Dans le dossier du développement nordique, le chef Ghislain Picard voit peu de différences entre l'ancien gouvernement libéral et celui des péquistes.

Les Premières Nations n'ont toujours pas la place qui leur revient dans les discussions sur le développement du Nord, estime Ghislain Picard, chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL). Pour lui, entre le gouvernement de Jean Charest et celui de Pauline Marois, c'est bonnet blanc et blanc bonnet.

«Nous ne sommes pas du tout au coeur du processus décisionnel, affirme-t-il catégoriquement. Pour moi, c'est clair que l'industrie mène le bal. À preuve, depuis la baisse du prix des métaux, on ne semble plus aussi pressé de régler certaines questions, notamment celles du rôle et de la participation des communautés que nous représentons.»

L'une des pierres d'achoppement demeure l'absence des Algonquins de l'Abitibi-Témiscamingue et des Atikamekws de la Haute-Mauricie à la Table des partenaires autochtones, sans lesquels un véritable partenariat entre les Premières Nations et Québec ne peut prendre forme. Ces nations ont été exclues par l'ancien Plan Nord des libéraux, car elles se situent en dessous du 49e parallèle, frontière choisie pour délimiter le Nord.

«Leur village n'est peut-être pas dans la zone, mais leur territoire ancestral chevauche le 49e parallèle», explique Hugo Asselin, professeur titulaire de la chaire de recherche du Canada en foresterie autochtone de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.

La ministre déléguée aux Affaires autochtones, Élizabeth Larouche, se dit prête à avoir cette discussion «si les partenaires autochtones le décident d'un commun accord». «Nous avons déjà invité d'autres organisations à siéger à la table: l'APNQL, Femmes autochtones du Québec et l'Institut culturel cri», ajoute-t-elle pour illustrer l'ouverture de son gouvernement.

Le Nord par le Nord

Selon Élizabeth Larouche, le gouvernement propose un modèle de collaboration «plus égalitaire» avec les Autochtones que celui de leurs prédécesseurs. «Nous sommes à l'écoute et très impliqués», déclare-t-elle. La ministre donne en exemple les millions de dollars qui ont été investis dans la formation de la main-d'oeuvre, la création de places en garderie, les inaugurations de parcs, la mise sur pied d'un fonds pour soutenir l'épanouissement social, économique et communautaire des nations autochtones, sans compter la loi instituant le gouvernement régional d'Eeyou Istchee Baie-James.

Le chef Ghislain Picard affirme toutefois rester sur son appétit. «Il y a des choses fondamentales dont on ne parle pas, entre autres le partage des revenus, se désole-t-il. Ça fait plus d'un siècle qu'on subit le développement et on n'en retire pratiquement rien. Pour que ça change, on doit être deux parties à table et, présentement, on dirait qu'on est tout seul.»

Hugo Asselin croit qu'il n'y aura pas de partenariat solide tant et aussi longtemps que les négociations n'incluront pas un nombre égal d'autochtones et de non-autochtones. «Les Premières Nations le méritent pour des raisons historiques et culturelles. Le Nord doit être développé par le Nord. C'est logique. Pensez-vous que Denis Coderre laisserait les Inuits écrire le plan de développement de Montréal?»