Le portefeuille immobilier de la Caisse pèse maintenant deux fois plus lourd à Manhattan qu'au centre-ville de Montréal.

La valeur de son actif au coeur de Montréal s'élève à 3 milliards, tandis que le portefeuille new-yorkais, concentré dans le sud de l'île de Manhattan, totalise 7 milliards. New York est le marché le plus liquide du monde.

C'est sans doute une bonne chose pour les déposants du gestionnaire d'actif québécois, puisque le marché des bureaux à Montréal tourne au ralenti en raison d'une demande stagnante et de la construction de nouvelles tours, notamment dans le secteur sud-ouest du centre-ville aux alentours du Centre Bell.

La quantité de bureaux disponibles a atteint en 2015 un sommet de 10 ans au centre-ville de Montréal, avec un peu plus de 4 millions de pieds carrés. C'est l'équivalent des trois plus importantes tours de Montréal - la Place Ville Marie, le 1000, De La Gauchetière et le 1250, boulevard René-Lévesque Ouest - réunies. Les courtiers voient des baisses de loyer jusqu'à 15 % dans certains cas.

La Caisse détient par le truchement de sa filiale Ivanhoé Cambridge quelques-unes des meilleures adresses de Montréal, comme la Place Ville Marie et le 1000, De La Gauchetière.

IVANHOÉ CAMBRIDGE EN CHIFFRES

Valeur des actifs: 48 milliards 

Rendement annuel moyen de 2010 et 2014: 13,3 %

Répartition du portefeuille

Canada: 40 %

Monde: 60 %

La majorité de ces propriétés est située dans l'axe de l'avenue McGill College, entre Sherbrooke et De La Gauchetière. Au total, elle détient sept immeubles de bureaux totalisant 5 millions de pieds carrés. Elle construit dans le même secteur la Maison Manuvie, une tour de 27 étages d'une superficie de 486 500 pi2. La société planifie en outre des rénovations d'envergure à Place Ville Marie, à l'hôtel du Reine-Elizabeth et à Place Montréal Trust, au Centre Eaton et au Complexe Les Ailes, dans la rue Sainte-Catherine.

« Je veux dire merci à la Ville de Montréal et au maire Coderre de mettre tous les efforts pour le centre-ville de demain, a dit le patron d'Ivanhoé Cambridge, Daniel Fournier, lors d'une allocution devant le Cercle canadien de Montréal en septembre dernier. Ivanhoé Cambridge a planté son drapeau au centre-ville de Montréal il y a longtemps. Il faut tout faire pour garder les Montréalais au centre-ville : le centre-ville de Montréal, c'est notre poumon économique et commercial », a-t-il lancé à son auditoire.

ROULEMENT IMPORTANT

La Caisse a néanmoins déjà possédé beaucoup plus de tours au centre-ville de Montréal. En 2003, elle détenait 20 immeubles de bureaux d'une superficie de 8 millions de pieds carrés. Certains à l'époque l'accusaient même de contrôler le centre-ville.

Que s'est-il passé ? Ivanhoé Cambridge s'est profondément transformé depuis cinq ans sous la férule de Daniel Fournier. Celui-ci a profité de la tribune que lui offrait le Cercle canadien pour faire le point sur la stratégie de ce mastodonte pesant 48 milliards d'actif.

La Caisse a réuni ses différentes filiales immobilières (Cadim, SITQ, Ivanhoé) sous un même toit en plus de se doter d'une feuille de route en quatre points: devenir un acteur de premier plan au Canada dans les secteurs des bureaux et des centres commerciaux ; accroître sa présence aux États-Unis; saisir les occasions en Europe tout en bâtissant prudemment son portefeuille dans les pays émergents et investir le secteur multirésidentiel.

Résultat: les deux tiers du portefeuille ont roulé en cinq ans et l'équipe a réduit de beaucoup le nombre de partenaires.

À Montréal comme au Canada, elle a vendu ses propriétés secondaires pour se concentrer sur ses joyaux dans lesquels elle réinvestit des sommes considérables.

Pour l'avenir, Ivanhoé Cambridge vise un rendement de 7 à 8 % par année, alors qu'elle a obtenu 13,3 % par an depuis cinq ans.

« Partout à travers le monde, les chefs d'investissement font la chasse aux rendements, a souligné M. Fournier. À un moment où les obligations rapportent peu, ils font face à un dilemme important: maintenir des liquidités massives ou investir dans des secteurs alternatifs à rendement plus élevés, comme l'immobilier dont les prix sont également très élevés. C'est là, le grand défi des prochaines années. »