La tendance est claire : depuis le début du millénaire, les entreprises québécoises délaissent progressivement les États-Unis pour se tourner vers d'autres marchés internationaux. Cette semaine, nous jetons un coup d'oeil sur l'échiquier mondial des avionneurs.

Avant même de vous faire voyager, les pièces d'un avion ont connu leur lot de déplacements. Car produire un avion implique de plus en plus d'intervenants partout sur le globe.

Pour réduire leurs coûts, les fabricants d'avions n'hésitent plus à regarder ailleurs afin de dénicher leurs fournisseurs. Cette tendance n'échappe pas aux grands donneurs d'ordres québécois, comme Bombardier.

Pour produire la CSeries, l'avionneur misera bientôt sur des entreprises basées dans sept pays, en plus de sa propre usine de fabrication d'ailes située à Belfast, en Irlande du Nord.

Faire fabriquer ses pièces à l'étranger n'a rien de nouveau pour les avionneurs, mais cela devient de plus en plus la norme, selon George Tsopeis, consultant et analyste en aéronautique pour Zenith Jet, de Montréal. " La situation géographique d'une entreprise n'est plus tellement un critère, explique-t-il. Désormais, ce qui mène le marché, c'est non seulement la recherche d'expertise, mais surtout les faibles coûts. »

Ainsi, on voit apparaître sur la planète de nouveaux pôles en aéronautique comme Singapour, la Malaisie et la Chine. En s'implantant là-bas pour effectuer une partie de leur production, Boeing et EADS, le fabricant des avions Airbus, estiment générer des économies de 20 à 30 %, incluant les frais de transport, selon une étude de la firme Clearwater.

Pour sa part, Bombardier n'est pas en reste. En s'implantant progressivement au Mexique avec quatre usines, le fleuron québécois participe à la naissance d'une grappe aéronautique dans la ville de Querétaro, au centre du pays.

C'est là que l'entreprise fabrique maintenant certaines des composantes des avions d'affaires de type Global et Challenger, ainsi que des CRJ. " Le Mexique a l'avantage d'être sur le même continent, et partage à peu près le même fuseau horaire que les grands fabricants nord-américains ", explique Jacques Roy, professeur à HEC Montréal.

Grands centres

Même si les avionneurs s'installent à l'étranger ou engagent des entreprises étrangères dans la fabrication de leurs avions, les grands pôles de l'aéronautique restent bien en selle.

Production brute, en milliards de dollars US, en 2007. Emplois en 2010

1er RANG

ÉTATS-UNIS

> 186,3 milliards US

> 474 905 emplois

> Seattle, Wichita

> Boeing, United technologies, General Electric, Honeywell

2e RANG

FRANCE

> 54,7 G milliards US

> Toulouse, Bordeaux, Paris

> EADS (Airbus, Eurocopter, ATR), Dassault, Safran

3e RANG

ROYAUME-UNI

> 27,8 milliards US

> Bristol, Farnborough, Londres, Lancashire (Liverpool), Birmingham,

> Derby, Rolls-Royce, BAE Systems, EADS, Bombardier

4e RANG

ALLEMAGNE

> 26,0 milliards US

> Hambourg, Munich

> EADS (Airbus, Eurocopter)

5e RANG

CANADA

> 13,7 milliards US

> 36 947 emplois, dont 20 601 au Québec, Montréal

> Bombardier, Pratt & Whitney Canada, CAE et Bell Helicopter Textron

6e RANG

JAPON

> 10,9 milliards US

> Nagoya

> Mitsubishi, Kawasaki

Centres secondaires

Offrant des coûts d'exploitation avantageux et des occasions de diversification, plusieurs régions du monde créent leur propre grappe d'entreprises en aéronautique.

1. BRÉSIL

Grâce à Embraer, ce pays a pris sa place dans le monde aéronautique. Cette entreprise phare a même ouvert des unités de production au Portugal, à Singapour et en Chine.

> São Paulo

> Embraer

2. CHINE

Depuis les années 1970, elle cherche, en vain, à développer son propre fabricant d'aéronefs commerciaux. Pour y parvenir, elle invite maintenant les entreprises étrangères, dont Bombardier, à y assembler des pièces. Une façon d'apprendre de ceux qui maîtrisent déjà les façons de faire.

> Shenyang, Pékin/Tianjin, Xi'an, Shanghai et Zhubai

> COMAC

3. RUSSIE

À une certaine époque, l'URSS produisait le quart des avions sur la planète, mais la chute du régime communiste a entraîné l'industrie dans son sillage. Fondée en 2006, la société d'État russe en aéronautique, UAC, cherche à mettre le pays à l'avant-scène dans ce secteur d'activité.

> Moscou, Ulyanovsk-Avia et la «vallée de titane» dans l'Oural

> UAC

4. MEXIQUE

Grâce notamment à la participation de Boeing et de Bombardier, mais aussi de Safran, ce pays possède plusieurs grappes en aéronautique sur son territoire.

> Querétaro, Chihuahua, Sonora

> Bombardier, EADS (Eurocopter), General Electric, Honeywell

5. MAROC

Ce pays profite de sa proximité avec de grandes entreprises françaises pour perfectionner son expertise. Les nouvelles installations de Bombardier entreront en service en 2014. Elle compte avoir 850 employés d'ici 2020.

> Casablanca

> EADS, Safran, Bombardier



Source : Deloitte 2010