Il n'y a pas si longtemps, la découverte de nouveaux médicaments passait par les laboratoires des sociétés pharmaceutiques.

Ces temps sont révolus. Désormais, la recherche d'indices pouvant mener au développement éventuel d'un composé innovateur passe très souvent par les laboratoires universitaires.

La raison est simple: les nouvelles pistes pharmaceutiques échouaient trop souvent lors des tests chez l'humain.

Par exemple, dans les années 2000, les nouvelles molécules introduites par les sociétés pharmaceutiques pour traiter les affections respiratoires ou les cancers échouaient quatre fois sur cinq aux études sur l'humain, selon la Fédération européenne des associations et industries pharmaceutiques.

Des dizaines, parfois des centaines de millions de dollars se sont évaporés sans le moindre gain pour les malades et les entreprises.

Depuis, les firmes pharmaceutiques, désireuses d'augmenter leur taux de succès et de diminuer les sommes investies en pure perte, ont changé du tout au tout leur approche du développement des médicaments. Elles ont fermé leurs labos et, au lieu de nourrir leurs propres trouvailles jusqu'à maturité, elles nourrissent maintenant celles des autres.

Biotechs éphémères

Du coup, le parcours de la molécule s'en est trouvé modifié. Ce trajet, au lieu de commencer dans les labos des grandes sociétés pharmaceutiques, part désormais des laboratoires universitaires.

Ces derniers, dans bien des cas, se sont donné des moyens de guider les premiers pas des trouvailles prometteuses. C'est le cas, par exemple, à l'Institut de recherche en immunologie et cancérologie de l'Université de Montréal (IRIC).

Il y a cinq ans, l'Institut s'est donné un instrument de financement et de commercialisation de ses découvertes: IRICoR, financé par cinq grandes sociétés pharmaceutiques, les gouvernements fédéral et provincial, de même que certaines associations caritatives.

Cet investissement de base permet à IRICoR d'assurer les premiers pas des nouvelles molécules à l'Institut même. Puis, quand la molécule thérapeutique a trouvé sa formulation finale, que des preuves de son innocuité ont été obtenues, souvent avec un nouveau coup de pouce des firmes pharmaceutiques, vient le moment de fonder une biotech qui accueillera la molécule prometteuse.

Mais cette biotech n'a pas d'ambitions à long terme. Contrairement à celles de la génération précédente qui envisageaient de grandir au rythme des nouvelles découvertes, les biotechs de la nouvelle génération sont désormais conçues pour vivre une vie relativement courte.

«Les chercheurs, à ce stade, doivent acquérir des brevets pour protéger leur découverte, explique Me Gino Martel, avocat associé chez BCF. Ces brevets ont une durée limitée.»

Dans le passé, les biotechs québécoises recueillaient l'argent au compte-gouttes, et la molécule progressait très lentement tandis que la couverture de brevet diminuait comme une peau de chagrin. Maintenant, si on fonde une société, c'est fondamentalement pour créer une entité légale détentrice, pour un temps, des brevets.

Dans la grande majorité des cas, la firme verra ses actifs - surtout la propriété intellectuelle - acquis par une société pharmaceutique, généralement celle qui a investi depuis le début.

Seule le monde pharmaceutique peut, avec ses moyens financiers énormes, accélérer le rythme de développement. La biotech n'est plus qu'un épisode transitoire.

L'INDUSTRIE EN CHIFFRES

Les sciences de la vie du Montréal Métropolitain regroupent cinq sous-secteurs: pharmaceutique; technologies de la santé; biotechnologies; fabrication; recherche préclinique et clinique à forfait.

600

Nombre d'établissements

45 000

Nombre d'emplois

300

Nombre d'organismes de recherche publics et parapublics

12 000

Nombre de chercheurs et de professionnels

27 000

Nombre d'étudiants inscrits dans des programmes universitaires en 2011

Près de 1 milliard

PIB réel en 2011, soit 20% du PIB total des sciences de la vie au Canada

160

Nombre d'établissements qui relèvent de filiales d'entreprises étrangères établies dans le Montréal Métropolitain. Ces filiales emploient 17 000 personnes

Sources: Montréal InVivo, Montréal International