Les laboratoires universitaires québécois participent à des partenariats pour financer de plus en plus les premières étapes de la mise au point des nouvelles entités thérapeutiques, dont les premiers tests chez l'humain. Voici deux cas de conception en cours.

L'Université de Sherbrooke combat la grippe

Trois chercheurs de l'Université de Sherbrooke misent sur une nouvelle méthode pour mettre K.-O. le virus de la grippe. Les professeurs Martin Richter, Richard Leduc et Éric Marsault vont empêcher le virus de nous voler...

«Pour pénétrer dans les cellules de nos voies respiratoires, le virus doit nous voler une de nos protéines, dit Martin Richter. Nous croyons pouvoir l'en empêcher avec une nouvelle approche thérapeutique. Celle-ci fonctionnera, peu importe la souche virale.»

L'argent pour creuser cette nouvelle approche vient de NéoMed, organisme québécois sans but lucratif qui aide à la mise au point et au financement de nouveaux composés thérapeutiques.

NéoMed reçoit ses fonds de trois sociétés pharmaceutiques (Astra Zeneca, Pfizer et Johnson&Johnson) et du gouvernement du Québec. Cet investissement à Sherbrooke, annoncé en septembre dernier, était son premier.

«Si tout se passe bien, NéoMed s'engage à nous verser jusqu'à 5 millions en cinq ans, précise Éric Marsault, directeur de l'Institut. C'est assez pour nous rendre jusqu'aux premiers essais sur l'humain. Nous avons déjà reçu un premier million. De plus, NéoMed met certaines de ses ressources en recherche clinique à notre disposition.»

Ce projet antigrippal est issu d'une collaboration entre l'Institut de pharmacologie de l'Université de Sherbrooke et le Centre de recherche du CHUS.

L'IRIC et ses cinq partenaires

En février dernier, l'Institut de recherche en immunologie et cancérologie (IRIC) de l'Université de Montréal a annoncé que la molécule qu'il met au point avec Bristol-Myers Squibb entrait en phase d'études chez l'humain. C'est une première à l'IRIC.

«Voilà un excellent exemple de la nouvelle trajectoire des futurs composés thérapeutiques, souligne Stephen Klein, VP développement des affaires chez IRICoR, société de développement et de financement de l'IRIC.

La grande société pharmaceutique a tout payé et l'IRIC a fait tout le travail dans ses labos.

«Bristol-Myers Squibb nous a initialement fourni une molécule suspecte et voulait que nous développions un composé nouveau ciblant cette molécule», précise M. Klein.

L'identification du composé est le résultat des recherches du laboratoire d'Anne Marinier, chercheuse principale et directrice de chimie médicinale à l'IRIC.

Le modèle d'affaires de l'IRIC a aussi l'aval du gouvernement du Québec. Au début de l'année, le Fonds de partenariat pour un Québec innovant et en santé a annoncé une subvention de 13,9 millions pour que se poursuivent les alliances de l'IRIC avec Bristol-Myers Squibb et Merck.

L'IRIC conçoit actuellement près d'une quinzaine de nouveaux composés. Et cinq de ces entités thérapeutiques nouvelles ont fait l'objet de partenariats avec des sociétés pharmaceutiques. Pour l'instant, IRICoR détient des ententes avec Bristol-Myers Squibb, Pfizer, rck, Pharmascience et son acquisition montréalaise Aegera Therapeutics et la française Domain Therapeutics.

L'INSTITUT DE PHARMACOLOGIE DE L'UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE

> Il dispose d'un comité d'orientation externe auquel siègent des représentants de sociétés pharmaceutiques. Le rôle de ce comité est de déterminer les domaines émergents en pharmacologie et de favoriser les collaborations entre l'Institut et le secteur privé.

> Il est l'hôte de 33 chercheurs provenant de 3 facultés et 10 départements.

> Quatre sociétés dérivées des travaux de l'Institut: IPS Pharma, Magistral Biotech, Néokimia/Tranzyme et Télogène

> 28 chercheurs principaux

> 29 unités de recherche

> 400 chercheurs/étudiants