Certains perdent en popularité ou disparaissent carrément. D'autres jouissent d'une faveur constante et ont même rendez-vous avec la croissance. Les salons et les expositions de la région de Montréal sont en pleine mutation. Pendant que la Place Bonaventure joue les incubateurs à la recherche des événements publics de demain, le Palais des congrès veut miser davantage sur les événements commerciaux réservés à une minorité.

Les statistiques sur les salons, les expositions et les foires commerciales existent, mais elles sont entre les mains des organisateurs, des diffuseurs et des autres intervenants du secteur. Difficile de connaître le nombre exact d'événements ou de visiteurs.

Impossible, par conséquent, d'en chiffrer les retombées économiques.

Toutefois, à eux seuls, la Place Bonaventure et le Palais des congrès, les plus grands centres de diffusion à Montréal avec un total d'un million de pieds carrés, organisent respectivement 50 et 45 événements par année. Du lot, 50% sont destinés au grand public (comme le Salon du livre ou le Salon de l'auto) et 50% s'adressent à des groupes ciblés ou liés à des entreprises. Ensemble, les deux établissements attirent près de 1,5 million de visiteurs et génèrent des retombées qui frisent les 100 millions.

En ajoutant le Stade olympique, autre lieu important dans l'île, de même que la flopée d'hôtels, de salles et de centres communautaires, il s'organise dans la région montréalaise des centaines d'événements de différentes tailles.

Nouvelles venues

«Les foires ne sont plus ce qu'elles étaient, note Richard Hylands, président de la corporation immobilière Kevric, copropriétaire de la Place Bonaventure. La venue de l'internet a fait chuter la popularité de certains événements comme le Salon du cadeau. D'une année à l'autre, la météo ou la conjoncture économique, par exemple, peuvent faire une grande différence dans la réussite d'un salon.»

La Place Bonaventure s'est donc donné pour mission de jouer les incubateurs, c'est-à-dire d'accueillir (et, parfois, d'aider) de nouveaux événements qui promettent. Ce fut le cas avec le COMICCON, un salon consacré aux bandes dessinées, notamment aux superhéros. «Mais on se l'est fait piquer par le Palais des congrès. Il me semble qu'on devrait travailler dans la même direction plutôt que se battre l'un contre l'autre», déplore Richard Hylands.

Au Palais des congrès, on veut évidemment continuer à accueillir des salons ouverts au public. À preuve, l'endroit organise depuis trois ans le Marché Casse-Noisette, où 75 exposants de produits haut de gamme attirent 16 000 visiteurs.

«Ce que nous voulons avant tout, c'est d'attirer les grands salons commerciaux ou le B2B (business to business), soutient Marc Tremblay, PDG du Palais des congrès, propriété du gouvernement du Québec. Cela a un double impact économique, à la fois sur le tourisme et l'hôtellerie, mais aussi directement sur le secteur concerné. Comme Montréal est reconnue dans le biomédical et les sciences de la vie, les technologies de l'information, de même que l'aérospatiale, je crois qu'il y a beaucoup de potentiel.»

Marc Desmarais, qui se présente comme un architecte d'événements, oeuvre dans le secteur depuis 20 ans. Il mise, pour l'heure, dans l'organisation de salons nichés. «La fragmentation des marchés est forte. En 2012, je n'investirais pas dans la création d'un gros salon généraliste», affirme-t-il. Il organise entre autres, du 7 au 10 mars prochain à Laval, le tout premier Salon de l'aménagement extérieur.

Salons en santé

Peu importe qui a tort ou qui a raison, les plus importants et les plus anciens salons organisés à Montréal se portent bien. La Salon de l'auto, le Salon emploi formation et le Salon des métiers d'art en sont trois exemples probants.

Tenu pour la première fois il y a 45 ans, le Salon international de l'auto de Montréal attire bon an, mal an près de 200 000 visiteurs et quelque 80 exposants. Ce qui en fait, affirme sa directrice générale Claudine Vachon, l'un des plus importants salons de la métropole québécoise en matière d'affluence et de superficie occupée. Pourtant, le prix d'entrée est de 16$.

Au contraire, l'accès au Salon des métiers d'art est gratuit. Cet événement organisé depuis 57 ans arrive encore à se renouveler, dit François Beauvais, directeur général du Conseil des métiers d'art du Québec. «Pour plusieurs gens, nous sommes un must. Pour d'autres qui ne nous connaissent pas, nous sommes un endroit où il se vend du macramé. C'est tout à fait le contraire. Nous avons plusieurs produits très design. Certains de nos artisans sont connus partout dans le monde», soutient-il.

Le Salon des métiers d'art attire entre 180 000 et 200 000 visiteurs, de même que 400 exposants qui se partagent 50 000 pieds carrés à la Place Bonaventure. En 17 jours (en fait, durant les trois premières semaines de décembre), les ventes réalisées par les exposants oscillent entre 16 et 20 millions, ce qui est très bien, croit François Beauvais. Il souligne par ailleurs que le salon ne reçoit ni aide financière ni subvention.

De son côté, le Salon emploi formation, organisé deux fois par année depuis presque 20 ans, tire lui aussi son épingle du jeu avec un achalandage d'environ 20 000 personnes. En temps de récession, les chômeurs courent le salon; lorsqu'il y a pénurie de main-d'oeuvre, ce sont les exposants qui se bousculent au portillon.

«On a toujours connu une croissance, sauf peut-être en septembre dernier, où le nombre de nos exposants a été plus bas qu'à l'habitude, explique Christian Veillette, directeur chez Expoz Inc, organisateur de l'événement. Mais pour notre édition de mars 2013, nous avons déjà un nombre impressionnant d'inscriptions. Il se pourrait même qu'on batte notre record de 180 exposants.»