Il y a un an, je proposais un chantier immédiat pour le futur maire, celui de transformer «l'expérience du centre-ville». Aujourd'hui, je lève mon chapeau et je salue la rapidité avec laquelle le maire Coderre a lancé le grand projet de reconstruction et de revitalisation de la rue Sainte-Catherine.

Quelle vision pour la Sainte-Catherine? Déjà, des consensus émergent. Il faut accroître considérablement l'espace consacré aux piétons. Il faut rythmer les quelque quatre kilomètres de microplaces qui permettront au citoyen de faire une pause et d'admirer les lieux et la faune urbaine. Il faut habiller la rue d'art public et la doter d'un éclairage qui révèle ses plus beaux atours. Il faut surtout lui donner une identité propre, tout en respectant la diversité urbaine qui caractérise son parcours.

Au-delà de ces points de convergence, plusieurs avenues sont ouvertes. Doit-on éliminer le stationnement dans la Sainte-Catherine, même aux endroits où la largeur de la rue le permettrait? Doit-on aller jusqu'à rendre la rue piétonne et y interdire la circulation automobile? En tout temps? Sur toute la longueur? Et dans ce cas, doit-on installer une navette de surface électrique au centre de la rue?

Ces choix auront une incidence sur le type de commerce et sur la fébrilité urbaine qu'on y retrouvera. L'identité même de la rue Sainte-Catherine est en jeu. Je fais confiance à la sagesse populaire qui doit s'exprimer pour guider nos décisions.

Mais il y a un défi qui s'ajoute et qui doit nous préoccuper au plus haut point: comment réussir le chantier lui-même?

On ne pourra réussir la rue Sainte-Catherine si on mène à l'agonie les commerces existant dans la rue et ses transversales. On évoque régulièrement les ratés du chantier du boulevard Saint-Laurent pour illustrer les effets néfastes des chantiers qui n'en finissent plus. Mais il y a eu aussi Côte-des-Neiges. Et la rue Saint-Jacques plus récemment.

Je plaide pour une rapidité d'exécution exemplaire. Il faudra travailler sur deux quarts de travail, le jour, en soirée et même la nuit. Il faudra savoir gérer les extras en temps réel, car il y a toujours des imprévus dans les chantiers souterrains. Évitons d'opposer la recherche de la vertu à la nécessité d'un chantier efficace qui respecte un échéancier serré.

La communication devra être extrêmement fluide entre les responsables du chantier et les commerçants. Il ne suffira pas de bien planifier les travaux. Il faudra faire preuve d'une écoute et d'un respect sans faille à l'égard des commerçants et de leur clientèle.

Enfin, je propose que la Ville crée, à l'exemple de ce qu'ont mis en place d'autres villes, un fonds de compensation à l'intention des commerçants aux prises avec des baisses d'achalandage majeures durant les travaux. Ce type de fonds, financé par la Ville et inclus dans la capitalisation du coût des travaux, n'est généralement pas très coûteux. De plus, il offre l'avantage de créer une mesure incitative directe pour que la Ville insiste sur le respect des échéanciers.

Réussir la Sainte-Catherine exigera qu'enfin, on fasse les choses autrement à Montréal. J'ai bon espoir qu'on y arrive.