Clostridium difficile n'a qu'à bien se tenir. À la fin de 2014 ou au début de 2015, Laboratoire M2 de Sherbrooke préparera pour la superbactérie un petit cocktail de son cru à base de... thym!

Pour ce faire, M2 investira 2,7 millions. Cycle Capital Mangement, fonds montréalais de capital de risque spécialisé dans les technologies propres, injectera 1,5 million dans l'entreprise, sous forme d'actionnariat.

Jusqu'ici, M2 avait combattu les bactéries responsables des infections nosocomiales (en milieu hospitalier) avec un phénol extrait du thym. Elle produit une gamme de désinfectants assurément toxiques pour le microbe.

«Nos molécules se fichent dans la membrane cellulaire de la sale bête et la brisent, éventrant la bactérie», explique Serge Auray, président de Laboratoire M2. On a ainsi fait, depuis 2003, la vie dure à la superbactérie du SARM (Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline), à diverses mycobactéries, à des virus et à des champignons.

Contrairement à d'autres désinfectants, les phénols issus du thym (variantes du thymol) que bricolent les chercheurs de M2 sont biodégradables en moins de 14 jours.

On veut maintenant faire un petit ajout biochimique au thymol pour qu'il mette hors combat les circovirus, les parvovirus et toute la gamme des virus non enveloppés dits «virus nus». Laboratoire M2 sera en mesure de mener les premiers travaux expérimentaux à l'automne 2014 et visera à faire approuver son nouveau désinfectant par les autorités canadiennes et américaines dans les mois qui suivront.

Quant à C. difficile, son tour viendra au printemps 2015.

Serge Auray est très optimiste en ce qui a trait à la réussite des recherches. «Récemment, nous avons fait face à un défi qui nous a forcés à modifier un peu le thymol, dit-il. Nous avions constaté que les eaux dures inhibaient son efficacité. Nous avons travaillé six mois et avons trouvé la solution.»

Solution délicate, car il faut que le désinfectant garde son côté bienveillant avec l'environnement et sa rapidité à se dégrader. «Pour les non enveloppés, nous pensons à greffer au thymol une nouvelle molécule, elle aussi d'origine végétale», explique le président.

Si la greffe réussit, M. Auray estime que le succès se traduira en un bond financier important. «Nous espérons des revenus de 5 millions de dollars pour 2015, en regard de 1,5 million en 2014», avance-t-il.

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1. Banlieue de Calgary, Alberta

2. Saskatoon, Saskatchewan

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4. Banlieue d'Edmonton

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« Banlieue » désigne la région métropolitaine de recensement à l'exclusion de la ville principale.