Le ralentissement économique mondial fige le développement de nouveaux équipements de production. Mais les industriels restent à l'affût d'une reprise... et du relèvement des prix sur les marchés.

Aluminium: pas de hausse à court terme

Même si la demande mondiale d'aluminium ralentit, le volume de production demeure relativement inchangé. «Les alumineries fonctionnent 24 heures sur 24, 365 jours sur 365, explique Mario Béland, associé au sein du groupe Audit et certification chez PricewaterhouseCoopers. Elles ne peuvent pas réduire leur production facilement.»

Les surplus sont stockés dans les entrepôts du London Metal Exchange (LME), où l'aluminium se négocie chaque jour. «L'aluminium s'est beaucoup accumulé dans ces entrepôts, indique Mario Béland. Jusqu'à 5 millions de tonnes actuellement.»

Ces stocks élevés maintiennent des prix bas sur le marché de l'aluminium. Alors qu'elle se négociait à 3300$ en juillet 2008, la tonne d'aluminium ne vaut plus que 1850$ actuellement. «Avant que le prix remonte, il faudra écouler ces stocks», rappelle M. Béland, ce qui exerce une pression à la baisse sur le prix.

Et les chances sont minces de voir le prix de la tonne d'aluminium se relever rapidement. «Nous sommes dans une période d'attente, note M. Béland. Il est difficile de prévoir ce qui se passera en 2014, mais le marché n'entrevoit pas de hausse à court terme.»

C'est du côté de la Chine que le signal d'une hausse pourrait être donné. «Le prix de l'aluminium est essentiellement fondé sur le coût marginal des producteurs les moins efficients, détaille Mario Béland. Or, à terme, les coûts des producteurs chinois augmenteront en raison des contraintes qu'ils rencontrent, notamment environnementales. Cela aura une incidence sur le prix mondial de l'aluminium.»

Cette future hausse des prix suffira-t-elle à relancer des projets d'aluminerie dans le monde? C'est ce que croit Mario Béland. «Le prix est le premier facteur pour construire des équipements», assure-t-il.

 Fer: les investissements se maintiennent

Les métaux ferreux pâtissent également de la conjoncture économique mondiale. Le ralentissement économique de la Chine, la récession en Europe et les soubresauts budgétaires aux États-Unis figent la demande mondiale. Il faut dire que ces trois zones économiques avalent chaque année 70% de la production de fer.

«Mais ces difficultés sont ponctuelles, relativise Anand Beejan, responsable du secteur minier chez Raymond Chabot Grant Thornton. Et les projets industriels ignorent les fluctuations momentanées.»

Ainsi, le ralentissement économique chinois n'entravera pas l'urbanisation croissante du pays, croit M. Beejan. «Les financements sont plus difficiles à obtenir. Les prix sont bas, reconnaît-il. Mais les entreprises qui ont déjà investi dix ans d'efforts dans un projet ne vont pas l'arrêter pour quelques années plus difficiles. Pour elles, mieux vaut prendre des profits moindres.»

Un accès difficile aux ressources financières

L'accès aux capitaux est devenu le premier risque d'affaires des entreprises métallurgiques et minières à l'échelle mondiale, affirme une étude menée par la firme Ernst & Young.

Les années de forte croissance des revenus avaient attiré plusieurs catégories d'investisseurs, mais la nature cyclique du secteur a récemment découragé bon nombre d'entre eux, qui recherchent des investissements à court terme, indique le rapport Risques d'affaires du secteur mines et métaux 2013-2014, publié au début de l'été.

L'accès aux capitaux était le huitième risque d'affaires, par ordre d'importance, dans la même étude réalisée en 2012.

Pour la période 2013-2014, les problématiques liées à la productivité et au protectionnisme occupent respectivement la deuxième et la troisième position des principaux risques d'affaires encourus par les firmes du secteur.

À l'inverse, le risque de pénurie de main-d'oeuvre devient moins préoccupant pour ces entreprises, observe Ernst & Young.