potentiel lui suggère de poser sa candidature au concours des sociétés les mieux gérées.

« Pourquoi on ferait ça ? se disait-il. Des éloges ? On aime autant laisser les autres aller à tous les bals pendant que nous, on s'occupe de notre business. »

Le distributeur d'équipements de climatisation et chauffage a tout de même posé sa candidature, et accumule depuis les citations.

« Peu importe où tu veux amener ton entreprise, si les employés ne te suivent pas, tu ne te rendras nulle part », professe Louis St-Laurent.

Au cours des deux derniers mois, il a fait le tour de toutes les succursales pour expliquer aux employés dans quelle direction l'entreprise avançait.

Un long périple : le groupe compte 27 succursales. « On ne fait rien de spécial à part de faire notre job. »

STABLE DANS LA TOURMENTE

BBA

Secteur d'activité : génie-conseil

Fondation : 1979

Siège social : Mont-Saint-Hilaire

Employés : 600

« Les résultats sont importants pour demeurer dans les sociétés les mieux gérées », énonce Martin Milot, chef de l'exploitation de la firme de génie-conseil BBA.

L'entreprise de 600 employés se spécialise notamment en énergie, mines et métaux, pétrole et gaz et environnement, des marchés pourtant soumis à d'importantes fluctuations.

« Étant une compagnie privée, on peut se permettre une vision plus large, plus à long terme, pour s'assurer une stabilisation des revenus. Ça nous permet d'être beaucoup plus stables que certaines entreprises qui ont toujours la pression du dernier trimestre. »

L'entreprise de Mont-Saint-Hilaire compte huit autres bureaux, dont ceux de Labrador City et de Calgary. « On a une stratégie de croissance principalement organique, décrit M. Milot. On est quand même intéressés par de petites acquisitions ciblées. C'est comme ça comme qu'on a lancé notre bureau de Vancouver. »

Cette approche procure une croissance « beaucoup plus stable, ordonnée », dit-il.

En retour, « on laisse beaucoup d'autonomie à nos différents bureaux », tous mus par le solide plan stratégique de l'entreprise. « Chacun, en étant mieux informé, est capable de collaborer dans un meilleur alignement. »

UNE BELLE CHIMIE

Quadra Chimie

Secteur d'activité : distribution d'ingrédients et de produits chimiques

Année de fondation : 1976

Siège social : Vaudreuil-Dorion

Nombre d'employés : 330

« Notre objectif est d'être le meilleur, pas le plus gros », indique Tony Infilise, président et cofondateur de Quadra Chimie, distributeur de produits pour l'industrie alimentaire et la chimie industrielle.

Cette réussite repose sur le juste dosage des bons ingrédients. Quadra Chimie en a trois, qui s'agglomèrent dans sa formule fétiche : spécialisé, efficace et fiable. « On gère notre entreprise pour s'aligner vers ce slogan », souligne son président.

Parce que ces trois composants dépendent d'une bonne chimie au sein du personnel, l'entreprise porte une « attention particulière à la façon dont [elle gère ses] gens ».

D'où l'importance accordée à la filtration. « Nous avons comme filtre, pour toute décision importante dans notre société, l'impact sur notre personnel, dit-il. La façon dont nous recrutons, la formation, le développement, la rémunération, la consultation. »

Deux autres mesures, une politique d'amélioration continue instaurée en 1992 et un exercice de planification stratégique régulièrement mis à jour depuis 1995, ont servi de catalyseurs.

Résultat : un taux de rejet minime. « Le pourcentage de gens qui nous quittent est extrêmement faible. »

HUMBLES GAULOIS DU DROIT

BCF

Domaine d'activité : droit des affaires

Année de fondation : 1995

Siège social : Montréal

Nombre d'employés : 420, dont quelque 220 professionnels

« Nous, on est les Gaulois, dans tout ça », lance l'associé directeur du cabinet d'avocats d'affaires BCF, Mario Charpentier.

Au milieu des grands cabinets nationaux, la firme d'irréductibles avocats a conservé l'esprit qui avait présidé à sa fondation, en 1995. « On est branchés, enracinés dans le tissu québécois », décrit-il.

En 20 ans, le bureau montréalais est passé de 7 personnes à 420 employés et a ouvert une antenne à Québec.

Sa potion magique pour demeurer dans la légion Platine ? Peut-être un élixir de jeunesse, en fait. « On était une start-up et on garde l'esprit de start-up. On veut garder notre flexibilité. »

Au rang des vertus de son cabinet, il cite l'humilité et l'innovation, deux attributs que le commun n'associe pas spontanément au droit des affaires.

« L'humilité est très importante, il faut rester simple, on travaille pour les autres, pas pour nous. »

L'innovation se manifeste dans son expertise - notamment une solide équipe en propriété intellectuelle - et dans son utilisation des outils de gestion. « On a investi massivement en technologie, dans tous nos processus, justement pour être extrêmement innovants, dans la façon de rendre nos services, dans la façon de charger des forfaits très précis. »

UNE RECETTE MAISON

Maisons Laprise

Domaine d'activité : maisons fabriquées en usine

Année de fondation : 1989

Siège social : Montmagny

Nombre d'employés : de 200 à 300, selon la saison

« La recette, c'est plein de petits ingrédients ! »

L'un de ceux-là est l'innovation. Dans l'usine de Maisons Laprise, à Montmagny, la petite maison hôm est construite sur une chaîne de montage indépendante, « comme une chaîne automobile, une maison qui n'est pas modifiable, mais dont le prix est très bas pour le client », explique le président fondateur de l'entreprise, Daniel Laprise.

La créativité, « c'est mon rôle dans l'entreprise, c'est mon talent le plus grand, je pense », affirme-t-il.

« J'essaie de ne pas regarder les autres, parce que c'est trop facile de suivre. J'essaie toujours de voir ce dont le client a besoin, où le marché s'en va. Si je regarde les autres, je vais déjà être en retard. »

Son succès dans la durée s'est cependant érigé sur de solides fondations. L'entreprise a conçu son propre progiciel de gestion intégré. « On a nos propres programmeurs à l'interne, ce qui fait que nos coûts et nos rapports sont très précis. Nos marges brutes en construction jouent de plus ou moins 1 % depuis des années. Dans notre domaine, c'est très rare. »