Lancés depuis des décennies, les incubateurs d'entreprises ont évolué. En plus d'offrir des locaux, du soutien financier et des services spécialisés aux entreprises naissantes, ils se sont adaptés aux nouvelles réalités. Voici les grandes tendances.

Incuber l'entrepreneur

L'une des dernières idées en incubation consiste à soutenir l'entrepreneur plutôt que l'entreprise. Le concept provient de l'ecentre de l'Université Massey en Nouvelle-Zélande, ouvert en 2001.

Si son idée d'entreprise ne fonctionne pas, l'entrepreneur se fait offrir de participer à d'autres projets au sein de l'incubateur. Selon Jean Bibeau, on subit en moyenne de 2,5 à 3 échecs avant de trouver un projet qui tienne.

«L'entrepreneuriat, ce n'est pas créer une entreprise, affirme l'entrepreneur et étudiant chercheur au doctorat en administration des affaires à l'Université de Sherbrooke et à l'Université du Québec à Trois-Rivières. C'est instaurer assez de confiance en l'individu pour qu'il puisse pousser l'idéation vers un projet d'entreprise.»

L'incubateur virtuel

L'incubateur virtuel n'offre pas de local pour y installer les entreprises naissantes, mais plutôt du mentorat. C'est une tendance qui s'applique surtout aux technologies de l'information. «Dans le domaine de l'informatique, vous pouvez aussi bien travailler de chez vous», rappelle Yvon Gasse, titulaire de la Chaire en entrepreneuriat et innovation de l'Université Laval.

Contrairement à ce que son nom indique, l'incubateur virtuel permet aussi aux gens de se rencontrer dans le monde réel. Des ateliers, des formations et d'autres événements sociaux sont organisés pour former les jeunes entrepreneurs et les aider à développer un réseau.

Le triangle du Sandbox

Le Sandbox a été créé par l'homme d'affaires indien Gururaj Deshpande qui s'est donné pour mission de relancer les économies locales dans son pays. En Inde, le premier Sandbox aide à nourrir près de 1,3 million d'enfants par jour.

«Le concept du Sandbox est de créer un écosystème entrepreneurial en ralliant les forces des milieux académiques, des affaires et la communauté, qui englobe le politique et le développement social et communautaire», explique Jean Bibeau.

Après avoir ouvert un Sandbox en Inde et un autre au Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Boston, Gururaj Deshpande a choisi le Nouveau-Brunswick comme terre d'accueil d'un troisième, le centre Pond-Deschpande de l'Université du Nouveau-Brunswick.

www.ponddeshpande.ca/fr/

Incubateur artistique

Le directeur général de la Société de développement économique de Drummondville Martin Dupont est allé à la rencontre annuelle de la National Business Incubator Association aux États-Unis en mai dernier, accompagné d'une délégation québécoise.

Parmi les nouveautés du salon: l'incubateur artistique. Pour revitaliser la région, une ville ou un quartier, il offre des espaces de création et finance des artistes. L'Université de Chicago a, par exemple, son propre incubateur, l'Arts Incubator.

arts.uchicago.edu/artsandpubliclife/ai

Laisser les entrepreneurs à eux-mêmes

Alors que la plupart des incubateurs suivent leurs entrepreneurs pas à pas, de nouveaux acteurs leur laissent leur liberté. «Les entrepreneurs veulent être un peu plus autonomes, soutient Jean Bibeau, l'entrepreneur et étudiant chercheur. Ils veulent de l'espace, de l'ouverture à du réseau et ils veulent qu'on leur fasse confiance.»

La Maison Notman accueille les entreprises durant une période de six mois maximum. Ce qui la différencie des autres incubateurs, c'est que la Maison Notman n'encadre presque pas ses poulains. Elle les laisse agir d'eux-mêmes sans mentor, tous ensemble, en espérant que la magie opère.

«Tu les laisses dans la prairie, mais tu mets une clôture juste devant l'autoroute», lance Jean Bibeau.

notman.org/fr/