Le 14 novembre dernier, Transports Canada a annoncé son intention de céder la gestion de ses quais du port de Baie-Comeau à une corporation mixte, faite d'administrateurs publics et privés locaux. Cette corporation s'est donné pour but de transformer le port de Baie-Comeau afin que l'on puisse y accueillir des porte-conteneurs et des vaisseaux minéraliers.

«Les négociations avancent très bien, confirme Christine Brisson, mairesse de Baie-Comeau. Nous avons déjà l'approbation du provincial. Au début de 2013, nous serons prêts à déposer à Transports Canada l'étude de rentabilité et de viabilité. Ensuite, nous établirons le cahier de charge qui énumère précisément les investissements que nécessitent les travaux que nous souhaitons faire. Le cahier doit être prêt l'an prochain. Nous sommes dans un processus très accéléré.»

La Corporation de gestion du port de Baie-Comeau veille au franchissement de ces étapes. Créée en octobre 2012, elle est composée du directeur général de la Ville, d'un représentant du centre local de développement (CLD), de Marc Lefebvre, président de CITEC, organisme de recherche en développement durable, et de Marcel Furlong, évaluateur attitré.

La cession du port s'inscrit dans la stratégie régionale répondant au boom minier du Nord.

«En plus des mines arrivées à l'étape de l'exploitation, nous avons une pléthore de projets en exploration», indique Guy Simard, directeur du développement industriel chez Innovation et Développement Manicouagan, CLD régional. «Juste dans le graphite, il y a trois entreprises: Mason Graphite, Galaxy Graphite et Focus Metals. Nous devons être prêts à exporter les minerais issus de tous les projets miniers du Nord.»

Port minéralier

La première étape qui permettra à Baie-Comeau de devenir la porte de sortie privilégiée du minerai québécois est la transformation des quatre quais de Transports Canada. «Nous devons les adapter pour recevoir des porte-conteneurs, poursuit M. Simard. Les quais doivent être modifiés, ainsi que leurs abords.»

Mais on ne s'arrêtera pas là si la totalité du projet portuaire voit le jour. «Nous pensons à un port minéralier tout neuf, ajoute-t-il. Au sein du port actuel, le tirant d'eau est de neuf mètres. Notre projet prévoit un nouveau port de 26 mètres de profondeur à marée basse.»

Son emplacement serait sur la baie des Anglais. Il pourrait accueillir des navires de 300 000 tonnes et plus. Pour le réaliser, il faudra lui adjoindre une vaste cour de manutention de 225 hectares. Un projet de 225 millions de dollars, payé par les entreprises utilisatrices, dit M. Simard.

Parc industriel

Le CLD a aussi dans sa ligne de mire un tout nouveau parc pour industries lourdes. «Nous allons ajouter 500 hectares au parc Jean-Noël Tessier, annonce Guy Simard. Et nous disposons d'autres espaces pour le développement industriel, dont le plus petit fait 200 000 mètres carrés! Des entreprises intéressées à la transformation primaire du minerai se sont manifestées. La présence du port est évidemment un atout.»

Mais il n'y a pas que le minerai. La mairesse de Baie-Comeau songe aussi aux produits forestiers. «Nous voulons la relance d'Almassa Baie-Trinité. L'usine est actuellement fermée. Nous pensons qu'elle pourrait trouver un nouveau marché dans la transformation de la fibre en billettes. Au cours des prochaines semaines, je rencontrerai la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, pour lui présenter ce projet de relance.»

La mairesse et le CLD tiennent aussi mordicus au prolongement du pipeline gazier de Gaz Métropolitain jusque dans leur cour. En ce sens, Baie-Comeau, Port-Cartier et Sept-Îles annonceront la formation d'une coalition plus tard cette semaine.

Relance du programme de technologie forestière

Le Cégep de Baie-Comeau relance son programme de technologie forestière et s'adapte à la reprise nordique.

«Bien que nous n'ayons pas accueilli d'élèves au cours des quatre dernières années, la reprise imminente de l'industrie forestière nous encourage, confirme Michel Landry, directeur général par intérim de l'institution. Ainsi, nous mettons actuellement en place un important plan de recrutement qui vise à recevoir des élèves dès l'automne 2013. Nous avons la ferme intention de redémarrer ce programme, même si peu d'élèves s'y inscrivent en première année. Il y aura pénurie d'emplois avant longtemps, et nous devons agir en partenariat avec les acteurs de ce secteur de l'activité économique.»