CCI fait partie des 200 sous-traitants qui font affaire avec les 25 géants métallurgiques installés au Québec. La firme de Trois-Rivières offre ses services de reconditionnement de composants à Alcoa depuis huit ans et à Arcelor Mittal depuis deux ans. Même si ces contrats ne représentent que 10% de son chiffre d'affaires, CCI compte bien continuer de travailler avec les géants de la première transformation des métaux. Et même, pourquoi pas, «doubler, voire tripler» leur part dans le chiffre d'affaires, selon Louis Couture, président de l'entreprise.

«Ce sont des contrats intéressants, car une seule entreprise peut nous donner du travail dans ses différents départements. Ainsi, on a moins de développement des affaires à faire», reconnaît Louis Couture.

Autre avantage de ces contrats: ils courent souvent sur plusieurs années. «Cela offre une bonne visibilité aux entreprises qui peuvent mieux planifier», explique Normand Voyer, vice-président exécutif de Sous-traitance industrielle Québec (STIQ).

Mais «aller jouer dans la cour des grands» ne va pas sans contraintes. Les grands métallurgistes sont très exigeants. «Travailler avec eux est une belle occasion, mais aussi un défi, étant donné leurs exigences en termes de qualité, de compétitivité des prix, de capacité financière et de production, etc.», poursuit le vice-président de STIQ. D'autant plus que la compétition est vive. «Le bassin de fournisseurs est mondial, rappelle M. Voyer. Mais nous avons l'avantage de la proximité.»

Une adaptation nécessaire

Pour profiter à plein de cet avantage concurrentiel, les entreprises québécoises doivent souvent s'adapter, notamment en matière de santé et sécurité du travail. «Leurs normes sont plus sévères que celles du Québec», souligne Jean-Guy Paquin, directeur du développement des affaires de la firme d'ingénierie du groupe Cascades, Cascades CIP, qui fabrique aussi des pièces mécanosoudées, notamment pour Arcelor-Mittal.

CCI, travaillant dans un secteur très pointu, ne participe pas aux appels d'offres et agit seulement sur contrat, ce qui lui laisse une certaine liberté, mais les choses risquent de changer. «On prépare le terrain, car il se pourrait qu'on fasse partie d'un classement des sous-traitants qui passe en revue le chiffre d'affaires, les résultats et normes en santé et sécurité du travail, etc. On aura tous une note, et seuls les premiers seront retenus», explique Louis Couture, qui a engagé un travail de vérification de la conformité de ses machines aux normes des métallurgistes, de mise à jour de la formation de ses employés, etc.

Un investissement important, mais qui présente plusieurs avantages. Non seulement CCI se donne-t-elle plus de chances pour augmenter ses contrats avec les métallurgistes, mais encore "ç'a des effets structurants sur nos entreprises», souligne Normand Voyer.

Reste que toutes ne sont pas armées pour se mettre sur les rangs seules, d'autant que «les donneurs d'ouvrage cherchent de plus en plus des solutions complètes plutôt que d'accorder des contrats à diverses entreprises», précise M. Voyer. D'où une restructuration en cours du marché, les firmes cherchant à s'allier, voire à fusionner pour offrir une large gamme de services et avoir des capacités de production suffisantes. Bref, pour être plus fortes devant les multinationales.