L'an dernier, le Port de Québec a accueilli 1127 navires de marchandises et manutentionné 27 millions de tonnes de produits. Quant aux bateaux de croisières, ils sont toujours de plus en plus nombreux. Pour poursuivre sa croissance, l'Administration portuaire de Québec a plusieurs projets sur sa planche à dessin. La Presse Affaires en a discuté avec Mario Girard, président-directeur général.

Q Quels sont les défis que le Port aura à relever au cours des prochaines années?

R Le premier, c'est que nous sommes régulièrement au maximum de notre capacité. Or, un port dans cette situation est appelé à décliner parce que les bateaux grossissent de plus en plus et que nous sommes en concurrence avec ceux de la côte Est américaine. Actuellement, nous avons aussi des infrastructures vieillissantes. Il faudrait plus de 200 millions pour les remettre en état. En prenant de l'expansion, nous générerions assez de profits pour restaurer le patrimoine portuaire du même coup.

Q Vous souhaitez donc agrandir le port du côté de la baie de Beauport. En quoi consiste ce projet?

R Il y a trois grandes composantes: un quai supplémentaire de 600 mètres, une jetée en eau profonde ainsi que l'agrandissement et la préservation de la plage. Plusieurs infrastructures viendront également se greffer à cela. C'est un investissement de 530 millions. Nous avons déposé une demande de financement à Ottawa et nous attendons un signal du gouvernement.

Q Le réaménagement prévu du bassin Louise pourrait aussi entraîner la construction d'un hôtel, de condos, de commerces et d'un second terminal de croisière. Où en est-on rendu?

R Nous n'avons pas de projet à vendre, mais nous avons une vision. Nous voulons ouvrir un dialogue avec la population pour décider ce qu'on désire faire de ce secteur-là. Nous souhaitons d'ailleurs amorcer la consultation avant la fin de l'année. Si nous voulons doubler le nombre de croisiéristes sur le Saint-Laurent, comme le souhaitent l'industrie et la région, il faudrait un second terminal. Nous sommes au maximum de notre capacité à certains moments dans l'année. Le seul endroit où l'on peut construire cette infrastructure, c'est dans le bassin Louise. Mais on ne peut pas mettre un terminal au milieu d'un no man's land, d'où l'idée de le marier avec un projet d'aménagement.

Q D'ailleurs, le nombre de croisières croît constamment. Le Port a fracassé un autre record récemment en accueillant simultanément 6 navires totalisant 20 000 passagers. Comment expliquez-vous ce succès?

R La ville est belle et les gens aiment ça! Aujourd'hui, les touristes vont beaucoup voir les commentaires sur Trip Advisor. Le succès que l'on connaît est sûrement attribuable en grande partie à la satisfaction qu'en retirent les visiteurs. Ça attire plus de passagers, donc davantage de personnes en parlent, et ça en attire encore plus. Nous faisons de la prospection aussi. Notre objectif, c'est de doubler le nombre de croisières au cours des 10 prochaines années. Mais il faut d'abord réaménager le terminal de croisières actuel et en construire un second.

Q En septembre, le terminal de granules de bois a été inauguré. Qu'est-ce que représente cet investissement de 25 millions?

R C'est une occasion extraordinaire pour l'industrie forestière québécoise, qui se cherche de nouveaux débouchés. Les 400 000 premières tonnes des deux silos sont destinées à une société anglaise. Elle veut convertir des usines thermiques au charbon en usines aux granules de bois. L'industrie québécoise n'était pas organisée pour répondre à cette demande-là. C'est une entreprise de l'Ontario qui va les fournir. Mais ça ouvre la porte aux petits acteurs québécois en leur donnant accès à une infrastructure de classe mondiale. C'est un bel exemple de projet à la fine pointe de la technologie et soucieux de l'environnement et de la communauté.

Q D'autres investissements à caractère environnementaux ont-ils été faits récemment?

R Le Port et quelques opérateurs ont mis environ 27 millions sur trois ans dans des mesures environnementales. On parle de canons à eau, de capteurs de poussières, de salles de contrôle, d'études, etc. Nous avons aussi revu l'étanchéité de certains hangars.