La tendance est claire: depuis le début du millénaire, les entreprises québécoises délaissent progressivement les États-Unis pour se tourner vers d'autres marchés internationaux. Cette semaine, nous faisons le point sur le marché du gaz naturel.

Si le Québec a tendance à délaisser le marché des États-Unis pour une partie de ses affaires à l'étranger, la situation est toute autre en matière d'énergies fossiles. La province, qui s'approvisionne en partie dans l'Ouest canadien, compte accroître ses importations de gaz naturel extrait du sol américain.

En décembre 2012, Gaz Métro a obtenu l'aval de la Régie de l'énergie du Québec pour changer la structure de son approvisionnement en gaz naturel. À compter de 2015, la société en commandite pourra acheter l'ensemble de son méthane à partir du carrefour de Dawn, dans le sud de l'Ontario, plutôt que de se limiter à 60 %. Elle pourra aussi compléter son approvisionnement par du gaz provenant d'Empress, en Alberta, comme elle le fait présentement.

«C'est un changement majeur ", souligne Patrick Gonzalez, professeur en économie à l'Université Laval. Selon le spécialiste des questions énergétiques, tout le marché est en train de se restructurer vers un axe nord-sud plutôt qu'est-ouest.

Derrière cette transformation se trouvent d'abord des raisons économiques, explique-t-il. Le gaz vendu à Dawn profite de l'exploitation accrue des gaz de schiste au sud de la frontière. Il est donc beaucoup moins cher pour Gaz Métro que celui vendu à Empress, qui doit parcourir 3700 kilomètres avant d'atteindre le Québec.

Le terminal de Dawn est l'un des plus importants en Amérique du Nord. Le gaz naturel qu'on y stocke et qui y transite provient de l'Alberta, de la Colombie-Britannique, du centre des États-Unis, de la région du golfe du Mexique et des gisements de gaz de schiste de Marcellus et d'Utica, situés dans les États qui bordent le sud du lac Érié. En tout, 10 gazoducs majeurs y sont connectés.

Tant de connexions font en sorte qu'il est impossible de retracer l'origine exacte des molécules de méthane qui y sont acheminées et qui gagnent éventuellement le Québec. " L'origine physique du gaz demeure en grande partie de l'Ouest, mais il en vient aussi des États-Unis ", précise Martin Imbleau, vice-président, développement de l'entreprise et énergies renouvelables chez Gaz Métro.

Principaux lieux de production de gaz naturel en Amérique du Nord en 2011

Volume commercialisé (milliards de mètres cubes)

ALBERTA

> 105,4

ARKANSAS

> 31

COLOMBIE-BRITANNIQUE

> 32,7

COLORADO

> 47,3

GOLFE DU MEXIQUE

> 52,4

LOUISIANE

> 87,5

PENNSYLVANIE

> 37,9

TEXAS

> 205,5

WYOMING

> 62,4

*Année 2012

Production mondiale de gaz naturel

Pour l'instant, le prix du gaz naturel se transige autour de 4 $ le gigajoule en Amérique du Nord, une aubaine comparativement aux 10 $ et au 13 $ qu'il en coûte respectivement en Europe et en Asie.

Le faible coût du gaz naturel nord-américain a d'ailleurs emporté tous les projets de ports méthaniers qui devaient s'établir le long du Saint-Laurent, comme celui de Rabaska, annulé au début du mois.

Sur la côte ouest américaine, certains ports qui devaient servir à l'importation sont convertis en ports d'exportation, souligne Patrick Gonzalez, professeur en économie à l'Université Laval.

Bien qu'ils occupent, depuis 2009, le premier rang des pays producteurs de gaz naturel, les États-Unis en sont des importateurs nets. Une situation qui profite en partie au Canada, qui y a acheminé pour 83,8 milliards de mètres cubes en 2012, soit 59,5% de sa production totale.

Du point de vue mondial, l'année 2012 aura marqué un nouveau record en matière de volume d'extraction de gaz naturel. Selon British Petroleum, qui publie chaque année une étude exhaustive sur l'énergie, un peu plus de 3350 milliards de mètres cubes de gaz naturel ont été extirpés des entrailles de la Terre l'année dernière. C'est l'équivalent de 1,8 million de Stades olympiques!

Les plus grands exportateurs

En 2012, il s'est échangé pour près de 830 milliards de mètres cubes de gaz naturel entre les pays, sous forme de gaz (par gazoduc) et sous forme liquéfiée (par voie maritime).

Pays : Volume (milliards de mètres cubes)

Russie : 185

Qatar : 120

Norvège : 109

Canada : 57

Algérie : 48



Source: Agence internationale de l'énergie